Une étude présentée par le CIV récapitule les influences sur le climat de l’élevage de ruminants et de la production de viande ovine et bovine.
Pour tenter de couper court à toute polémique sur les émissions des gaz à effet de serre (GES) des filières animales, le centre d’information sur les viandes (CIV) tente une opération « vérité ». Dans une étude élaborée avec l’Inra, l’Idele et le Cetipa, Thomas Turini, les émissions de GES sont évaluées selon deux approches. Celle du Giec (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) repose sur un inventaire des GES émis directement sur le territoire par l’ensemble des acteurs et répartis par activités. La seconde, utilisée par la FAO, comptabilise l’ensemble des émissions directes et indirectes, et ce, en considérant toutes les étapes de son cycle de vie.
En France, les émissions de gaz effet de serre de l’élevage équivalent à 10 % de la production nationale. Sur les 477 millions de tonnes de eqCO2 (équivalent gaz carbonique, lire plus bas) projetées dans l’atmosphère, l’agriculture en émet 19 %, soit 89 millions de tonnes. Et l’élevage est responsable de 46 % des émissions d’origine agricole (source Cetipa 2005).
Mais en comptabilisant les émissions des sols pâturés, les utilisations d’énergies, les fermentations entériques et les déjections dans les bâtiments, « la contribution de la filière bovine avoisine 60 % des GES agricoles (soit environ 10 % des GES nationaux) », souligne le CIV.
Proportionnellement, la part de l’agriculture ramenée aux émissions totales est, en France, deux fois plus élevée que celle observée à l’échelle européenne, où l’agriculture ne représente que 10 % de l’ensemble des gaz diffusés. Mais la production nationale d’électricité, d’origine nucléaire, n’est pas émettrice de GES alors que dans les autres pays européens l’électricité distribuée est issue de la combustion de charbon, de gaz ou de pétrole qui produisent massivement du CO2. Aussi, la contribution de l’agriculture française dans les émissions de GES est, comparée aux autres pays, proportionnellement plus élevée puisque les volumes de ces gaz émis sont en France plus faibles.
En Europe, l’élevage contribue à la moitié des émissions agricoles, soit 5 % des émissions totales (dernière année de référence connue 2012, source Agence euroépenne de l’environnement 2015).
Mais en termes de productions de viande, de l’amont à l’aval des filières animales, les émissions de GES représentent entre 14 et 19 % des émissions européennes et celles liées à la viande bovine proprement dites, entre 28 et 29 % soit, au niveau européen, 4 à 6 %. Selon la FAO, l’Union européenne serait ainsi la plus efficace en termes d’intensité d’émissions de GES au kilo de viande produit, souligne le CIV
Au niveau mondial, l’élevage participe à hauteur de 66 % des émissions globales de GES associés à l’agriculture qui contribue elle-même à 11% des émissions anthropiques de la planète (liées à l’activité humaine). Au final, l’élevage mondial représente 7 % de la production de gaz (fermentation entérique et gestion des déjections au bâtiment et au stockage).
De l’amont à l’aval des filières animales, l’ensemble des émissions de GES portent, au niveau mondial, et selon la FAO, sur 14,5%. Mais la production de viande bovine proprement dite, et accéssoirement ovine, ne dégage que 41 % des émissions totales des filières animales (année de référence:2005), ou encore 6 % des émissions anthropiques de la planète.
La production de viande bovine émet ainsi 2,5 fois moins de gaz que les activités de transport (14 %).
Une augmentation de 0,4 % des stocks de carbone organique des sols de la planète suffirait pour neutraliser les émissions de gaz à effet de serre générées par les activités humaines. Ce qui n’exclut pas cependant d’en réduire par ailleurs la production.
Selon une étude de l’institut de l’élevage, le stockage additionnel assuré par les prairies permanentes pâturées et les haies associées représente un accroissement annuel du stock de carbone organique de 80 t/ha de 0,8% par an.
Sur les prairies temporaires pâturées en rotation avec les cultures annuelles et intermédiaires, le stock de carbone organique permet un accroissement moyen annuel du stock de carbone organique de 40 t/ha de 0,27% par an. Ce taux prend en compte le déstockage en carbone organique généré par la conversion des prairies permanentes en terres cultivées.
Plusieurs GES participent aux changements climatiques : H2O, CO2, NO2, CH4, etc. L’élevage de ruminants émet principalement du méthane, subsidiairement du protoxyde d’azote et un peu de dioxyde de carbone. Tous ces gaz à effet de serre n’ont pas le même pouvoir réchauffant global (PRG), tous n’ont également pas la même durée de vie dans l’atmosphère.
La tonne équivalent CO2 (TéqCO2) est donc l’unité de mesure qui prend en compte l’ensemble des gaz à effet de serre, et non pas seulement le CO2. D’une manière générale, les données chiffrées en équivalent CO2 (noté eCO2 ou eqCO2) sont les plus utilisées pour quantifier les émissions de gaz à effet de serre