Ancien architecte, Olivier Cleland (57 ans) est devenu agriculteur en reprenant avec sa femme les fermes de son beau-frère en 2010. L’exploitation agricole est répartie sur deux sites, en Seine Maritime (260 Ha) et en Seine et Marne (192 ha). Olivier emploie deux salariés et fait appel à des prestataires de travaux agricoles pour cultiver ses champs.
En Normandie, Olivier cultive du lin, des protéagineux et des céréales. En Ile de France, la rotation de ses cultures est pilotée par la plantation de betteraves.
L’agriculteur est candidat sur la liste « Reconquête » conduite par Marion Maréchal.
En se reconvertissant dans un métier qui donne du sens, Olivier s’est forgé une opinion sur la Politique agricole commune régulièrement réformée et sur le fonctionnement des institutions européennes au fil des crises agricoles.
Parallèlement, l’agriculteur s’est investi en politique en rejoignant le parti « Reconquête ». Il est régulièrement consulté par Nicolas Bay, député européen, sur tous les sujets qui relèvent de l’agriculture.
« La Pac, c’est un enfer administratif, affirme l’agriculteur. Les aides ont été divisées par deux en 10 ans. Les seuls gagnants de la dernière réforme de la Pac entrée en vigueur en 2023 sont les éleveurs de montagne, et c’est tant mieux. Mais en moyenne montagne, les agriculteurs ont perdu des aides ».
Pour Olivier, les aides Pac ne devraient plus être surfaciques mais en partie liées à la production pour que l’Union européenne reconquiert une partie de sa souveraineté perdue.
Pour motiver les agriculteurs de produire plus de céréales par exemple, des bonus pourraient être versés aux agriculteurs en fonction des rendements de leurs cultures.
Mais en zone montagneuse, les éleveurs toucheraient des aides complémentaires sur le modèle des Ichn.
« Reconquête prône le protectionnisme intelligent », avertit Olivier. Ce dernier n’est pas opposé aux échanges commerciaux intra-européens et avec les pays tiers mais « l’agriculture française et européenne doit être protégée des importations de produits cultivés dans des pays tiers qui ne respectent pas les normes sociales et environnementales imposées aux producteurs français et européen ».
En protégeant le marché européen et français, les agriculteurs pourraient mieux payer leurs salariés, défend l’agriculteur. L’agriculture serait plus attractive.
Aussi, le parti est opposé aux accords de libre-échange tel que le Ceta ou du Mercosur.
Aux portes de l’Union européenne, le protectionnisme promu par Reconquête impose une régulation des échanges commerciaux avec l’Ukraine. « Il ne s’agit pas de ne pas aider le pays mais là encore, de protéger le marché européen des importations à vil prix en les taxant lorsque les produits ne transitent pas seulement sur le marché européen avant d’être expédiés vers les pays tiers ».
Sur le marché français, la restauration collective doit privilégier les produits français voire européens.
Marion Maréchal et Olivier Cléland
Ecophyto 2030 : « Je ne suis plus capable de faire de la qualité car je n’ai plus les produits nécessaires pour protéger les cultures, explique Olivier. Je ne peux plus produire des blés riches en protéines et certaines de mes céréales ont infectées de mycotoxines ».
« L’agriculture biologique ne tient pas non plus ses promesses en termes de qualité », soutient l’agriculteur normand.
Membre de la FNSEA, Olivier reprend à son compte l’adage « Pas d’interdiction sans solution ». Aussi, il attend avec impatience de voir ce que peuvent apporter NBT pour sélectionner de nouvelles espèces végétales résistantes aux maladies ou au stress hydrique par exemple. Mais là encore, Olivier attend des réponses concrètes. Il ne se contentera pas de promesses. « La rentabilité des exploitations ne repose pas sur des promesses », soutient-il.
Pour Olivier et Reconquête, avoir banni les néonichotonoïdes est ridicule.
En fait, pour que les politiques agricoles et de l’environnement soient cohérentes, Reconquête estime qu’il faut les regrouper en un seul ministère en France et en une seule Commission à Bruxelles.
Le green deal est un non –sens pour Reconquête. Il vise à réduire de 15 % la production agricole européenne alors que la demande de commodités agricoles croît chaque année sous la pression démographique.
Pour le parti d’Olivier, la France et l’Union européenne doit au contraire produire plus. « Les vingt-sept pays membres ont un rôle à jouer au niveau mondial pour garantir la sécurité alimentaire », soutient l’agriculteur normand.
Pour reconquête, les objectifs du Green deal sont quelque peu démesurés et n’auront aucun impact sur le climat. « La Commission européenne impose la neutralité carbone à l’agriculture et à l’économie européenne d’ici 2050, explique Olivier Cléland. Or les émissions européennes équivalent à 1 % des émissions observée à l’échelle de la planète !».