Avec Claydon Drill, une autre vision des techniques de semis simplifié s’offre aux agriculteurs. Avec schémas et vidéos en fin d’article.
Les agriculteurs ont toujours été la source des innovations technologiques des matériels que nous croisons dans nos champs. Jeff Claydon ne fait pas exception sur ce point, cet agriculteur anglais a mis au point et réussit à bâtir un concept autour d’une technique d’implantation, avec un système à dents et des techniques de semis simplifié aptes à affronter des conditions difficiles. A Abancourt dans le Nord, Benjamin Vion, utilisateur de ce semoir, a présenté cette technique à WikiAgri, en particulier le Claydon Hybrid.
Plus qu’une simple machine de semis, Claydon propose un itinéraire technique dont l’objectif est de concilier semis direct et performance particulièrement en cultures céréalières. La première étape est la combinaison de la dégradation de la matière organique issue du précèdent avec la lutte contre les adventices et les ravageurs. Claydon recommande l’usage d’une herse peigne. Son passage à grande vitesse vise à mélanger la paille pour favoriser son altération par les ultraviolets du soleil et favoriser ainsi sa dégradation par les bactéries et champignons dans l’année qui suit. Benjamin Vion, technicien Claydon pour la France recommande un passage tous les 10 jours principalement pour éviter la propagation des limaces mais aussi des campagnols et assurer la levée des adventices.
L’absence de travail profond permet de conserver une planéité ainsi qu’une excellente portance du sol. Un sol peu travaillé et bien rassis tend à se comporter comme une prairie permanente, il s’y développe des lombrics et très probablement une vie bactérienne propice à la dégradation rapide de la matière organique. Ces bénéfices ne sont bien entendus pas l’œuvre d’une seule saison, mais à terme, cela permet de pouvoir implanter les cultures sur un sol même en conditions très humides.
La météo anglaise n’est pas réputée pour être une des plus clémentes ! Le semoir Claydon a été développé à l’origine pour travailler sur des sols très argileux (au-delà de 40%). L’usage même intensif d’une herse peigne laisse un mulch de surface sur lequel il faut intervenir. Le concept de semis repose sur une combinaison d’une dent fouilleuse très étroite (20mm) suivie d’une dent à patte d’oie derrière la graine est déposée. La dent fouilleuse réalise l’ameublissement de la ligne de semis. En conditions humides, elle assure aussi son drainage et évite ainsi à la graine d’être asphyxiée (voir illustration en fin d’article).
La ligne de semis est constituée par la dent à patte d’oie. Son objectif principal est de nettoyer la ligne de semis des débris végétaux pour permettre de bonnes conditions de germination et de levée. Celle-ci se situe au dessus du niveau de travail de la dent fouilleuse. Son réglage dépend du type de graine semée. Avec le colza, elle travaille à peine pour éviter une profondeur de semis trop importante et préjudiciable à la levée. A l’opposé, pour les pois et féveroles, la dent patte d’oie descend entre 5 et 7 cm pour permettre de déposer la graine entre 3 et 4 cm de profondeur.
Pour un résultat satisfaisant, le semoir doit évoluer à vitesse modérée entre 8 et 10 km/h afin d’éviter l’effet de billonnage par les dents.
Le flux de graine ne tombe pas simplement pas gravité, il est déposé par un injecteur double qui permet d’obtenir une bande de semis. La graine est déposée de part et d’autre du sillon formé par la dent fouilleuse. Les risques d’enfouissement de la graine lors de grosses pluies semblent donc réduit (voir illustration en fin d’article). Au pire elle descendra sur la trace réalisée par la dent à patte d’oie. Le second effet de l’injecteur est de réduire l’effet de poquet néfaste au développement de la culture. La troisième originalité est le choix de l’injecteur. Claydon propose plusieurs largeurs d’injecteur pour s’adapter aux conditions de travail et au type de graine.
Le semoir est au minimum utilisé avec une ou deux rangées de herse de recouvrement ou en option avec des dents Cross Board ou encore des roues de rappuyage. Mais Claydon conseille surtout un passage de rouleau Cambridge dans les situations bien ressuyées ou sèches. Lors de forte pluviométrie, on évite toute intervention inutile et l’eau assure cette fonction.
Dans un système céréalier, la réduction des charges est le levier essentiel pour maintenir les marges. Ces outils se distinguent avant tout par une faible demande en puissance. Un tracteur de 150 ch maxi peut sans difficulté affronter tous les reliefs avec un semoir Claydon 3 m, une herse peigne 7 m et un rouleau 7 m. Leur usage n’est pas concurrent dans le temps et ne nécessite qu’un seul tracteur pour mener les différents chantiers. L’usage intensif d’outil non animé avec peu de pièces d’usure limite les coûts d’entretien. Si la technique est bien maîtrisée, le coût de la gestion de l’interculture et l’implantation peuvent tomber sous la barre des 100 euros par hectare (selon le coût estimé pour 4 passages de herse peigne, le semis et le roulage post semis avec tracteur de 150ch et carburant, hors main-d’œuvre). La principale difficulté est plutôt d’ordre psychologique car les habitudes sont bousculées et il faut savoir parfois garder la tête froide dans les conditions difficiles qui ne manqueront pas de se présenter…
En savoir plus : http://fr.claydondrills.com (le site de Claydon Drill en français).
Ci-dessous, le système Claydon (source Claydon Drill). 1. Roue de terrage centralisé
2. Dent fouilleuse
3. Dent patte d’oie avec injecteur de semis
4. Dispositif de recouvrement
Ci-dessous, schéma du principe de mise en terre.
Notre illustration est une copie d’écran de la première vidéo ci-dessous.
Ci-dessous, le semoir Claydon Drill en conditions humides.
Ci-dessous, la technique Claydon (en anglais).