La production d’énergie renouvelable est appelée à devenir une filière agricole à part entière. Selon l’Ademe, elle représenterait jusqu’à 29 % de la production totale d’énergie renouvelable française.
15,8 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtép) en 2050, ce serait la production d’énergie renouvelable d’origine agricole estimée par l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) dans une étude intitulée « Agriculture et énergies renouvelables, contributions et opportunités pour les exploitations agricoles », elle a été présentée et commentée le 12 juin 2018 lors d’une conférence organisée communément par l’Apca (Chambres d’agriculture) et l’Ademe.
L’origine de l’énergie produite serait éolienne, solaire ou encore issue de biomasses et géothermique.
L’estimation de 15,8 Mtép repose sur l’évolution tendancielle de la production d’énergie renouvelable observée depuis quelques années par l’Ademe dans le secteur agricole. L’agriculture produirait alors trois fois plus d’énergie qu’elle en consommerait.
A ce jour, le bilan énergétique de l’agriculture est neutre selon l’Ademe. Grâce à la prédominance des biocarburants issus notamment de la trituration des graine de colza, l’énergie renouvelable produite équivaut à 4,5 Mtép, soit autant que la consommation sous forme d’hydrocarbures fossiles et de produits dérivés (engrais azotés par exemple).
Dans son étude, l’Ademe décrit trois scénarios (dénommés bas, médian et haut) d’évolution de la production d’énergie renouvelable par le secteur agricole. Ils sont liés à la croissance de ce secteur au niveau national.
Une production agricole de 15,8 Mtep d’ici 2050 correspondrait à l’objectif du scénario « médian ». L’agriculture produirait alors 23 % de la production totale d’énergie renouvelable en France qui représenterait elle-même 30 % de la consommation totale d’énergie.
Le scénario « haut » porterait la contribution du secteur agricole à 29 % pour une production d’énergie renouvelable de 69,7 Mtép au niveau national en 2050. Alors que le scénario « bas » réduirait à 18% la contribution de l’agriculture à l’essor de la production d’énergie renouvelable qui n’excèderait pas alors 23 Mtép.
Dans tous les cas de figure, l’essor au niveau national des filières de production d’énergies renouvelables repose sur une forte contribution des agriculteurs pour se doter des équipements requis (panneaux solaires sur les toits, pompes à chaleur, éoliennes etc) sans lesquels la France ne pourrait pas atteindre ses engagements pris dans le cadre de la COP 21 en 2015.
D’ici 2050, l’origine éolienne de la production d’énergie et d’électricité supplanterait les autres sources de production (6,4 Mtep sur les 15,8 Mtép). Cet essor suppose la levée des réticences de la population à l’égard de la construction d’éoliennes.
En revanche, le contexte sera très favorable au photovoltaïque car les agriculteurs seront libres pour équiper ou pas les toits de leurs bâtiments de panneaux photovoltaïques.
Sur les 280 000 exploitations qui s’engageraient d’ici 2050 dans la production d’énergie renouvelable, plus des quatre cinquièmes pourraient s’être engagées dans cette voie mais l’électricité produite n’excèderait pas 10 % à la production d’énergie renouvelable d’origine agricole.
Mais surtout le mix énergétique serait considérablement modifié par rapport à sa composition actuelle. La part des biocarburants de première génération régresserait en raison de la pression foncière qu’exerce la culture des plantes dédiées à cette activité sur la production agricole réservée à la consommation humaine. Aussi les biocarburants ne représenteraient plus que 10 % de la production d’énergie renouvelable d’origine agricole à l’horizon de 2050 contre près de la moitié actuellement (2,2 Mtép sur 4,5).
En fait les biocarburants de seconde génération (issus de Miscantus ou de taillis à courte rotation par exemple par exemple) se substitueraient en grande partie à ceux de la première génération, issus de plantes cultivées.
D’ici 2050, l’essor de biogaz représenterait 25 % » de la production d’énergie renouvelable totale issue de l’agriculture. La méthanisation constituerait une source de revenu sécurisée qui rendrait les exploitations plus résilientes face aux marchés agricoles auprès desquels ils vendent leurs récoltes ou leurs animaux.
Sinon, les agriculteurs pourront compter sur le solaire thermique (chauffage d’un fluide) et la géothermie pour produire sur leur siège d’exploitation de l’énergie renouvelable.
Ceux qui sont déjà lancés dans cette voie économisent plusieurs milliers d’euros de charges d’électricité ou de gaz et dégagent directement ou indirectement jusqu’à 15 000 € supplémentaires de revenus, selon l’Ademe.
En savoir plus : https://www.ademe.fr/agriculture-energies-renouvelables ; https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/agriculture-enr-contributions-opportunites-2018-synthese.pdf ; https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/201806agriculture-enr-contributions-opportunites-2018-rapport_final.pdf.