eta 24 semaine 31 couverture

DES CHENILLARDS AUTOCONSTRUITS POUR LES APPORTS D’ENGRAIS EN SORTIE D’HIVER

L’ETA Gabard compte trois chenillards dans son parc matériel pour les apports d’engrais et les traitements de fin d’hiver. Si les machines ne sont utilisées que deux mois dans l’année, cette prestation est importante pour les clients. Deux des modèles sont auto-construits et représentent un investissement très peu conséquent.

 
L’épandage d’engrais par chenillard est une activité historique de la SARL Gabard. « C’est en 1996 que mon père a conçu le premier modèle » se souvient Damien Gabard, qui dirige
maintenant avec son frère l’ETA située à St Amand sur Sèvre dans le département des Deux-Sèvres. À cette époque, ce prototype a vocation à remplacer les quads pour l’apport d’azote de début février à mi-mars lorsque les tracteurs ne peuvent pas encore entrer dans les parcelles.« Nous étions les premiers à proposer ce type de prestation. Indubitablement, cela nous a permis de construire notre clientèle » explique l’entrepreneur. Encore aujourd’hui les chenillards de la SARL Gabard font parler d’eux dans un périmètre important autour de l’entreprise, surtout les années humides. « C’est la première fois que je fais appel à eux. Normalement je me débrouille seul mais dans les parcelles compliquées, c’est vraiment un plus de pouvoir passer avec ce type de machine » explique un agriculteur sur la commune de Pouzauges en Vendée.
Le poids très léger des chenillards autoconstruits de la SARL Gabard permet de passer dans presque toutes les conditions.
 
Actuellement, l’entreprise compte trois chenillards pour une surface moyenne de 2500ha, avec des pics à 5000ha les années humides. La variabilité des surfaces réalisées en fonction des années est dépendante de la météo. « Nous avons eu peur sur le début de la saison 2021, mais finalement nous finissons dans la moyenne » constate Pierre Fuseau, responsable d’atelier de l’ETA. Pour cette prestation atypique, l’entreprise propose un tarif entre 15 et 18€/ ha selon la surface et le volume d’engrais à réaliser. Deux des trois machines sont toujours les modèles d’origines auto-construits à la fin des années 90. La
troisième a été acquise plus récemment. Il s’agit du modèle HHTRACK 100 du constructeur charentais Hubertrack. « Nous avions besoin d’augmenter notre capacité d’épandage en chenillard, mais il nous offre aussi la possibilité de pulvériser grâce à sa cabine étanche » détaille Damien Gabard. Pour les traitements, les surfaces sont également variables selon les années. « En 2019, les clients n’avaient pas eu le temps de traiter après le semis. Il y a eu grosse demande pour le désherbage en sorti d’hiver » se souvient l’entrepreneur.
 
Damien Gabard dirige l’entreprise familiale avec son frère
 
Cet investissement d’environ 100 000 € a également des capacités plus importantes que les deux chenillards maison. Il est équipé d’un épandeur à engrais Kuhn Axis 20.2 W avec une capacité de trois sacs d’engrais (1800l), des largeurs de travail de 18 à 36m, la pesé dynamique et une barre de guidage avec coupure de tronçon. Il affiche un rendement de 110 à 120 ha/jour. S’il est un peu plus lourd que les deux modèles auto-construits, il offre un confort de travail non négligeable pour le chauffeur. « La cabine étanche avec chauffage et climatisation ça change tout » assure Pierre Fuseau.
Pierre Fuseau est chef d’atelier au sein de la SARL Gabard. Occasionnellement, il peut aussi pendre le volant des chenillards, comme cet hiver lorsque les chauffeurs étaient cas contact de la Covid
 
Historiquement, les deux petites machines fabriquées par le père de Damien Gabard étaient, elles, équipées avec des épandeurs Vicon. Depuis 7 ans, ils ont laissé la place à des Kuhn MBS 19.1Q avec DPA et barre de guidage. Cet équipement a une capacité de 1,5 sac d’engrais (900l) et peut travailler de 12 à 24m. Il permet aux chenillards de réaliser un rendement de 60 à 80ha/ jour. Bien qu’inférieur à l’Hubertrack aujourd’hui, au début des années 90 ces chiffres les plaçaient bien au-delà des quads majoritairement en usage avec une capacité de 250kg. « Actuellement 95 % de nos prestations se font en 24m pour s’aligner sur la capacité des pulvérisateurs utilisés chez nos clients » rapport Pierre Fuseau.
Leur particularité, comme celle de l’Hubertrack, est d’avoir une forme en carré. Cette caractéristique les différencie des chenillards basés sur des modèles de dameuse de forme rectangulaire. « C’est une forme qui permet d’éviter d’arracher la végétation lors des demitours en bout de parcelle. Ce qui est moins le cas des formes rectangulaires » explique Damien Gabard.
 
 

Une conception simple

Les chenillards faits maison sont basés sur un modèle assez simple. Il s’agit d’un moteur de Peugeot 205 associé à un châssis avec deux pompes hydrauliques sur lesquelles est monté l’épandeur à engrais. Une petite pompe supplémentaire permet d’entraîner l’engrais. « Dernièrement nous avons changé le moteur de l’un des deux. Mais ce sont des machines qui vieillissent bien » se félicite l’entrepreneur. L’entretien ne représente qu’une à deux semaines de travail en hiver, notamment sur l’hydraulique et ponctuellement pour le changement des chenilles tous les cinq ans. Néanmoins, elles doivent être conduites par des chauffeurs expérimentés qui connaissent les machines. « C’est comme si vous faisiez chauffer le moteur de votre voiture toute la journée. Quand la température monte un peu, il faut réduire la vitesse » souligne Pierre Fuseau. L’ETA Gabard réfléchit aujourd’hui à équiper les deux chenillards de moteurs plus puissants et pourquoi pas de remplacer les cabines métalliques par des matières plus modernes pour diminuer encore le poids.

 

Adapter les porte-chars aux chenillards

Si ces machines trouvent leur utilité en sortie d’hiver, elles restent aux hangars une fois que les parcelles sont ressuyées et pour le reste de l’année. « Sur le Hubertrack, il y a une demande pour du broyage dans les zones de mouillères, mais nous n’avons pas encore franchi le pas car cela représente un investissement en plus et nous ne sommes pas sûr du comportement des chenilles dans les parcelles arborées » analyse prudent Pierre Fuseau. Le temps d’utilisation des chenillards doit donc être optimisé sur la courte période d’utilisation. C’est dans ce but que l’ETA Gabard a optimisé ses porte-chars pour que les phases de manutention soient le plus rapide possible. « Les deux modèles de chenillards auto-construits sont transportés sur des plateaux voitures. L’un des deux a été aménagé en pose-à-terre pour encore gagner du temps » détaille Damien Gabard.

Pour augmenter encore la capacité de l’entreprise à intervenir sur la période délicate de février/mars, les dirigeants réfléchissent maintenant à d’autres types d’investissements plus polyvalents. Ainsi un Fendt 310 acheté cette année pour la taille et l’entretien pourrait se voir équiper de chenilles à l’arrière et de roue de 800 à l’avant. « Il pourrait être utilisé pour les traitements, ce qui permettrait de libérer l’Hubertrack pour ne faire que de l’engrais » explique l’entrepreneur. L’idée d’équiper un tracteur de quatre chenilles n’est pas complètement écartée non plus.
Les porte-chars ont été conçus spécialement pour les chenillards.
 
Une ETA à cheval sur deux zones géographiques
L’entreprise Gabard se situe à la frontière entre la Vendée et les Deux-Sèvres. Entre les rendements de la plaine du Sudvendéen à 90q/ha et le bocage Deux-sévriens qui affiche des récoltes à 50q/ha, les deux régions agricoles voisines ont peu de point commun. L’ETA a du adapter son parc matériel aux spécificités de ces deux zones. « Notre parc de moissonneusesbatteuses se décline en New-Holland, Claas et Laverna. Au moment de la récolte, les New-Holland trouvent toutes leur place dans les zones à fort rendement où il faut de la puissance. À l’inverse les Laverna sont dédiées à la récolte en zones d’élevage pour lesquelles il ne faut pas briser la paille » explique Damien Gabard.
 
L’ETA Gabard en chiffres
– 2,5 à 3 millions d’euros de chiffre d’affaire
– 15 salariés
– 16 moissonneuses-batteuses
– 3 chenillards
– 1 sauterelle

Texte et photos: Thimothée Legrand

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