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Cécidomyies orange, l’épiaison des blés a débuté, le suivi des cuvettes aussi

Les premiers adultes de cécidomyies orange ont été capturés depuis une semaine en région Centre. La pose de cuvettes jaunes dans les parcelles de blé dur et de blé tendre à partir du stade épiaison est un bon moyen de suivre les vols pour décider d’une éventuelle intervention insecticide.

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A partir de l’épiaison, les femelles des cécidomyies orange peuvent pondre leurs œufs dans les glumes des épis. Cette activité de ponte est dépendante de certaines conditions climatiques qui leur sont favorables : temps orageux, température supérieure à 15°C en soirée et vent inférieur à 7 km/h. En se nourrissant aux dépens des grains dès leur éclosion, les larves peuvent engendrer des dégâts d’ordre quantitatif et qualitatif. Les attaques précoces provoquent même parfois un avortement des fleurs. La nuisibilité de ce ravageur est estimée à environ -1 q/ha pour une moyenne d’une larve par épi (en blé tendre comme en blé dur).



Photo 1: femelle de cécidomyie orange sur un épillet de blé.

Photo 2: larve de cécidomyie orange.

Avec une variété résistante, le suivi des vols est inutile

Certaines variétés de blé tendre sont résistantes aux cécidomyies orange. Cette résistance n’empêche pas les cécidomyies adultes de voler et de pondre dans les épis mais les larves qu’elles produiront ne pourront pas se développer et ne produiront donc pas de dégâts. Ce moyen de lutte est le plus efficace (100%) pour contrer des attaques fréquentes et ne nécessite pas d’intervention chimique. Parmi les inscriptions 2017, Cecybon, Hypodrom, Kylian, Lipari et RGT Cyclosont des variétés résistantes à ce ravageur et adaptées aux régions Centre – Ile-de-France – Auvergne. Les autres variétés et leurs caractéristiques sont présentées dans le tableau 1.


Tableau 1 : Liste des variétés de blé tendre résistantes aux cécidomyies orange
Résistance confirmée dans les essais d’Arvalis, de ses partenaires et du Geves

Pour les autres variétés, il est possible d’estimer le risque agronomique à la parcelle

La présence de cécidomyie orange est très dépendante de la parcelle (fréquence de retour du blé, type de sol…) et le vol varie selon le climat de l’année (fréquence, intensité, durée). Le suivi des vols est souvent très chronophage. Il peut donc être utile de prioriser les parcelles pour lesquelles la pose de cuvettes jaunes est indispensable. La grille d’évaluation du risque agronomique (tableau 2) attribue une note de risque à la parcelle étudiée : plus cette note est élevée, plus la probabilité de présence du ravageur est importante. Les parcelles les plus à risque sont donc celles pour lesquelles la surveillance du ravageur par la pose de cuvettes est prioritaire.

Tableau 2 : grille agronomique pour évaluer le risque cécidomyie orange


(*) Résistance aux cécidomyies orange. Attention, une autre cécidomyie existe : la cécidomyie jaune (Contarinia tritici), qui peut ponctuellement être présente et occasionner des dégâts, même sur les variétés résistantes aux cécidomyies orange.
NB1 : Un semis précoce (avant le 10 octobre) augmente le risque de cécidomyies.
NB2 : Le labour provoque un étalement des émergences dans le temps rendant plus difficile leur contrôle.

Préconisations suivant la note de risque :
0 : Parcelle ne présentant aucun risque. Ne pas traiter. Rappel : les variétés résistantes n’empêchent pas les adultes de voler, mais inhibent le développement des larves au niveau du grain, d’où l’absence de dégâts.
1 à 4 : Parcelle présentant un risque faible, la pose d’un piège est tout de même conseillée afin de surveiller les populations.
5 et 6 : Parcelle à risque. La pose de cuvettes jaunes doit être effectuée afin de surveiller si un traitement est nécessaire (seuil = 10 cécidomyies/piège/24 h).
7 et 8 : Parcelles à fort risque d’attaque. Une observation toutes les 48h, voire journalière, à l’aide de cuvettes jaunes est préconisée afin de déclencher le traitement à la bonne date. Le semis d’une variété résistante est conseillé.

Remarques :
– Si un traitement est déclenché, le faire seulement lorsque les cécidomyies sont en plein vol (au crépuscule et par temps calme). En effet, aucun produit insecticide n’a d’effet ovicide.
– Une attaque de cécidomyies provoquera des dégâts seulement si elle a lieu pendant la période sensible du blé (apparition de l’épi – fin floraison) ; la pose de pièges en dehors de cette période n’est pas nécessaire.
– Le risque cécidomyies orange est fortement dépendant de la météo. S’il n’y a pas de pluie (ou irrigation) importante associée à des températures chaudes en avril-mai, alors les émergences sont plus faibles.

Piéger pour décider d’une intervention

Les insecticides en végétation autorisés sont majoritairement des produits de contact qui ne sont pas efficaces sur les œufs ou les larves. L’intervention vise donc à empêcher les adultes de pondre au moment de leur vol. La période optimale de traitement est courte car ceux-ci ne sont actifs que le soir.

Pour déterminer la période optimale, il est recommandé de suivre le vol des adultes grâce à des cuvettes jaunes, en respectant les étapes suivantes :
• Mettre en place 2 cuvettes par parcelle à partir du stade gaine fendue, le haut de la cuvette devant être positionné à la base des épis.
• Faire un relevé tous les 2 jours, matin ou soir, jusqu’à l’apparition des cécidomyies.
• Faire un relevé journalier dès l’apparition des premières captures, matin ou soir.
• Si 10 cécidomyies orange sont capturées en moyenne par cuvette et sur 24 h, observer le soir même la présence de cécidomyies en position de pontes sur les épis.
• Si c’est le cas, déclencher le traitement le soir même.



Photo 3: positionnement d’une cuvette jaune dans du blé contenant de l’eau, du gros sel et quelques gouttes de liquide vaisselle.


Tableau 3 : insecticides en végétation autorisés sur cécidomyies des fleurs du blé

Même bien positionnée, l’efficacité des insecticides est moyenne ou aléatoire. Avec une persistance d’action des produits de 3 jours maximum, une ré-intervention peut être justifiée en cas de vols répétés et lorsque les conditions climatiques citées ci-dessus sont de nouveau rassemblées.

 

Edouard Baranger, Michel Bonnefoy, Delphine Bouttet, Chloé Malaval Juery Agnès Tréguier (Arvalis – Institut du végétal)

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