De plus en plus modulables et précises, les bineuses évoluent vers une fonctionnalité en adéquation avec les exigences des ETA. Face à la réduction del’utilisation des produits phytosanitaires, cet outil se révèle comme une vraie opportunité de développement d’activité.
Via un système de repliage hydraulique, Carré propose des bineuses adaptables en 4, 6 et 8 rangs.
Il y a cinq ans, il était rare d’apercevoir une bineuse dans la cour d’une ETA. Les outils de désherbage mécanique étaient alors peu adaptés au fonctionnement des entrepreneurs. Le débit de chantier trop faible ou encore l’impossibilité de s’adapter à la largeur de semis des clients représentaient deux freins a développement des prestations de désherbage mécanique. Les utilisateurs de ces outils étaient essentiellement des agriculteurs bio ayant investi en propre.
Mais depuis l’entame des années 2020, la tendance s’inverse. D’une part par l’augmentation des surfaces en agriculture biologique, mais aussi par l’appétence toujours plus grande des agriculteurs conventionnels pour le désherbage mécanique. Ces derniers, par soucis de répondre aux attentes sociétales, ou face aux interdictions toujours plus nombreuses de matières actives, recherchent des alternatives aux traitements phytos. Résultat, les surfaces à biner ou étriller se multiplient dans les campagnes. Pour répondre à cette demande les entreprises s’équipent. « Nous avons aussi bien des clients bio que conventionnels. Cette année certains ont testé le binage de manière opportuniste car nous nous étions équipés pendant l’hiver » analyse Maxime Thuriaud, l’un des dirigeants de la SARL Thuriaud à Nivillac dans le Morbihan. Avec ses associés, ils ont investi cet hiver dans une bineuse Econet de la marque Carré. « Les conditions météorologiques n’étaient vraiment pas idéales pour une première saison, mais nous avons quand même réalisé 180 ha » précise-t-il.
Maxime Thuriaud (à droite) et Emilien Morice, l’un de ses associés.
Des bineuses de plus en plus adaptables
Si le choix de la SARL Thuriaud s’est porté sur ce modèle, c’est pour son adaptabilité. La bineuse travaille en 6 rangs, mais peut également être repliée pour s’adapter à une parcelle semée en 4 rangs. « Nous avons un semoir en 6 rangs, mais nous ne semons pas assez de maïs pour occuper complétement une bineuse. C’est pourquoi il était important de s’adapter aux clients qui sèment en 4 rangs » témoigne Maxime Thuriaud. La bineuse travaille également sur tournesol et betterave. La seule limite de compatibilité concerne l’écartement. L’ETA Thuriaud a fait le choix de ne travailler qu’en 75cm. « Nous pourrions biner en 50 cm, mais cela demanderait trop de manutention en amont pour replacer les éléments de la bineuse » justifie le ligérien.
La bineuse de la SARL Thuriaud lors de sa livraison.
Si l’outil de la SARL Thuriaud s’arrête à 6 rangs, la gamme Carré propose une polyvalence de 4, 6 ou 8 rangs sur la même bineuse. D’autres marques ont également fait le choix de l’adaptabilité du nombre de rangs de travail. C’est le cas de la bineuse Phoenix présentée dans le dernier numéro d’ETA Mag (N°25) qui peut se régler en 6 ou 8 rangs.
A l’avenir, le binage des céréales pourrait être de plus en plus fréquent.
Dans certains cas, avec des outils de guidage de haut précision, il est possible de biner tout autant des cultures de printemps que des cultures d’automne avec des interangs moins larges. Pour les entrepreneurs, cela ouvre un champ de possibilité sur céréales ou colza à une période où la bineuse est habituellement encore rangée sous le hangar. Mais encore faut-il pouvoir sortir un débit de chantier conséquent sur ces cultures souvent semées sur des largeurs de 3,5 m ou 4 m. Pour répondre à cette problématique, Tony Coulais, agriculteur bio dans le bocage vendéen a trouvé la parade. Sa bineuse Garford est équipée d’un double guidage. Concrètement, l’outil est équipé de deux caméras qui gèrent chacune une largeur de semoir. Il peut ainsi biner 7 m de culture, soit 2 semoirs de 3,5 m. Pour s’adapter à l’activité d’une ETA, cette solution nécessite une bonne coordination avec le client. « Les espaces entre les passages de semoir doivent être rigoureusement identiques. Sans utilisation du guidage lors de l’implantation, ce ne sera pas possible de biner deux largeurs de semoirs simultanément ensuite » précise l’agriculteur vendéen. L’idéal, que ce soit pour les cultures de printemps ou les céréales d’hiver, consiste à combiner prestation de semis et de binage par l’entrepreneur.
Carré propose d’adapter une tête de distribution sur la bineuse pour fertiliser lors du binage.
Un confort d’utilisation qui s’améliore d’année en année
S’il y a bien une caractéristique propre aux chauffeurs d’ETA, c’est le nombre d’heures qu’ils passent au volant d’un tracteur. Pour le binage cela implique des aspects positifs comme négatifs. D’une part, ils deviennent de vrais experts de leur outil. En fonction du sol et du climat, ils sauront trouver les réglages adéquats, là ou un agriculteur conventionnel qui utiliserait le binage de manière occasionnel pourrait rencontrer des difficultés. « Nous avons deux chauffeurs attitrés sur la bineuse qui ont été formés par Carré » précise Maxime Thuriaud. Mais l’accumulation des heures sur un exercice aussi précis que le désherbage mécanique peut s’avérer usant pour le chauffeur et avoir un impact sur le débit du chantier. C’est pourquoi les nouveaux outils de guidage de plus en plus précis se révèlent un atout de taille pour les ETA qui veulent franchir le pas. Sur ce plan, la SARL Thuriaud a choisi le guidage indépendant Précicam, plutôt qu’un modèle intégré à la bineuse. Cela lui ouvre la possibilité de transférer le système de guidage d’un outil à l’autre en cas d’acquisition d’une seconde bineuse. « Avec le Précicam, nous arrivons à travailler en pente » se félicite l’entrepreneur breton. La bineuse est également équipée du relevage automatique des éléments, ce qui facilite le travail du chauffeur dans les pointes et améliore la qualité du chantier.
Des périodes d’interventions plus longue
Les courtes fenêtres d’interventions sont un vrai problème pour les entrepreneurs qui veulent proposer du désherbage mécanique à leurs clients. L’évolution des systèmes de guidage sont là encore une solution. Avec une précision de plus en plus importante, ils permettent d’intervenir à des stades plus précoces de la culture. « Au printemps, les adventices se développent vite. Il faut pouvoir être réactif. Avec le guidage Précicam, nous pouvons intervenir à partir du stade 2/4 feuilles du maïs » se félicite Maxime Thuriaud. Carré propose également d’équiper ses bineuses de palpeurs. Ceci afin d’étendre la période d’intervention lorsque le maïs est à la limite de recouvrir le rang et que la caméra n’est plus capable de réaliser le guidage. Grâce à cette polyvalence, l’entreprise morbihannaise étale ses binages de fin avril à fin juin. Le constructeur vendéen propose également d’adapter une tête de distribution d’engrais sur ses outils afin de réaliser binage et fertilisation de manière simultanée.
Une formule clé en main
Certaines entreprises proposent à leurs clients des solutions de désherbage mécanique clé en main. C’est le cas de la SARL Hamon située à Guer dans le Morbihan. Un pack spécial « Ecophyto » regroupe un semis avec l’autoguidage associé à trois passages de désherbage mécanique. A chaque intervention, le client peut choisir parmi les outils de l’ETA : Une houe rotative, une herse étrille rotative et une bineuse.