Débuté dans un contexte particulièrement défavorable, la campagne d’exportation céréalière 2024-2025 s’est achevée sur des résultats meilleurs qu’attendus. Les opérateurs rouennais ont plutôt bien résisté avec un total de 5,21 Mt de céréales exportées. Les perspectives sont encourageantes pour la nouvelle campagne qui, outre sa précocité, devrait permettre de retrouver des volumes plus conséquents de céréales exportées.
Les récoltes se suivent mais ne se ressemblent pas. La campagne céréalière 2024-2025, qui s’est achevée le 30 juin, a été marquée par une chute historique des rendements à l’été 2024. Il en a résulté la pire moisson de blé tendre enregistrée en France depuis quatre décennies. La production nationale s’est ainsi élevée à 25,5 Mt de blé tendre, et 9,8 Mt pour les orges, contre des moyennes quinquennales respectives de 34,6 Mt et 11,8 Mt. Les aléas climatiques, dont une pluviométrie intense, expliquent cette forte baisse qui a eu des conséquences directes sur les volumes de céréales disponibles à l’export. Malgré la baisse de production, HAROPA PORT a vu sa part de marché légèrement progresser à 54% des céréales françaises exportées par voie maritime.
Les quatre opérateurs de la place portuaire rouennaise affichent donc un meilleur bilan que celui anticipé en début de campagne en juillet 2024. La place portuaire rouennaise a traité un total de 5,21 Mt de céréales (3,21 Mt de blé, 1,91 Mt d’orge et 90 000 t de maïs), contre 8,7 Mt lors de la campagne 2024-2024, qui s’était classée parmi les 5 meilleures jamais réalisées. Après un premier semestre (juillet 2024 – décembre 2024) en fort repli, le second semestre (janvier 2025 – juin 2025), soutenu par la demande, des prix français attractifs, et des exportations vers les pays de l’Union Européenne, a permis d’afficher un certain regain de dynamisme à Rouen.
Par destination, le Maghreb totalise 1,67 Mt de céréales exportées depuis Rouen, principalement vers le Maroc, première destination du blé français pour la campagne 2024 – 2025. L’Union Européenne a représenté 1,53 Mt des céréales exportées, dont 0,67 Mt vers le Portugal, et l’Afrique de l’Ouest de son côté a représenté 0,53 Mt. Contrairement aux années précédentes, la Chine a été beaucoup moins présente sur le marché et les flux sont en forte baisse vers cette destination à 0,38 Mt (contre 2,5 Mt sur la période précédente). Enfin, les opérateurs céréaliers ont expédié vers des destinations moins habituelles telles que la Lybie, la Jordanie, l’Arabie Saoudite, le Qatar, l’Egypte ou encore la Thaïlande.
A la différence des céréales, les exportations d’oléagineux et de protéagineux ont fortement progressé à +74% pour atteindre 0,29 Mt grâce notamment au bond des exportations de colza.
Pour la campagne 2025-2026 qui s’ouvre, la récolte s’annonce nettement meilleure en termes de rendement et la moisson plus précoce. Les volumes destinés à l’exportation vers des pays-tiers devraient donc être largement supérieurs
La campagne écoulée a aussi été marquée par le lancement des travaux du nouveau silo du groupe BZ sur le Quai de Petit-Couronne (QPC). Le futur équipement doit permettre d’augmenter la capacité de stockage de l’opérateur qui passera de 75 000 à 130 000 tonnes. Il devrait être opérationnel courant 2026.
De son côté, HAROPA PORT accompagne le développement des trafics qui devrait résulter de ce nouvel équipement. Le port a engagé des travaux afin d’adapter les capacités nautiques du quai concerné. Une première étape, aujourd’hui en voie d’achèvement, a consisté en la mise en place de deux nouveaux ducs d’Albe en aval du quai et à allonger l’appontement de 16 m. Des nouvelles défenses d’accostage ont également été posées afin d’améliorer les conditions d’exploitation.
Autre événement pour l’export de céréales au cours de la campagne 2024-2025, le 7 mars dernier, le vraquier Kavo Alkyon à destination de la Jordanie a effectué une descente programmée en bi-marée. Cette opération permet aux navires de type Panamax de charger davantage de tonnage de céréales en « surfant », lors de leur descente de la Seine, et rejoindre l’estuaire sur les plus hautes eaux afin de disposer d’un tirant d’eau supplémentaire. Le succès de l’opération qui nécessite un arrêt au poste d’attente de Radicatel a été le fruit d’une collaboration étroite entre les équipes de HAROPA PORT | Rouen et particulièrement la capitainerie, les services portuaires (lamanage, pilotage et remorquage), le chargeur et l’agent maritime. Il ouvre des perspectives intéressantes pour les opérateurs céréaliers de la place portuaire car il permet d’envisager, lorsque les conditions le permettent, une organisation de la descente des grands vraquiers en Seine qui peut améliorer leur compétitivité et conforter l’attractivité de leurs installations à Rouen.