Des agriculteurs d’Ille-et-Vilaine racontent leur métier, leurs gestes de travail au travers 30 photos en noir et blanc. Leur exposition va sillonner une dizaine de lieux « hors cadre agricole » pendant l’année 2017.
Une maison de retraite, un festival de théâtre, une cave à bières… Autant de lieux incongrus que des agriculteurs d’Ille-et-Vilaine ont choisi pour exposer des photos montrant leur travail.
« Quitte à exposer leurs photos, les agriculteurs ont voulu le faire dans des endroits différents pour faire sortir l’agriculture de son cadre », explique Nadine Herbelin, qui coordonne les Ceta (centres d’études des techniques agricoles) d’Ille-et-Vilaine. En mars, une trentaine de photos sont exposées à Cesson-Sévigné, en banlieue rennaise, dans une cave à bières. Entre le flipper et les pubs de bière du monde entier, s’affichent des mains d’agriculteurs, des gestes du quotidien, des visages plus ou moins fatigués, des vies de labeur. Chaque photo est légendée par l’agriculteur, qui traduit ce que le geste lui impose, comment il pourrait se faciliter le travail.
« Même si, ici, nous sommes en milieu urbain, cette expo plait, apprécie Florent Sénard, le gérant de la Cave à Flo. Déjà parce que nos clients sont habitués à ce qu’on leur propose des expos toujours différentes, mais aussi parce que ça parle aux racines rurales que nous avons tous. » Les photos sont le prétexte pour parler de l’agriculture d’aujourd’hui. « En plein salon de l’agriculture (Ndlr : interview réalisée à ce moment-là), les gens entendent parler d’agriculture, des difficultés, reconnait le caviste. Voir ce que des agriculteurs font pour améliorer leurs conditions de travail, c’est intéressant. »
Car, avant l’expo et les photos, il y a eu tout un travail des agriculteurs sur leurs gestes et leurs postures de travail. « Dans un but d’amélioration continue, un groupe d’agriculteurs, dans différentes productions, ont décidé de travailler sur leurs gestes et sur leur organisation », retrace Nadine Herbelin. « Pour tenir dans le temps, il nous est indispensable d’avoir des conditions de travail, des postures durables et confortables », estiment ces éleveurs.
Ils se sont rendus les uns chez les autres pour s’observer au travail. Ils étaient accompagnés par Chrystèle Garnier, une photographe professionnelle habituée à travailler en milieu industriel. « A partir des photos, c’était plus simple de dire ce qui nous étonnait, en bien comme en moins bien », expliquent-ils. Après chaque visite, des idées d’amélioration ont été suggérées. « Avec deux ans de recul, nous avons progressé, apprécient les agriculteurs. Chacun à notre façon, en piquant des astuces les uns chez les autres, en écoutant les conseils avisés. »