La mairie souhaite renforcer la sécurité alimentaire de la capitale pour la rendre moins vulnérable au changement climatique. 25 % des produits consommés à Paris seront récoltés en Ile-de-France et dans des exploitations parisiennes, d’ici 2050. Les excès climatiques dans les régions agricoles d’où sont actuellement importés les produits agricoles et les coûts de transport très onéreux (taxe carbone généralisée) pour les acheminer rendront l’approvisionnement de la capitale plus difficile.
Des Parisiens affamés sont des Parisiens révoltés. Les nourrir a toujours été, pendant des siècles, un défi et une des préoccupations majeures des rois de France de l’ancien régime qui se sont succédé. En période de disette, ces derniers n’hésitaient pas à affamer les campagnes pour approvisionner la capitale afin de ne pas attiser le mécontentement de la population dans les quartiers populaires. L’autonomie alimentaire de la ville n’a jamais excédé quelques jours.
Aujourd’hui, la situation n’a pas vraiment changé. Paris importe toujours, sur de longues distances, les produits agricoles qu’elle consomme. Mais à l’horizon de 2050, le réchauffement climatique rendra l’approvisionnement de la capitale plus compliqué. Outre l’altération des cultures et des rendements dans les régions exportatrices liée aux excès climatiques, la politique de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre rendra l’acheminement des produits agricoles très onéreux. La taxe carbone sera généralisée.
D’où des projets à l’étude pour verdir la capitale afin d’atténuer la hausse des températures (parcs, trottoirs en herbes, mur végétaux) et pour renforcer l’autonomie alimentaire de la capitale en produisant sur place une partie des fruits et des légumes consommés par les Parisiens.
Pour y parvenir, place à l’innovation et à la création. Tout est à inventer et à réinventer. Aussi bien les pratiques culturales que les systèmes de production ou encore les circuits de commercialisation.
La capitale dispose de très peu de terrains libres et il est nécessaire de passer du stade expérimental de la production agricole sur les toits ou sur les terrasses des immeubles parisiens à une production de masse compétitive. A ce jour, des centaines de kilogrammes de fraises sont produites sur les toits des Galeries Lafayette à Paris, mais à un prix exorbitant…
A l’horizon de 2050, la mairie de Paris ambitionne de végétaliser 100 hectares de toitures, de terrasses et de terrains et de convertir 33 autres hectares à l’agriculture pour produire des fruits et des légumes.
Ce programme s’inscrit dans la volonté de réorienter la production agricole en Ile de France afin que l’approvisionnement de la capitale soit assuré à hauteur de 25 % par des produits régionaux.
Les projets pilotes en cours de réalisation donnent une idée de ce que seraient les prochaines exploitations agricoles parisiennes.
Parmi eux, celui présenté lors du colloque organisé par Saf Agr’iDées le 28 septembre 2015. « Toit tout vert » vise à produire, au cœur de Paris, sur 1 500 mètres carrés de terrasses aménagées en serres, des fruits et des légumes de saison. Ils seront vendus en circuits courts directement aux consommateurs dans des paniers. Mais ces derniers seront aussi garnis de produits (pommes de terres, carottes et autres plantes à racines entre autres) dont la culture est impossible hors sol.
La multiplication de ces fermes maraîchères parisiennes soulève d’ores et déjà plusieurs questions. Tout d’abord, comme chaque projet d’installation sera unique, des solutions techniques adaptées devront être trouvées pour concilier, dans chaque quartier, production agricole et urbanisme. Les espaces dédiés à l’activité agricole devront se fondre aussi dans l’espace urbain.
Par ailleurs, le plan d’urbanisation de la capitale devra être modifié pour rendre compatibles les aménagements nécessaires à l’activité agricole. Et les Parisiens devront accepter d’avoir comme voisins des maraîchers…
La « rurbanisation » de Paris et de l’Ile-de-France conduira aussi à créer de nouvelles filières agricoles, à former des techniciens aux nouvelles pratiques culturales rurbaines et à rendre attractifs les nouveaux emplois créés.
Enfin, les nouveaux complexes de production devront être intégrés à des unités de production d’électricité et de chaleur pour les rendre autonomes en énergie par exemple (panneaux solaires ou éoliennes).
La politique agricole francilienne visant à renforcer la sécurité alimentaire de Paris invite tacitement les Parisiens à changer leurs habitudes alimentaires. A ce jour, toute la réflexion porte sur la création de systèmes spécialisés en production végétale en milieu urbain.
Certes, la réglementation environnementale limite les possibilités de développer des filières animales mais aucun des intervenant du colloque de Saf agr’iDées du 28 septembre dernier n’a présenté des projets d’élevages.
Or dans le passé, de nombreux animaux étaient élevés dans les centres villes. Les conditions de transport et de conditionnement de la viande, des œufs et du lait rendaient en effet les trajets de ces produits impossibles sur de longues distances. Par ailleurs, ces élevages hors sols exigeaient peu d’espace. Et le fumier produit apportait l’engrais nécessaire pour fertiliser les terres des exploitations maraîchères et horticoles situées à la périphérie des villes.
A Paris, pendant la seconde guerre mondiale, l’élevage de cochons dans les cours d’immeubles et dans les casernes était légion !
D’un point de vue juridique, l’essor de l’agriculture urbaine est tout à fait compatible avec la vie dans la cité.
« L’agriculture n’a pas de frontière, elle n’est pas liée au sol. Elle peut donc se développer en ville », défend Benoit Grimonprez, maître de conférences (université de Poitiers) pour Saf agr’iDées. Elle n’est pas non plus une activité marchande mais une activité de production. Aussi, l’activité agricole est en mesure de remplir, en zone urbaine, de nouvelles fonctions écologiques, éducatives et sociales auprès d’une population avide de découvertes et d’un mieux vivre. Et le couvert végétal qu’elle générera, contribuera à atténuer la hausse des températures les plus extrêmes dans Paris.
En fait l’agriculture urbaine sera à la fois rattachée aux codes rural (baux des aires agricoles), de l’urbanisme (compatibilité des constructions), et de l’environnement. Le statut du fermage s’appliquera si la production est faite sur une terrasse. En revanche, la culture en conteneurs sera soumise au code de l’urbanisme.
Enfin, l’émergence d’une agriculture urbaine suppose une réforme des plans locaux d’urbanisme pour rendre les terrains réservés à la production agricole inconstructibles et pour en reconvertir d’autres, à l’abri de toute pression spéculative. C’est à cette condition que l’agriculture périurbaine s’inscrira durablement dans le paysage urbain.
Photo prise à la station de tramway Belvédère, à Suresnes, en toute proche banlieue parisienne (Hauts-de-Seine).
Il est bon de stimuler la population à se poser des questions pour progresser, mais quand disséminer l’argent public, c’est une autre question, les déficits croissent plus rapidement qu’on la souhaite.
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On est vraiment dans le n’importe quoi de la com’!!
Dans nos départements ruraux, type le mien (Indre), on a mis en place des commissions de consommation de l’espace agricole naturel et forestier pour éviter la perte des 70 000 hectares annuels perdus par l’urbanisation lié au modèle de la maison individuelle et de son premier corolaire sociétal, l’individualisme (tout pour ma gueule) avec son deuxième corolaire économique , la croissance (3% de PIB ou rien) et la conséquence logique qui est la fuite en avant éperdue vers les miroirs aux alouettes orchestrés par le lobbyisme et sa politique de com’ .(densité de l’Indre à 250 km de Paris = 35 habitants/km²…on a de la place pour planter des radis…).
Monter des « start up » agricoles (!) à Paris, cela représente bien l’aboutissement de ce montage sociétal où on prend vraiment les gens pour des cons (et je suis gentil) en retirant systématiquement les plus-values de ce que le travail des uns et la solidarité des autres permettent de maintenir l’économie durable des liens sociaux et des équilibres éthiques entre savoir faire et savoir être de nos territoires ruraux : faire la ville à la campagne est il désormais moins utopique que « à l’horizon de 2050, la mairie de Paris ambitionne de végétaliser 100 hectares de toitures, de terrasses et de terrains et de convertir 33 autres hectares à l’agriculture pour produire des fruits et des légumes. »
Allais les verts !