Dans un contexte économique et sociétal particulièrement difficile, les acteurs de la protection des cultures traversent une période de remise en cause profonde, et n’ont d’autre choix que d’innover sans relâche.
Les innovations en matière de pulvérisation sont rarement superflues car les enjeux, nombreux, sont d’ordre environnemental, économique et humain. Si elles n’ont pas encore suffisamment de latitude pour éviter toute mauvaise manipulation ou tout problème d’application en conditions défavorables, la sécurité et le confort qu’elles apportent permettent de minimiser les risques d’erreurs tout en progressant en débit de chantier ainsi qu’en efficacité et en précision d’application. Parmi celles qui répondent à ces enjeux, citons la coupure des tronçons automatique, la modulation de dose intraparcellaire, la gestion de la hauteur de rampe et de la géométrie variable, la sélection des buses automatiques et les buses à pulsation ou encore l’automatisation du rinçage… Ce sont autant de systèmes qui se démocratisent grâce à l’adoption de capteurs et qui permettront, demain, de vulgariser la pulvérisation localisée.
Force est de constater que les pulvérisateurs, notamment s’ils sont motorisés, sont de plus en plus performants, sophistiqués et que leur conception en série permet de progresser en fiabilité. En faisant appel à une technologie qui se standardise, ces appareils se sont adaptés à un usage entrepreneurial et à une utilisation routière. Ils permettent ainsi d’aborder la voie publique plus sereinement à une vitesse homologuée de 40 km/h. La plupart disposent de roues indépendantes suspendues, d’une motorisation avec régulation de puissance économique empruntée aux tracteurs, tout comme la cabine de classe 4, qui protège l’utilisateur de l’environnement extérieur, que la rampe soit située à l’avant ou à l’arrière.
Concernant ce point, la position avant est une demande bien française, restée ancrée dans les habitudes, même si elle ne fait pas l’unanimité malgré l’usage de cabines bien étanches. Si Artec dispose de modèles à rampe arrière, il représente à lui seul près d’un tiers des ventes d’automoteurs en 2018 dans l’Hexagone grâce à son F40 à rampe avant, et continue de tirer son épingle du jeu face à des appareils dont la position de la rampe à l’arrière permet de positionner la cabine à l’autre extrémité. Les automoteurs actuels embarquent désormais jusqu’à 8 000 litres de capacité, même si la tendance se situe entre 4 000 à 5 000 litres en France.
Plébiscités outre-Manche, les appareils légers s’avèrent plutôt marginaux sur le marché français et sont boudés par les ETA en quête d’autonomie et de débit de chantier. Seuls Artec, Caffini et Payen Import, distri- buteur de McConnel, proposent des modèles inférieurs dont la capacité reste inférieure à 3 000 litres et de moins de 6 tonnes à vide.
Dans ce tour d’horizon des automoteurs du marché, treize constructeurs de pulvérisateurs cohabitent et pas moins de 65 modèles sont proposés. Victimes dela conjoncture, Caruelle et Seguip, marques d’Exel Industries, ne figurent plus dans ce tableau, le groupe champenois ayant décidé, cet été, d’arrêter leur production.
Auteur: Mathieu Bonnaventure