La coupe d’Europe, n’est pas le Brexit. Quelle que soit l’issue du match ce jeudi, l’Allemagne et la France resteront, avec plus de 165 millions d’habitants la première puissance économique de l’Union européenne.
Ce jeudi soir, les deux équipes de football française et allemande disputeront le match le plus attendu des demi-finales de l’Euro 2016. Mais pourtant, avant la rencontre, la France et l’Allemagne sont déjà championnes d’Europe !
Avec un PIB de 5 900 milliards de dollars, les deux pays sont la première puissance économique de l’Union et la troisième au monde sur un territoire de 890 000 km2 environ. Les 165 millions de consommateurs allemands et français sont dotés d’un niveau de vie équivalent.
En matière agricole, les destins des deux pays membres de l’Union européenne sont liés par la Pac. Ils ne peuvent plus se passer l’un de l’autre. Joueurs de football professionnels ou pas, leurs concitoyens sont aussi bien nourris avec des produits « hergestellt in Deutchland » que « fabriqués en France » ou encore originaires d’autres pays européens sans oublier ceux importés de pays tiers.
L’Allemagne et la France sont à la fois opposées et complémentaires. Leurs productions agricoles et agroalimentaires représentent une force exportatrice de 117 milliards d’euros pour une production agricole de près de 118 milliards d’euros environ. Les deux pays équilibrent leur balance de commerce extérieur agricole et agroalimentaire.
Avec 82 millions d’habitants sur un territoire inférieur d’un tiers à celui de la France, l’Allemagne ne parviendrait pas à les nourrir sans importer une partie de leur alimentation. Ses échanges commerciaux agricoles et agroalimentaires affichent un déficit annuel de plus de 9 milliards d’euros. Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, la France et ses 65 millions d’habitants importent des quantités massives de produits carnés d’Allemagne alors que notre pays a le potentiel agricole et agroalimentaire pour être autosuffisant. Son excédent de 9 à 11 milliards d’euros, selon les années, masque les importantes faiblesses de son économie agricole et agroalimentaire.
Depuis la réunification de l’Allemagne, la nature de ses échanges commerciaux avec la France traduit l’évolution structurelle de l’économie des deux pays. A l’exception des boissons et des fromages, la France vend essentiellement des matières premières agricoles Outre-Rhin.
L’Allemagne est le leader des produits de première transformation, souvent à faible valeur ajoutée. Elle s’est imposée dans des secteurs où personne ne l’attendait il y a 20 ans comme la viande porcine et la volaille.
Footballeurs ou pas, les Français achètent davantage de lait Uht et de beurre allemand. Les importations d’Allemagne de produits carnés expliquent en partie pourquoi plus d’un poulet sur deux, consommés en France, n’est pas élevé dans nos fermes. Tandis que la France est de moins en moins le grenier à céréales de l’Union européenne. Résultat, elle affiche seulement le second solde extérieur positif avec l’Allemagne (derrière les Pays-Bas) et elle est son troisième client. Mais il n’en demeure pas moins que les filières d’élevage allemandes sont très dépendantes des importations de céréales et d’oléo-protéagineux (1 million de tonnes de colza est importé de France).
Mais la concurrence à laquelle se livrent la France et l’Allemagne n’est pas toujours équitable car les normes de production appliquées de part et d’autre du Rhin sont souvent distorsives.
En revanche, l’agriculture allemande est fortement capitalistique, à l’image de son économie en occupant un tiers d’actifs en moins. Elle est aussi énergivore. C’est en fait la production d’énergie renouvelable qui atténue le bilan carbone de l’agriculture allemande. Mais celle-ci atténue à peine la dépendance de l’économie allemande au charbon et au gaz, générant alors une production de CO2 annuelle par citoyen deux fois supérieure à celle de la France.
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