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Comment les mégatendances vont changer l’économie

Les entreprises et les différents secteurs d’activités comme l’agriculture et l’agroalimentaire vont devoir s’adapter à un certain nombre de « mégatendances » qui peuvent être des sources de risques, mais aussi d’opportunités économiques.

Un certain nombre d’études prospectives indiquent que nous nous trouvons dans une période charnière de grande recomposition qui n’ont eu d’équivalent dans l’histoire contemporaine que durant les périodes d’après-guerres, que celles-ci aient été « chaudes » (1815, 1919, 1945) ou bien « froides » (1989).

La population mondiale est ainsi appelée à croître de quelque 2,5 milliards d’habitants d’ici 2050. Celle-ci est devenue majoritairement citadine depuis 2007. Elle est vieillissante au Nord, comme dans certains pays du Sud, tels que la Chine, et, en moyenne, elle tend à s’enrichir, les pauvres pouvant même devenir minoritaires dans les décennies à venir, et ce, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité. Le développement rapide et assez inouï de géants démographiques (Chine, Inde) et d’autres pays en développement fait également partie de ce monde en mutation, tout comme l’accélération extraordinaire de la diffusion des nouvelles technologies. Il a fallu 46 ans entre l’invention de l’électricité et sa diffusion dans les foyers américains, 35 ans pour le téléphone ou encore 18 ans pour la télévision couleur. Or, l’Iphone n’existe que depuis 2007 et l’Ipad, seulement depuis 2010. Enfin, les effets du changement climatique ou encore la remise en cause assez généralisée des autorités et des institutions par des individus de mieux en mieux éduqués et informés achèvent le tableau de ce monde en train de se transformer à grande vitesse au point même que l’Australie vient de reconnaître l’existence d’un troisième sexe…

Des mégatendances incontournables

C’est ce que dans certaines études prospectives, on appelle des « mégatendances ». Cette expression fait référence à des tendances structurelles ou à des tendances lourdes qui, dans l’état actuel des choses, ont une très forte probabilité de se produire.

Or, qu’on le veuille ou non, les entreprises et les différents secteurs d’activité vont devoir évoluer dans un environnement qui sera marqué par ces tendances et donc faire en sorte de s’y adapter et même d’exploiter les opportunités qu’elles recèlent. Prenons l’exemple du vieillissement de la population. Il est évident que cela devrait constituer une aubaine, par exemple, pour le secteur de l’optique alors que la vue tend à baisser avec l’âge et que le nombre de seniors augmente de façon significative en France, comme dans les autres pays européens.

On a déjà eu l’occasion de voir dans la rubrique « Réflexions » de WikiAgri à quel point ces tendances pouvaient affecter les secteurs de l’agriculture et l’agroalimentaire. Deux exemples récents viennent encore de le confirmer. Le premier est la conséquence concrète de la montée des classes moyennes dans les pays émergents et de la transformation de leur régime alimentaire davantage fondé sur la consommation de viandes et de produits laitiers. On observe ainsi depuis quelques mois une hausse significative de l’indice FAO des prix des produits laitiers, en lien en particulier avec la demande croissante de lait en poudres en provenance de Chine. De ce point de vue, l’ouverture du marché chinois à la charcuterie française, qui est prévue en 2014, apparaît comme une excellente nouvelle.

Le second exemple est celui du changement climatique. Le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) vient de publier un rapport alarmiste sur l’impact de l’évolution du climat sur l’agriculture et les productions agricoles. Ce rapport paru au mois de mars, dont certaines conclusions avaient déjà été diffusées quelques semaines auparavant dans la presse japonaise, indique que, selon des études réalisées dans un grand nombre de régions, le changement climatique a un impact négatif sur les rendements agricoles, notamment les récoltes de blé et de maïs dans plusieurs régions et, dans une moindre mesure pour les récoltes de riz et de soja. Il mentionne à ce propos plusieurs épisodes d’accroissement rapide du prix des céréales et de l’alimentation suite à des phénomènes climatiques extrêmes dans d’importantes régions productrices et donc l’existence d’une « sensibilité des marchés actuels aux phénomènes climatiques extrêmes ». Le changement climatique aurait par conséquent un impact important sur la sécurité alimentaire (accès à la nourriture, stabilité des prix).

Une autre étude publiée en mars 2014 par l’université de Leeds a montré qu’une augmentation de simplement 2°C des températures, soit l’hypothèse généralement considérée comme la plus basse, contribuerait à une baisse des rendements agricoles dans les régions tempérées et tropicales d’ici les années 2030, c’est-à-dire bien plus tôt que ce que l’on entrevoyait initialement, et même à une accélération de cette baisse dans la seconde moitié du siècle, de l’ordre de plus de 25 %. Or, jusqu’à présent, jamais une étude n’avait été fondée sur un aussi grand nombre de données. Une dernière étude publiée en février 2014 par des scientifiques de l’Agence nationale italienne pour les nouvelles technologies, l’énergie et le développement économique durable s’est quant à elle concentrée sur l’impact du changement climatique dans le bassin Méditerranéen, l’une des régions appelées à être les plus affectées par l’évolution du climat, et en particulier sur la production d’olives. Elle en conclut que la profitabilité de la culture des olives devrait s’amenuiser dans les décennies à venir (baisse des bénéfices estimé à plus de 20 % en Italie et en France et jusqu’à – 80 % dans les pays du Moyen-Orient), notamment parce que le réchauffement du climat dans la région devrait favoriser le développement du principal parasite des olives, à savoir la mouche de l’olivier.

Une prise de conscience de la part des dirigeants d’entreprise

Or, les chefs d’entreprises dans le monde semblent prendre de plus en plus conscience de l’importance de ces mégatendances pour leur entreprise. C’est en tout cas ce que montre un autre rapport publié en avril 2014 par le cabinet de conseil PricewaterhouseCoopers. Ce rapport intitulé Annual Global CEO, qui en est à sa 17e édition, est fondé, en effet, sur une étude réalisée auprès de 1 344 dirigeants d’entreprises dans 68 pays.

Il se concentre cette année notamment sur un certain nombre de « mégatendances » et leur impact prévisible pour les entreprises dans les années à venir. Ces mégatendances identifiées par PwC sont au nombre de cinq : les avancées technologiques, les évolutions démographiques (accroissement de la population, vieillissement, évolution erratique de la population active selon les pays, montée des classes moyennes dans les pays émergents), le déplacement du pouvoir économique global, la raréfaction des ressources et le changement climatique et enfin l’urbanisation croissante.

Pour les chefs d’entreprise interrogés, les trois tendances les plus susceptibles de transformer l’activité de leur entreprise dans les cinq prochaines années sont les avancées technologiques (pour 81 % d’entre eux), la démographie (60 %) et le déplacement du pouvoir (59 %) et surtout les interactions qui peuvent exister entre elles. Le rapport se penche aussi assez longuement sur les enjeux autour du changement climatique et de la raréfaction prévisible des ressources (matières premières, eau, terres, énergie). Si seulement 46 % des chefs d’entreprise estiment que ceux-ci sont à même de transformer l’activité de leur entreprise, ils sont tout de même 55 % à estimer qu’ils devraient contribuer à l’augmentation ou à la volatilité des coûts des matières premières et pour 56 % d’entre eux qu’ils devraient avoir le même impact sur les coûts de l’énergie, tandis que 41 % craignent que cela ne conduise à des perturbations de la chaîne de production. Ces préoccupations sont d’autant plus fortes que l’entreprise se situe dans un secteur dépendant des matières premières, comme c’est le cas de l’énergie (76 %), de l’électricité (76 %), du bois, de la forêt et du papier (65 %) et du secteur minier (62 %). Par ailleurs, c’est d’abord dans les pays les plus potentiellement affectés par la raréfaction des ressources et le changement climatique (53 % des chefs d’entreprise africains et 51 % de ceux du Moyen-Orient) et/ou dans les pays les plus « ouverts » sur ces questions (50 % des chefs d’entreprise ouest-européens) que l’on rencontre le plus grand nombre de chefs d’entreprise estimant que ces sujets sont susceptibles de transformer l’activité de leur entreprise.

En savoir plus : www.dni.gov/index.php/about/organization/national-intelligence-council-global-trends (rapport de 2012 sur un certain nombre de « mégatendances » publié par la NIC, structure chargée de l’analyse stratégique et de la prospective au sein de la communauté du renseignement aux Etats-Unis), http://ipcc-wg2.gov/AR5/images/uploads/IPCC_WG2AR5_SPM_Approved.pdf (rapport du GIEC intitulé Climate Change 2014: Impacts, Adaptation, and Vulnerability), www.leeds.ac.uk/news/article/3505/climate_change_will_reduce_crop_yields_sooner_than_we_thought (synthèse de l’étude de l’université de Leeds sur l’impact du changement climatique sur les rendements agricoles), www.pnas.org/content/early/2014/03/20/1314437111  (synthèse de l’étude sur l’impact du changement climatique sur la production d’olives dans le bassin méditerranéen), www.pwc.com/gx/en/ceo-survey/2014/assets/pwc-17th-annual-global-ceo-survey-jan-2014.pdf et aussi www.pwc.fr//assets/files/pdf/2014/04/pwc_ceo_sustainability.pdf (rapports de PricewaterhouseCoopers sur la perception des « mégatendances » par les chefs d’entreprise).

2 Commentaire(s)

  1. La mégatendance du changement climatique n’en est pas une. Le climat change depuis toujours. Il y a une dramatisation totalement injustifiée.

  2. pas d’accord!!!!! fukushima, xynthia sont des exemples d’événements climatiques où l’homme a pris des risques inconsidérés à ses dépens car il se croit plus fort que la nature!!!!!

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