moisson 2016 bl

Blé, il manque 700 euros par hectare pour solder 2016 et financer la campagne 2017

Moisson 2016 catastrophique ! A 135 € la tonne payée, le chiffre d’affaires par hectare de blé est inférieur de presque la moitié au coût de son implantation. Il ne permet pas de couvrir les charges et encore moins de financer la nouvelle campagne. Le besoin de trésorerie pourrait alors atteindre 700 à 800 € par hectare.

Des avances de trésorerie à la tonne de blé plus de deux fois inférieur à son coût de production. C’est ce à quoi doivent s’attendre les producteurs, a déploré Philippe Pinta, président d’Orama, le 27 juillet dernier.

Contacté, Yannick Carel, ingénieur d’Arvalis – Institut du végétal, confirme cette prévision et annonce une perte sèche de près de 70 €/t pour une baisse de rendement de 20 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années (6,5 t/ contre 8,1t/ha sur 15 départements référencés, essentiellement au nord de la Loire). Pour une diminution de 30 %, une perte de 100 €/t est tout à fait plausible.

Comment expliquer cette situation économique et financière ?

Avec des charges de production de 1 600 €/ha (source Arvalis), rémunérant l’ensemble des facteurs de production (main-d’œuvre familiale, capital, foncier), le coût de production complet à la tonne de blé aurait pu être de 200 €/t pour un rendement proche de la moyenne quinquennale. Mais la chute de rendement constatée dans les champs, et dont personne n’est en mesure d’en évaluer l’ampleur précise en cette fin de juillet, change complètement la donne.

Une baisse de 20 % de la production de blé par hectare par rapport à la moyenne quinquennale (8,1 t/ha pour rappel) porterait alors le coût de production de la tonne à 245 €, selon Arvalis. Pour une chute de 30 %, ce dernier serait de 280 €/t.

En déduisant les aides versées de 260 €/ha en moyenne, les prix de revient seraient alors respectivement de :

– 165 €/ha pour 8,1 t/ha (estimation d’Arvalis pour 8,1 t/ha – moyenne  quinquennale);
– 205 €/ha pour 6,5 t/ha (baisse de 20 %);
– 235 €/ha pour 5,7 t/ha (baisse de 30 %).

Aujourd’hui, l’autre grande inconnue reste le prix auquel sera rémunéré  la tonne de blé. Compte tenu de certaines caractéristiques techniques des grains (faible PS notamment), il est difficile de se référer aux prix indiqués par les marchés. En prenant pour hypothèses des prix de l’ordre de 130 à 140 €/t le chiffre d’affaires attendu par hectare de blé est quasiment inférieur de moitié aux charges de production. Aussi, la perte porte sur près de 110 €/t (245 € – 135 €) et peut atteindre 150 €/t (280 € – 135 €) pour une chute de rendement de 30%.

Evidemment, les aides Pac ramenées à la tonne de blé produite réduisent ces pertes par tonne de 40 € à 45 € environ, ce qui les ramènent respectivement à 70 €/t (205 €- 135 €) et à 100 €/t (235 €- 135 €) environ.   

Ces chiffres peuvent être minorés de l’ordre de 35 €/t si on ne prend en compte que les charges de trésorerie (c’est-à-dire sans la rémunération du chef d’exploitation et des capitaux).

Financer une campagne pour le prix de deux !

Aujourd’hui, les agriculteurs vont donc devoir faire face, non seulement à un manque à gagner de l’ordre de 450 €/ha (70 €/t x 6,5 t/ha) pour la récolte 2016, mais également à la nécessité de trouver la trésorerie nécessaire (de l’ordre 300 €/ha) pour implanter le blé de 2017.

Au final, c’est donc bien des besoins de trésorerie de l’ordre de 600 à 750 €/ha qu’il faudra dégager sur du très court terme pour assurer la pérennité des exploitations. Et même de 850€ et plus pour des pertes de rendements de 30 % par rapport à la moyenne quinquennale prise comme référence.

Pour l’orge et les autres céréales à paille, une étude similaire conduirait à des conclusions du même ordre.

Dans ce contexte, face aux pertes à supporter, poursuivre la redistribution des aides Pac est mal venu. Selon Philippe Pinta, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, « doit renoncer à augmenter comme prévu, au détriment des producteurs de grandes cultures, la part des aides de la Pac consacrées aux aides supplémentaires (« paiements redistributifs ») sur les premiers hectares de chaque exploitation. Au regard de la réglementation européenne, il doit en décider ainsi avant le 31 juillet, sous peine d’ajouter au désarroi des producteurs de céréales, d’oléagineux et de protéagineux ».

 

1 Commentaire(s)

  1. Malheureusement dans l’indre ou j’exploite on fait -40% en rendement Blé et autres cultures, quel avenir ? doit on resemer ? L’inconnu devant nous, la faillite en 2017 si les prix ne sont pas au minimum de 180 €/T de blé pour la récolte 2017 et pour cette année l’ordre de grandeur est idem a l’article.

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