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Soizic Ozbolt transforme des fruits régionaux invendus ou déclassés. Ses friandises naturelles sont commercialisées depuis quelques mois sous la marque Fwee. Un snack délicieux et éco-responsable !
Manager en projet humanitaire au Proche et Moyen-Orient, et agronome de formation, Soizic Ozbolt découvre par hasard le cuir de fruit au Liban en 2014. Cette technique ancestrale permet de conserver les fruits : réduits en purée, ils sont étalés sur un drap, séchés au soleil puis découpés en languettes. « Notre génération a grandi avec des goûts artificiels assez forts et complexes. Le cuir de fruit est d’une simplicité confondante et finalement il plait à tout le monde », certifie la Lyonnaise de 31 ans.
Déjà impliquée dans l’association Disco Soupe à Lyon, Soizic Ozbolt est sensible au gaspillage alimentaire. Selon Interfel, entre 7 à 15 % des fruits produits par les arboriculteurs français ne sont pas commercialisés, ce qui représente 400 000 tonnes de fruits non conformes. Un chiffre tabou qui horripile notre interlocutrice : « Une amie acheteuse en agro-industrie achète des fruits ultra calibrés en Hongrie pour faire de la compote ! Il est fondamental de relocaliser et de valoriser les productions agricoles. En tant qu’agronome, j’ai toujours été fascinée par les symbioses, les économies circulaires où les déchets des uns deviennent les ressources des autres. Je me suis donc renseignée sur la manière dont on pouvait transformer ces volumes perdus. J’avais pensé aux fruits secs, mais c’est un peu passé de mode. La déshydratation était le mode opératoire le plus simple à mettre en œuvre. »
Ainsi naissent Maydine (la société) et ses Fwee (les produits) en juin 2015 à Chaneins dans l’Ain. Soizic Ozbolt a commencé par contacter au hasard quelques agriculteurs en basse saison l’an passé. L’accueil a été très positif : « Je ne travaille qu’avec des arboriculteurs bio ou en cultures raisonnées. Ce sont les plus réceptifs. Comme ils sont sortis du système dominant, ils cherchent à créer de nouvelles valeurs ajoutées. Nous avons discuté de leurs volumes classés en seconde catégorie, et des raisons qui expliquent leurs déchets. Aujourd’hui, je cherche des arboriculteurs bio ou en conversion, sachant que j’accepte les fruits dès la seconde année de conversion. »
Pour la première année de fonctionnement, les arboriculteurs ont fait don de leurs fruits, sauf pour les cerises achetées au coût de la main-d’œuvre. « Mon but est bien de payer les fruits dès que possible, ou au moins de rembourser les charges fixes correspondantes aux volumes. Mais comme l’enlèvement des déchets coûte en moyenne 250 euros la tonne, les arboriculteurs sont déjà gagnants », signale l’entrepreneuse. Pour l’instant, cinq producteurs de sa région se sont impliqués. Au coup par coup, Maydine peut aussi intervenir par solidarité : « Récemment, un éleveur s’est retrouvé avec trois tonnes de pommes à terre suite à un gros coup de vent. Je lui ai pris 500 kilos de fruits. »
La start-up est lancée grâce au soutien de l’incubateur Ronalpia et de la fondation Emergences. En 2016, une campagne de crowdfunding a permis de récolter plus de 13 000 € en 15 jours pour l’achat du déshydrateur professionnel (notamment grâce à un concours de la Banque Postale). En ce mois de mars, un récupérateur de chaleur et un panneau solaire doivent donner à la société la possibilité d’accéder à l’autonomie énergétique. Le processus de fabrication est simple : les fruits sont lavés, épluchés, et mixés à la main. La purée de fruits est ensuite étalée sur des plaques, enfournée huit heures dans le déshydrateur puis découpée en tagliatelles. Il faut compter 9 kilos de fruits pour 1 kg de Fwee.
Bilan de la première saison : 5,7 tonnes transformées (pommes, poires, abricots, pêches, prunes, fraises…) et écoulées sans problème. « A tel point que j’ai été obligée de fermer temporairement la boutique en ligne ! C’est la preuve qu’on touche à quelque chose d’important. Maintenant, il faut maîtriser la montée en puissance. » Soizic Olbolt table d’ailleurs sur 180 à 200 tonnes pour la prochaine saison. Pour cela, un mini atelier mobile sillonnerait toute la région, installé entre les bennes et les chaînes de tri. « En pleine saison, il faut agir vite. On peut récupérer 200 à 250 kilos par jour chez les gros arboriculteurs », estime-t-elle.
Les friandises s’achètent en sachets de 30 grammes pour 2,50 euros dans une boutique à Lyon (« le moulin à salade »). Il est également possible de commander en ligne et de soutenir l’initiative sur la plateforme Kisskissbankbank.
En savoir plus : http://www.fwee.fr (site internet de la start-up Maydine et achat en ligne des Fwee) ; http://www.kisskissbankbank.com/fwee-sait-quoi-faire-contre-le-gaspillage-alimentaire (la campagne de crowdfunding).
Ci-dessous, copie d’écran du site internet de Fwee.