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En Argentine, suite à la libéralisation du marché, le blé retrouve ses propres fondamentaux grâce à l’export.
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L’analyse des exportations argentines au cours du premier trimestre des quatre dernières campagnes illustre l’impact de la libéralisation du marché argentin sur les cours du blé domestiques (figure 1).
En 2014/15, l’intervention publique sur le marché bat son plein en Argentine. Du 01/12/2014 au 28/02/2015, le pays n’a exporté que 1,4 Mt de blé. C’est le deuxième plus mauvais score de son histoire, derrière la campagne précédente où l’Argentine avait exporté à peine 0,4 Mt sur la même période. Il convient de rappeler qu’au mois d’octobre 2013, le blé argentin atteignait 750 dollars la tonne sur le marché physique, notamment en raison de la farouche intervention de l’Etat.
C’est lors de la campagne 2015/16 qu’un changement politique radical se dessine en Argentine avec l’élection de Mauricio Macri. Le marché à terme argentin n’a pas tardé à réagir en affichant une forte hausse à la suite du premier tour (figure 1). Puis les cours ont baissé dans le sillage d’exportations relativement fortes au premier trimestre, les opérateurs ayant dû renoncer à se positionner en avance face aux incertitudes liées au deuxième tour présidentiel et à la qualité de la future récolte.
Figure 1 : évolution des cours du blé disponible sur les marchés à terme argentin et américain du 01/10 au 28/02, pour les quatre dernières campagnes (2014/2018)
La campagne 2016/17 marque le vrai retour du blé argentin sur la scène internationale. Deux raisons majeures expliquent le dynamisme observé durant le premier trimestre de cette campagne. D’une part, la suppression totale des instruments d’intervention tels que le quota et les taxes aux exportations, a permis aux exportateurs de se positionner bien avant l’arrivée de la récolte. D’autre part, la qualité du blé en 2016/17 s’est particulièrement améliorée par rapport à la campagne précédente.
Le premier trimestre de la campagne 2017/18 confirme cette tendance. L’Argentine a d’ores et déjà exporté 6 Mt, soit légèrement plus de la moitié de son solde exportable prévu à 11,7 Mt. Le pays est structurellement obligé d’être compétitif au premier trimestre de sa campagne s’il souhaite écouler des excédents compte tenu du manque « d’appétit » que les meuniers brésiliens affichent à cette époque de l’année. Une fois que les Brésiliens passent à table (à partir d’avril), la situation se complique puisque les autres convives doivent se partager ce qu’il reste du repas.
Du 01/12/2017 au 28/02/2018, l’Argentine a exporté 6 Mt, dont 1,5 MT sont parties au Brésil. Les estimations d’importation du Brésil en blé argentin pour cette campagne sont de 5,9 Mt, ce qui signifie que le pays devrait encore s’approvisionner à hauteur de 4,4 Mt sur les 5,7 Mt de blé argentin disponibles jusqu’à la fin de la campagne. Il resterait donc un peu plus de 1 Mt pour les autres importateurs mondiaux.
Par Antoine Jeandey
Journaliste professionnel depuis 1987. Rédacteur en chef de WikiAgri depuis sa création, en janvier 2012. Par ailleurs élu, adjoint au maire de Chaudon (commune rurale d'Eure-et-Loir, 1700 habitants). Co-auteur (avec Camille Beaurain) de "Tu m'as laissée en vie - Suicide paysan, veuve à 24 ans" paru au Cherche Midi éditeur.