pousses plantes uipp

Ecophyto 2, la compétitivité en agriculture doit rester une priorité

Plan Ecophyto II, la compétitivité d’une agriculture durable, innovante et performante doit rester une priorité.

L’agriculture a un rôle crucial : elle nourrit les gens, en France et ailleurs. Elle occupe donc une place majeure dans notre société. Demain, elle devra répondre au double défi de nourrir une population mondiale bien plus nombreuse, tout en respectant et préservant nos ressources naturelles.  

Acteurs à part entière de la filière agricole, les adhérents de l’Union des Industries de la Protection des Plantes (UIPP) aident les agriculteurs à produire en quantité suffisante et en qualité, en leur proposant des solutions utiles et toujours plus innovantes pour soigner et protéger les cultures contre les agressions extérieures.

Préserver la compétitivité de la ferme France en soutenant une agriculture durable, innovante et performante doit rester une priorité. C’est dans cette dynamique que devrait s’inscrire toute action politique agricole et alimentaire. Aussi nous regrettons que le nouveau plan Ecophyto n’aille pas dans ce sens : il vise à réduire l’utilisation des produits phytos sans en considérer les conséquences, avec des propositions incohérentes et peu réalistes.

Distorsions de concurrence

En effet, la mise en place des Certificats d’économie de produits phytosanitaires (CEPP), dispositif franco français punitif, accentuera encore plus les distorsions de concurrence déjà existantes et nuira à la compétitivité des exploitations agricoles françaises par rapport à celles de nos voisins européens. En allant au-delà de la réglementation européenne, cette disposition est totalement contradictoire avec le moratoire sur les normes environnementales annoncé par le Premier ministre il y a quelques semaines.

De plus, mesurer l’efficacité du plan Ecophyto II en se fondant uniquement sur des objectifs de réduction quantitative est une erreur grave. C’est oublier que l’utilisation des produits phytos est fortement tributaire des conditions climatiques, de la pression parasitaire et de nombreux autres paramètres dépendant aussi du changement climatique. Ecophyto II doit donc se doter d’indicateurs qualitatifs plus ambitieux, ancrés dans la réalité terrain, qui établissent un vrai bilan prenant en compte la réduction des impacts environnementaux et sanitaires des produits et qui mesurent concrètement les démarches de progrès de tous les acteurs.

Car aujourd’hui, le plan occulte les avancées menées sur le terrain par les acteurs de la filière agricole ces dernières années et stigmatise l’utilisation professionnelle des produits phytos : la réduction des intrants par 76 % des agriculteurs (selon un sondage Bva réalisé par téléphone du 18 décembre 2014 au 7 janvier 2015 auprès de 655 agriculteurs), la formation de 92 % des agriculteurs aux bonnes pratiques, la lutte contre la contrefaçon ou encore la mise en place d’une filière de gestion des déchets ne prouvent-ils pas l’évolution des pratiques et la mobilisation de toute une filière ? En outre, miser sur des solutions alternatives qui n’existent pas encore est un pari sur l’avenir qui pourrait mettre sérieusement en péril notre autosuffisance alimentaire.

Prendre en compte le temps agricole

Pour autant, les débats autour du plan Ecophyto posent une question centrale partagée par tous : comment gérer et continuer à accompagner la transition de la filière vers des moyens de production agricoles pérennes et durables combinant quantité, qualité, et prix alimentaires abordables pour le consommateur ?

Pour ce faire, il faut prendre en compte le temps agricole, plus long que le temps politique, en considérant impérativement la diversité et la complémentarité de toutes les solutions de protection des cultures. Car la diversité des produits permet de répondre de manière adaptée aux besoins et aux enjeux des filières. C’est pourquoi les entreprises adhérentes à l’UIPP développent et fournissent plus de 40 % des produits utilisables en agriculture biologique, tout comme plus de 50 % des produits de biocontrôle. Plus l’agriculteur dispose de choix techniques variés, plus il est en mesure de produire de manière responsable, durable, en adéquation avec les besoin de la société.

Relever le défi alimentaire

Ensuite, le nouveau plan Ecophyto doit s’inscrire dans une démarche collective public-privée en matière de R&D (recherche et développement). Les entreprises du secteur, représentées par l’UIPP, doivent être considérées comme des partenaires, elles apportent des solutions et ne sont en aucun cas un frein à une agriculture durable. Nous n’avons pas attendu la mise en œuvre d’Ecophyto pour nous adapter aux mutations sociétales et environnementales. A ce titre, les entreprises de la protection des plantes jouent un rôle central dans l’innovation des produits phyto et accompagnent les agriculteurs dans les démarches de bonnes pratiques. La recherche de nouvelles substances toujours plus sûres et respectueuses de l’environnement est un des axes prioritaires de notre action.

La préservation du potentiel agricole français doit être une priorité de la politique publique. Pour relever le défi alimentaire nous devons nous appuyer sur des systèmes agricoles respectueux de la santé de l’homme, des ressources naturelles et de la biodiversité, mais également suffisamment productifs et compétitifs pour être pérennes. Le plan Ecophyto doit s’inscrire dans cette logique, en intégrant pleinement toutes les parties prenantes.

 

En savoir plus : http://www.uipp.org (site internet de l’UIPP) ; http://www.uipp.org/Actualites/Eugenia-POMMARET-succede-a-Jean-Charles-BOCQUET-a-la-direction-de-l-Union-des-Industries-de-la-Protection-des-Plantes (portrait de Eugénia Pommaret publié sur le site de l’UIPP lorsqu’elle en est devenue la directrice, en novembre 2013) ; http://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/151022_ecophyto.pdf (le plan Ecophyto II en détails).

Article Précédent
Article Suivant