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Insolite : et si le contact avec la terre, propre à de nombreux métiers de l’agriculture, était bon pour la santé ? Une étude dévoilée fin 2014 et récemment médiatisée par France Inter tend à le démontrer !
Pas moins d’un Français sur trois est atteint d’allergie et une fois sur deux, celle-ci est respiratoire. Pourtant, certaines professions devraient davantage y échapper : une étude menée par des chercheurs belges montre que, exposé très jeune à la poussière de ferme, l’être humain a peu de chances de développer de l’asthme et des allergies.
Si de plus en plus de personnes sont allergiques, ce serait en partie dû à l’aseptisation de société. La « théorie de l’hygiène » développée il y a 30 ans déjà, a toujours le vent en poupe. Nous avons tendance à tout nettoyer, trop : notre alimentation, nos habitations, notre corps. De moins en moins exposé aux bactéries, notre système immunitaire ne développe plus ses défenses.
Hamida Hammad et Bart Lambrecht, chercheurs à l’université de Gand, en Belgique, ont appliqué la théorie aux allergies respiratoires. L’équipe a mené une expérience qui consistait à faire respirer ou non à des souriceaux de la poussière de ferme prélevée en Allemagne et en Suisse. Le résultat est flagrant : adultes, les souris ayant été en contact avec la poussière ne développent ni asthme, ni allergies.
Chez les humains, le processus est exactement le même. « Chez les patients allergiques, en traitant les cellules du poumon avec de la poussière, on diminue les facteurs pro-allergisants, a expliqué la chercheuse, dans une émission radio de France Inter (lien source en fin de texte). Mais chez le bébé, la structure du poumon n’est pas terminée : les cellules souches ne sont pas encore différenciées en cellules structurelles. » Et c’est précisément là que l’environnement peut agir : sur le système immunitaire en développement. Ainsi, un enfant exposé régulièrement aux poussières de ferme avant l’âge de 2 ans aura beaucoup plus de chances de résister au développement d’une allergie aux acariens ou de l’asthme que celui qui n’y a pas été exposé. « Un groupe allemand avec qui nous collaborons a montré, en suivant 1800 enfants ayant grandit à la ferme, que ceux qui développent de l’asthme ont une déficience de la protéine A20. C’est cette protéine, produite par le corps humain au contact de la poussière, qui induit ou non une sensibilité », a ajouté la chercheuse.
Aujourd’hui peu d’enfants grandissent à la ferme ou ont la chance d’avoir une exploitation à proximité. Doit on contraindre les parents à amener leurs enfants à la ferme plusieurs fois par semaine? Cela paraît difficile ; on pourrait donc imaginer un vaccin aérosol injecté dans le poumon avant l’âge de 2 ans, qui agirait sur les cellules souches au cours de leur transformation. Mais cela pose la question de sa composition. « Aujourd’hui on pense que l’action sur la protéine A20 est en partie due à une bactérie. Mais la poussière de ferme est constituée de composés très complexes. Plusieurs années de recherche sont encore nécessaires pour trouver la substance active apportant la protection. »
Le vaccin à la poussière n’est donc pas à l’ordre du jour…
En savoir plus : http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=1148447 (l’émission de France Inter, « La tête au carré », source des déclarations reprises dans notre article).
Notre photo ci-dessous est issue du site Fotolia. Lien direct : https://fr.fotolia.com/id/68887528