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Ecomiam vend des surgelés made in France

Ecomiam est une chaine de magasins qui vendent des produits surgelés d’origine France en réduisant les intermédiaires. L’ambition de Daniel Sauvaget, son fondateur, est de rendre accessible la qualité tout en rémunérant correctement les filières de production. Présentation d’une initiative qui rebat les cartes des relations producteurs/distributeurs/consommateurs.

Dans un contexte où l’actualité évoque le partage de la valeur ajoutée, certaines initiatives méritent le détour. Si, il existe des consommateurs qui font le choix de la qualité et de l’avenir des filières agricoles. Certains continueront à ne voir que par les prix bas et autres promos. Mais d’autres feront le choix de l’origine et d’un juste prix. Certains le font déjà.

L’an dernier, Ecomiam, une chaine de magasins en Bretagne et Loire-Atlantique, a interrogé 1 900 de ses clients sur les valeurs qui leur avaient fait choisir cette enseigne. 23,4% ont répondu « pour la juste rémunération des producteurs » et 41,9% pour « l’origine France ». C’est sur ces valeurs que Daniel Sauvaget a lancé, en 2009, son réseau de vente de produits surgelés 100% origine France. « J’ai dirigé un abattoir de poulets destinés à l’export, retrace le fondateur d’Ecomiam. Produire en Bretagne pour exporter grâce aux subventions européennes, ce modèle m’a semblé fini économiquement et en décalage par rapport aux attentes des consommateurs. J’ai réfléchi à un mode de distribution pour valoriser notre production localement et à moindre coût, dans le domaine des surgelés que je connaissais ». L’entrepreneur fait le pari de ne proposer que des produits surgelés basiques, pas de plat cuisiné, ni de saveur exotique, vendus dans des magasins épurés. Pour ne pas rogner sur le prix payé aux producteurs et rendre la qualité accessible, Daniel Sauvaget fait la chasse au superflu. « La pub, le packaging, tout ça fait perdre aux consommateurs la valeur d’usage de ce qu’ils achètent », estime Daniel Sauvaget. Dans ses 16 magasins en Bretagne et en Loire Atlantique, Ecomiam vend 250 références, sur lesquelles sont clairement affichés le prix d’achat, sa marge, les taxes et le prix de vente.

Transparence sur les prix

Par cette transparence, Daniel Sauvaget espère un juste retour aux producteurs. «Par notre affichage de la composition du prix, les producteurs connaissent le prix auquel j’ai acheté leurs produits. Charge à eux de récupérer leur dû auprès de leur groupement, de leur transformateur ». Il veille à une politique des prix à l’année, sans fluctuation, ni « pressurage ». « Je passe des marchés à l’année, avec un prix connu, sans ristournes ou autres obligations commerciales, explique-t-il. Quand le cours du porc chute, je ne demande pas de promo. »

Ces étiquettes en toute transparence ont aussi une vertu pédagogique pour les consommateurs, celle d’expliquer comment se compose un prix. « Les pratiques de la grande distribution ont dévoyé les prix qui n’ont plus rien à voir avec la valeur réelle des produits. Si les consommateurs veulent des produits français, il vaut mieux rémunérer correctement les producteurs que d’enrichir la distribution. » Dans cette optique pourquoi ne pas travailler sans intermédiaires ? « Comme nous ne vendons que du surgelé et sur 16 magasins, c’est impossible, en terme de logistique, pour un agriculteur de nous fournir directement, reconnait Daniel Sauvaget. Je privilégie les filières les plus courtes possibles ». Quitte à encourager des filières naissantes comme celle de « L’atelier de l’épicerie », qui transforme des légumes bio en soupes, juliennes… « La surgélation permet à ces producteurs bretons de valoriser toute leur production, même en période d’excédents. Nous avons fixé ensemble les prix d’achat et de vente pour que les producteurs en vivent et que les produits soient accessibles au plus grand nombre de consommateurs. »

Avec un chiffre d’affaires de 10 millions en 2017, le réseau d’Ecomiam se développe. Un 17e magasin ouvrira à Rennes en septembre. S’il aimerait étendre ce réseau vers l’Est, Daniel Sauvaget, garde sa gamme restreinte, « pour rester sur l’essentiel, des produits de qualité, français, dont le prix respecte le producteur et le consommateur ».

Ce n’est pas demain qu’Ecomiam fera frissonner Picard, ses 800 magasins et autres Thiriet mais cette initiative prouve que vendre et consommer autrement est possible.


Ci-dessous, copie d’écran d’une partie du site http://www.ecomiam.com.

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