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Aujourd’hui les règles environnementales sont souvent mal perçues par les agriculteurs. Ils les appellent d’ailleurs « contraintes ».
Et ce pour diverses raisons :
– Soit parce que l’application de ces règles engendre un travail administratif trop compliqué (notification lors d’échanges d’effluents, dessiner un arbre et son ombre sur une vue aérienne…).
– Soit parce que, via la multitude de dérogations nationales et régionales, une même règle à la base est appliquée trop différemment entre agriculteurs « voisins ». Ce qui crée donc de la distorsion de concurrence et certaines frustrations.
– Ou encore parce qu’elles arrivent trop tard. Lors d’une réforme Pac, on demande aux agriculteurs de s’adapter aux marchés, de se spécialiser. Ce à quoi ils s’opposent parfois mais rien n’y fait. Ensuite lors d’une réforme suivante on constate les dégâts et la Commission impose alors des règles environnementales pour retrouver en quelques sortes la situation d’hier. Mais les agriculteurs, eux, ont investi pour demain… A ce titre ce qui s’est passé aux Pays-Bas dans le secteur laitier est remarquable. Fin des quotas lait le 31/03/2015, augmentation immédiate de la production et le 01/10/2015 annonce de la mise en place de quota phosphore soit 6 mois après. Quelle réactivité !
Cette perception négative de ces règles entraine une mauvaise image du monde agricole alors que c’est l’effet inverse que l’on devrait escompter. Et last but not least lors de la création de ces règles à Bruxelles, les agriculteurs peuvent à peine participer aux discussions techniques car leur avis général est non !
La prochaine réforme de la Pac, ou demi réforme ce n’est pas encore déterminé, aura une portée environnementale et devra être acceptable aux yeux des citoyens. C’est comme ça. Soyez donc force de proposition, proposer des règles qui vous protègent des marchés, des règles qui correspondent à vos modèles de productions. Des règles pour des pratiques que vous appliquez ou que vous voudriez appliquer déjà aujourd’hui. Des règles pleines de Bon Sens Paysan tout simplement.
Un exemple. Demander que les vaches laitières puissent avoir un accès aux pâturages sur une surface minimum durant une période de l’année. Ça correspond au modèle agricole d’aujourd’hui, ça pénaliserait la production en hors sol mais ça maintiendrait la production sur l’ensemble du territoire. Car sur ce point, j’ai plus confiance dans une règle européenne que dans un accord avec l’industrie laitière. Ce règlement, si il avait été proposé dès l’annonce de la mise en œuvre de la fin des quotas, n’aurait fait aucun dommage. S’il est annoncé aujourd’hui pour être appliqué rapidement partout en Europe, il ferait grincer des dents mais serait acceptable. S’il est annoncé dans 5 ans pour l’appliquer dans 10 ans avec des disparités nationales alors c’est une catastrophe.
Soyez créatifs et proposez. C’est maintenant, en 2017 voire 2018, que la Commission vous écoute. Après, certes il y aura le temps des réactions. Mais dans le monde d’aujourd’hui, il est bien plus efficace de proposer que de réagir.
Xavier Bourgeois
AgriBrussels.com
Du même auteur : https://wikiagri.fr/articles/demain-quelle-production-laitiere-voulons-nous-/10074.
En savoir plus : https://wikiagri.fr/articles/consultation-sur-la-pac-de-lapres-2020-pourquoi-il-faut-participer/12438 (consultation européenne sur la Pac de l’après 2020).
L’illustration ci-dessous est issue du site Fotolia, lien direct : https://fr.fotolia.com/id/91962280.