La France n’a pas les moyens de s’imposer cette année sur les marchés des céréales, très bien approvisionnés par ailleurs. Elle ne pourra exporter que 13,2 Mt de blé au sein de l’Union européenne et hors de ses frontières.
D’ici fin la fin de la campagne, la France ne pourra pas exporter plus de 13,2 Mt de blé et pourtant elle sera à la fois fortement concurrencée sur l’ensemble des marchés européens et hors de l’Union européenne par du blé d’origines différentes.
Au sein de l’Union européenne, notre pays sera concurrencé par la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie qui ont moissonné une production record de 9 Mt. Si bien que les trois pays baltes ont les moyens de vendre jusqu’à 7,8 Mt de blé fourrager.
En Pologne et en Espagne aussi, les productions sont bonnes : respectivement 11,4 Mt et 7,7 Mt (+1,9 Mt) si bien que l’Espagne importera moins de grains cette année.
Cependant, la Roumanie (5,6 Mt) et la Bulgarie (4,6 Mt) seront en retrait car ces deux pays membres de l’Union européenne ont récolté 5,8 Mt de blé de moins que l’an passé.
Outre la question des quantités de blé disponibles en moins, s’ajoute la désaffection au fil des mois des fabricants d’aliments à l’égard de ces céréales. Pour le blé par exemple, 40 Mt seraient transformées en aliments dans l’Union européenne à Vingt-sept selon le CIC, soit 10 Mt de moins que l’an passé.
Même s’il doit être importé, les fabricants d’aliments européens préfèrent incorporer du maïs (20,4 Mt, + 2 Mt sur un an) compte tenu des écarts de prix très avantageux de la céréale par rapport au blé et à l’orge.
Enfin, la réévaluation de l’euro renchérit les prix à l’export. Aussi, le blé européen a perdu en compétitivité. Par rapport à la campagne passée, l’euro a crû de 10 centimes par rapport au dollar tandis que la dépréciation du rouble se poursuivait.
Dans ce contexte, Agritel esquisse un panorama de la campagne de commercialisation du blé produit en France. Elle porte sur 13,2 Mt : 6,3 Mt seront vendues hors de l’UE, 6,7 Mt avec les 26 autres pays membres et 200 000 tonnes vers les départements et territoires d’outre mer.
Selon Agritel, l’organisme spécialisé dans la gestion des risques des marchés agricoles, la France vendrait 600 000 t de blé à l’Espagne (1,4 Mt l’an passé) et 3.9 Mt au Bénélux,
Hors de l’Union européenne, la France ne pouvant exporter que 6,3 Mt, ne profiterait pas de l’opportunité que représente le marché de l’Afrique du nord : 29,2 Mt de blé seraient importées selon le CIC.
Aussi, la France ne recherchera pas à être compétitive en Egypte où elle avait vendu 935 000 t de blé l’an passé. Or ce pays pourrait importer plus d’un million de tonnes de blé par mois.
Sur le marché algérien, la France serait concurrencée par la Pologne et les Pays baltes. Aussi, seules 2,6 Mt seraient expédiées depuis les ports français (5 Mt la campagne passée). Et en Afrique subsaharienne, 1,32 Mt serait vendus.
Cependant, la Chine continuera à acheter du blé français (1,1 Mt de vente) car elle se détourne du blé australien et même américain compte tenu des tensions géopolitiques avec ces pays.
Notre illustration ci-dessous, bateau céréalier dans le port de Rouen (photo Adobe).