Le manque d’informations technique sur le recto d’un lubrifiant est souvent compensé par des écritures de normes illisibles affichées au verso.
Un bidon d’huile 15W40 pour les moteurs, 80W90 pour les engrenages et un fût HV 46 pour les animations hydrauliques. Cette approche de stock d’atelier était courante il y a plus de 25 ans. A cette époque, les moteurs n’avaient pas de turbocompresseurs, encore moins de catalyseur SCR, et les circuits power beyond n’étaient pas encore découverts. La gestion des consommables se pré- sentait de manière simple, avec beaucoup d’ingrédients communs pour un parc d’automoteurs variés. Les huiles multifonctions n’étaient pas réservées qu’aux convertisseurs de couples, mais les périodicités de vidanges étaient mensuelles dans certains cas d’utilisations intensives. Comment s’y retrouver aujourd’hui pour être sûr de respecter la qualité d’huile ? Dressons un tour rapide des normes, spécifications et homologations pour assurer la durabilité de nos machines.
L’achat d’un nouveau tracteur ou d’un matériel d’occasion muni d’une centrale hydraulique vous interroge sur la périodicité de vidange des carters d’huiles et surtout sur l’utilisation possible d’un stock que vous accumulez. Le bon sens vous fait penser qu’une bonne vieille 15W40 convient toujours à une motorisation diesel et qu’un fût de HV 46 passe les années comme un bon vin de garde. C’est malheureusement plus compliqué, et il est fort probable qu’une combinaison de trois lubrifiants de votre atelier ne suffise pas pour l’ensemble de vos outils, qu’ils soient automoteurs ou attelés. Les plus sceptiques attribueront cette complexité à une obsolescence programmée par les motoristes. Les plus lucides imaginent que les évolutions technologiques des moteurs et transmissions contraignent à adapter une huile ou une graisse avec des additifs toujours plus spécifiques.
Ne vous arrêtez pas à la viscosité. Les termes synthétiques, performances, racing, essence ou diesel n’informent pas plus que le pictogramme automobile sur la qualité de l’huile et son usage… y compris agricole.
Les huiles 15W40 peuvent être disponibles pour des normes de qualités très différentes. Attention à ne pas s’arrêter à cette simple information de viscosité.
N’envoyez pas un novice choisir un bidon d’huile moteur chez votre distributeur. Face à plusieurs dizaines de marques de lubrifiants et tout autant de différences de prix, il serait hasardeux d’acheter systématiquement l’huile la moins chère ou la plus dispendieuse. Le sentiment qu’un bidon aux couleurs de la marque du tracteur garantit un respect des préconisations n’est pas plus judicieux. La première étape se réalise donc à l’atelier ou au bureau, en consultant les manuels d’entretien des machines. Depuis plus de 15 ans, ils contiennent les spécificités minimales attendues pour chaque sous-ensemble à lubrifier. La norme SAE classifie les huiles selon leur facilité d’écoulement et de pompabilité (variable selon la température). La dénomination est souvent constituée de deux nombres séparés d’un W : SAE 5W30 ou 15W50 par exemple. La viscosité à froid est le premier chiffre. Plus il est faible et plus l’huile restera liquide à basse température. A l’inverse, le nombre qui suit le W correspond à la conservation de viscosité à chaud. Plus la valeur est élevée et plus l’huile restera épaisse à forte température. Une huile monograde (exemple SAE 30) propose une plage d’uti- lisation réduite et est réservée aux motorisations anciennes tandis qu’un lubrifiant multigrade très étendu comme SAE 10W60 offre un maintien de viscosité dans des situa- tions plus larges. Le prix d’achat sera également impacté par cette performance de fluidité.
La viscosité peut être préconisée en fonction des températures ambiantes du véhicule. Si la valeur est imposée (exemple 5W30 en Europe de l’Ouest), il s’agit peut-être d’une exigence technique de conception du moteur qu’il faut prioriser.
Au-delà de la spécification SAE un constructeur ne peut jamais imposer une marque d’huile, mais uniquement des normes de qualités à respecter. On retrouve d’abord deux classifications internationales :
Une fois les spécifications de lubrifiant de la machine identifiées dans le livret d’entretien, il suffit de retrouver les normes API, ACEA et l’homologation constructeur exigée.
Les transmissions hydrostatiques d’automoteurs de récolte, les centrales hydrauliques d’outils attelés ou les ponts arrière immergés de tracteurs exigent une huile étrangement dénommée hydraulique. C’est la norme ISO qui classifie la qualité de ces lubrifiants d’animation d’organes. Un couple de lettre HM ou HV par exemple informe du niveau de qualité croissant tandis que le nombre qui suit indique le grade de viscosité. Les huiles HV 46 dominent le marché des lubrifiants agricoles mais doivent cependant être choisies avec rigueur. Un indice de viscosité (méthode D2270) minimum peut être exigé par certains constructeurs. Cette information majeure disponible dans les documentations techniques peut varier à moins de 150 jusqu’à plus de 175, faisant parfois doubler le prix d’un même lubrifiant. Certaines boîtes de vitesses ou pont avant de tracteurs exigent des normes spécifiques : LS, STOU, Dexron. Toujours dans la même logique, veillez à respecter scrupuleusement les exigences précisées dans le livret du constructeur. De nombreuses défaillances mécaniques sont dues à des erreurs volontaires ou non de spécifications ou d’homologations. Dans le cas d’un achat d’occasion ou d’un diagnostic de pannes, il est toujours préférable de réaliser des analyses d’huile usagée pour identifier le niveau d’évolution des potentielles détériorations. Dans la même logique, tous les autres lubrifiants sont identifiables par une viscosité et une qualité d’additivité : JASO pour les motorisations deux –temps ou NLGI pour les graisses par exemple. Pour résumer :