La valeur ajoutée brute au coût des facteurs augmente de 11,5 % en 2021 par rapport à 2020 et le résultat brut de la branche agricole croît de 16,0 % en 2021. Mais en terme réel, la valeur ajoutée de la ferme France est inférieure à celle de 1980 et ce depuis près de 40 ans. La baisse constante du nombre d’actifs permet une hausse individuelle de la valeur ajoutée produite grâce aux gains de productivité réalisés.
Voici les principaux chiffres des comptes de l’agriculture pour 2021 établis par l’Insee.
Production agricole : 81,16 milliards d’€ (Mds d’€) ; + 8,7 % par rapport à 2020 dont :
« L’envolée des prix des céréales (+ 24,9 % après + 12,2 %) résulte d’une forte demande, notamment chinoise, dans un contexte de disponibilités mondiales limitées, analyse la Commission des comptes de l’agriculture. Parallèlement, le volume des récoltes de céréales rebondit en 2021 (+ 17,0 % après – 18,8 %) après une année 2020 difficile, marquée par la sécheresse. Par rapport à la moyenne des cinq dernières années, la récolte céréalière est supérieure en volume de 6,8 % et les rendements se sont améliorés de 6,5 %. De même, les oléagineux enregistrent une hausse importante des prix (+ 41,9 %). Les protéagineux et les betteraves augmentent fortement en volume (respectivement + 20,4 % et + 30,0 %). »
« A l’inverse, ajoute encore la Commission des comptes, le volume de la production de vins et de fruits chute sous l’effet des mauvaises conditions météorologiques (respectivement – 19,4 % et – 11,3 %), cette évolution étant en partie compensée par la progression des prix (respectivement + 7,4 % et + 10,4 %). »
« Enfin, la valeur de la production animale repart à la hausse (+ 1,8 % après – 0,9 %) sous l’effet d’un renchérissement des prix (+ 3,4 %) en partie compensé par une baisse de volume (– 1,6 %). Les prix du bétail, des produits avicoles et du lait expliquent ce rebond, à l’exception du prix des porcins qui recule (– 4,5 % après – 4,8 %) du fait notamment de l’affaiblissement de la demande chinoise ».
Toujours à l’échelle de la ferme France en 2021,
Ainsi, Les meilleurs résultats prévisionnels de l’année 2021 compensent en partie les replis observés l’année précédente surtout par rapport à 2018.
Mais surtout, la valeur ajoutée de la ferme France est seulement supérieure de 5 points à son niveau de 2014, lorsque la réforme de la Pac 2014-2020 a été lancée.
Et par rapport à 1980, cette même valeur ajoutée de la ferme France n’a jamais retrouvée en terme réel. Elle est inférieure de 15 points à son niveau de 1980 et ce depuis une vingtaine d’années, les hausses observées certaines années ayant été compensées par les baisses.
Ni la conjoncture économique, ni les réformes successives de la Pac ont contribué à maintenir la valeur ajoutée de la Ferme France et encore moins à l’accroître.
En revanche, les coûts des moyens de production n’ont cessé de progresser indépendamment de la conjoncture des prix agricole. Aussi, la valeur ajoutée créée par la ferme France a en partie échappé aux producteurs.
Seule la baisse de la population active agricole a permis une augmentation de l’excédent brut par atif non salarié selon la Commission de l’agriculture, mais cette moyenne masque de très nombreuses disparités entre les secteurs agricoles.
Une étude publiée par le service statistique du ministère de l’agriculture compare le niveau de revenu des agriculteurs aux professions d’indépendants (artisans, restauration etc…).
« En 2018, les exploitants agricoles dégageaient un revenu brut de 41 550 € en moyenne contre 30 700 € pour les autres indépendants (métiers de bouche, restauration, artisanat industriel etc.) », révèle le ministère de l’Agriculture.
« Cette année-là, le revenu brut moyen d’un dirigeant d’une petite entreprise industrielle était de 33 170 € et celui d’un restaurateur-hôtelier de 29 040 €, soit près de 1,4 fois moins qu’un agriculteur », précise son étude.
En fait, les écarts de revenu brut agricole inter-filières (élevage, viticulture) des agriculteurs sont plus importants que les écarts de revenu brut intersectoriels (hôtellerie, boulangerie, industrie, agriculture etc.) de l’ensemble des indépendants. Mais sans subventions agricoles, le revenu brut moyen des agriculteurs serait 1,5 fois inférieur à la moyenne des autres secteurs d’activités. Il serait même le plus faible d’entre eux.
Valeur ajoutée
Ces chiffres masquent une répartition très différente de la valeur ajoutée créée par les entreprises individuelles. Les exploitants agricoles ont un revenu brut plus élevé malgré un chiffre d’affaires plus faible. Leurs charges salariales (18 % hors prélèvements privés) sont aussi proportionnellement moins élevées (57 % dans les autres secteurs). Alors que les charges d’amortissements et de provisions amputent de 53 % leurs revenus bruts contre 22 % pour les autres indépendants. En fait, l’agriculture est le secteur d’activité le plus intensif en capital. Pour produire 10 000 € de valeur ajoutée agricole annuelle, l’exploitant a besoin de 55 640 € d’actif là où il ne faut que 13 650 € pour un charcutier ou un boulanger.
En conséquence, les exploitations agricoles sont plus endettées (138 020 € de dettes en 2018) que l’ensemble des structures individuelles (moyenne de 97 260 €). Pour autant, les agriculteurs sont de bons gestionnaires avec un taux d’endettement n’excédant pas 47 % du passif contre 56 % de l’ensemble des indépendants.
Photo: ministère de l’agriculture en 2018 lors de la journée du patrimoine (@ ministère de l’agriculture- Clarisse Var)