Pour en finir avec l’envahissant liseron, mieux vaut attendre que la plante soit développée afin qu’elle absorbe suffisamment d’herbicide pour une destruction efficace des rhizomes.
Le désherbage du maïs est essentiel pour assurer le rendement. S’il y a bien une adventice qui exerce une forte concurrence et qui, en plus, perturbe la récolte, c’est le liseron des haies. C’est la biologie même de cette vivace qui en complique la destruction. Non seulement ses longues tiges couvrent le sol et s’enroulent autour des pieds de maïs, allant jusqu’à rendre impossible la récolte mais, en plus, sa croissance se fait à partir de rhizomes. Un rhizome coupé en deux, par exemple par un outil de travail du sol à disques, va donner deux plantes. De même, des bouts de rhizome coincés dans du matériel pourront se réimplanter dans la parcelle suivante. Seul point positif, la plante n’est pas toxique, ni pour les humains dans une culture de maïs doux, ni pour les animaux dans l’ensilage.
« Le risque se présente en termes de concurrence pour la croissance du maïs et de gêne mécanique, mais il n’y a pas de problème de toxicité comme avec le datura et la mercuriale », rassure Valérie Bibard, spécialiste du désherbage du maïs chez Arvalis. Il n’empêche que le liseron devient particulièrement difficile à maîtriser dans les monocultures de maïs ou les rotations blé/maïs.
La destruction mécanique n’est pas la solution la plus adaptée et même, il vaut mieux éviter le travail du sol avec des outils à disques qui multiplient les racines colonisatrices. Le labour va affaiblir la plante mais les rhizomes ne seront pas toujours détruits. La lutte la plus efficace reste le désherbage avec des herbicides auxiniques à base de fluroxypyr ou, plus fréquemment, de dicamba. Pour l’instant, il n’a pas été observé de résistance à ces molécules.
Le manque d’efficacité vient souvent de la difficulté à intervenir au bon stade. Pour être efficace, cette lutte chimique doit se faire sur des pousses développées, afin que suffisamment de matière active pénètre dans la plante pour être diffusée jusqu’aux rhizomes, afin qu’ils soient détruits. « Si le désherbage est fait sur un liseron jeune, il ne sera pas suffisamment efficace pour se débarrasser de tous les rhizomes. Des feuilles vont griller, mais le rhizome ne sera pas touché. La plante repoussera et, quand l’agriculteur s’en apercevra, il sera trop tard pour réintervenir dans la parcelle », précise Valérie Bibard, qui recommande deux applications pour une bonne efficacité. Par exemple, avec 190 à 200 g/ha de dicamba avant 6 feuilles, puis un deuxième passage avec 90 à 100 g/ha à 8 feuilles.
Une deuxième intervention, après le stade 8 feuilles, pour avoir des liserons bien développés, améliorerait l’efficacité mais l’homologation porte souvent sur un dernier passage à ce stade. « À un stade avancé du maïs, il y a aussi le risque d’un effet parapluie des feuilles de maïs qui empêcheraient le produit d’atteindre le liseron, reconnaît la spécialiste du désherbage. Mais certains équipements, de type pendillards, permettent de limiter ce risque. »
Il est donc préférable de dissocier le désherbage du liseron de la lutte contre les adventices annuelles, qui, elles, demandent un passage plus précoce. De plus, lorsque le dicamba est mélangé avec certains herbicides foliaires à large spectre de la famille des sulfonylurées, le risque de manque de sélectivité est accru.
L’éradication des vivaces doit aussi se raisonner lors de l’interculture, avec, quand c’est possible, un désherbage avec un herbicide à action systémique ou en répétant les déchaumages pour sécher les rhizomes.
C. J.