Les prairies sont l’une des clés dont disposent les filières d’élevage pour relever les défis de demain : adaptation au réchauffement climatique, amélioration de l’autonomie protéique, ou encore de l’acceptabilité sociale des pratiques d’élevage.
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Charges opérationnelles hors récolte
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+ Coût de récolte avec main- d’œuvre
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= Coût
de production |
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Ensilage herbe classique
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105 € / ha
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+ 50 € / tMS
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= 65 € / tMS
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Ensilage herbe précoce
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+ 70 € / tMS
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= 85 € / tMS
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Enrubannage herbe
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+ 75 € / tMS
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= 90 € / tMS
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Ensilage méteil classique
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318 € / ha
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+ 38,5 € / tMS
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= 70 € / tMS
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Ensilage luzerne
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390 € / ha
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+ 50 € / tMS
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= 95 € / tMS
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Ensilage maïs
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600 € / ha
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+ 30 € / tMS
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= 75 € / tMS
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Betterave fourragère
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850 € / ha
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+ 35 € / tMS
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= 100 € / tMS
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Source : Projet PEREL
Que seraient les paysages sans les prairies ? Certainement bien différent, car les prairies permanentes permettent la valorisation des parcelles sur lesquelles il serait impossible d’envisager des cultures de vente (zones montagneuses, parcelles humides), les prairies temporaires s’intègrent dans les rotations. Les surfaces en herbe représentent plus de 40 % de la SAU française.
Récoltée ou pâturée au bon stade, l’herbe a une bonne valeur nutritionnelle et offre une ration équilibrée pour les ruminants. Dans cette optique de conforter l’autonomie alimentaire des exploitations, l’herbe a aussi l’avantage de permettre d’engranger des stocks au printemps, avant que les stress hydriques ne pénalisent les rendements. Face aux aléas climatiques, les prairies sont généralement plus résilientes. Non seulement leur période de récolte arrive avant le stress hydrique estival, en plus la diversité des espèces qui les composent assure une certaine stabilité des rendements.
Les prairies sont les cultures les moins coûteuses à « produire sur pied », autour des 15 €/t MS. Par contre, son coût de récolte, ramené à la tonne de matière sèche, sera plus élevé que celui d’une culture à fort rendement par récolte, comme le maïs. Il faut alors raisonner en intégrant aussi la valeur alimentaire. Une coupe précoce pour un ensilage d’herbe coûtera plus chère à la tonne de matière sèche mais assurera un fourrage d’excellente qualité nutritionnelle.
Les prairies sont aussi de réels atouts environnementaux. La combinaison prairies et haies est un véritable réservoir de biodiversité. Non seulement les prairies valorisent de nombreuses surfaces, qui ne pourraient l’être par d’autres cultures et seraient laissées en déprise, au détriment des paysages, mais elles concourent à limiter le lessivage et l’érosion, grâce à la permanence de leur végétation. Comme elles restent en place plusieurs années, les prairies stockent du carbone et contribuent donc à limiter les émissions de gaz à effet de serre.
Autre intérêt environnemental, les prairies sont très peu exigeantes en interventions phytosanitaires. En plus d’un arrière-effet bénéfique pour la culture qui suivra, une prairie cassera également les cycles des maladies et des adventices. Au regard des parcelles suivies dans le cadre du programme Ecophyto, l’institut de l’élevage a montré que l’IFT (indice de fréquences de traitement) est plus faible dans les rotations avec prairies temporaires. Pour un blé tendre, s’il est intégré dans une rotation sans fourrages, son IFT sera de 4.09, contre 2.73 pour la même culture mais dans une rotation avec des prairies temporaires.
Autre intérêt, et non des moindres, les prairies apportent des réponses à bon nombre d’attentes sociétales. Déjà par leurs intérêts environnementaux, mais aussi car elles sont la culture clé dans les systèmes bio. Avoir des animaux dehors, nourris essentiellement à l’herbe est aussi une attente forte des consommateurs, qui recherchent plus de naturalité dans les produits qu’ils achètent.
Les filières s’attèlent depuis longtemps à répondre à ces attentes. Dans la filière laitière par exemple, de nombreuses démarches valorisent les pratiques de pâturage, avec des durées minimales en prairies (lait de pâturage) ou une alimentation à base d’herbe (lait de foin, AOP fromagères).
« Comme tout jeune installé, j’ai un suivi économique avec ma coopérative, explique Benjamin Renaud, éleveur laitier en Ille et Vilaine. En se basant sur une rémunération à 2 SMIC pour chacun des associés du Gaec, on arrive à un prix d’équilibre du lait à 306 €/1.000 litres. Si on s’en sort aussi bien, c’est car on achète peu de concentrés et qu’on privilégie l’autonomie alimentaire ». La luzerne occupe 20 Ha de leurs 180 Ha de SAU. « On arrive à récolter 14 tonnes de matière sèche, chiffre l’éleveur. On fauche, le lendemain, notre entrepreneur récolte à l’autochargeuse. On obtient un ensilage riche en protéines ». De quoi afficher une moyenne d’étable à 11.000 kg tout en maintenant le coût de concentrés sous les moyennes de leur coopérative.
Cette autonomie alimentaire, les éleveurs veulent la cultiver. « La luzerne est adaptée à notre secteur séchant. En plus, comme on travaille en semis direct, elle casse le cycle des adventices et est un bon précédent, souligne Benjamin Renaud. La luzerne, comme l’herbe et les méteils nous permettent d’assurer une partie des stocks avant la sécheresse estivale ».
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L’herbe est une culture rentable a condition de ne pas la laisser mourir de soif l’été !
Les surfaces végétales baissent l’albédo des sols, évacuent la chaleur (chaleur latente), absorbent du CO2, libèrent de l’oxygène, nourrissent et protègent toute la biodiversité sur les continents … En ayant stigmatisé la consommation d’eau des plantes (et donc de l’agriculture) on a créé des déserts et même déréglé le climat !
la végétation ne consomme pas d’eau mais apporte des pluies , ce sont les cultures sèches qui coupent le cycle de l’eau l’été !
Un environnement vivant c’est un environnement vert l’été, ce sont les forêts de feuillus qui dictent les saisons pas les champs de blé !
Végétaliser l’été ne signifie pas irriguer plus au contraire, il faut juste éviter l’absence d’évapotranspiration l’été en implantant les couverts végétaux dans la fraicheur des sols juste après les moissons et pas en fin d’été.
cf les travaux de Frédéric Thomas en TCS et AC