vincent gr goire

A la recherche du bien-être en élevage

Retour sur plusieurs témoignages d’éleveurs « biens dans leurs baskets malgré des situations difficiles » des réseaux Trame et Geda lors du Space 2015.

L’édition 2015 des rencontres « Les éleveurs parlent aux éleveurs » s’est déroulée du 17 au 19 septembre au Salon de l’élevage de Rennes : trois déjeuners et trois débats d’actualité. Trame et la Fédération régionale des Geda de Bretagne ont donné la parole à des éleveurs du Grand Ouest, mais aussi de Corrèze ou de Seine-Maritime.

Vincent Grégoire, éleveur de porcs en Ille-et-Vilaine, appartient à un groupe d’agriculteurs qui vont, à tour de rôle, observer les pratiques d’autres agriculteurs.

« J’ai suivi  la formation des CETA sur le Lean Management (ou Amélioration continue) car je me demandais améliorer l’efficacité du travail sur l’exploitation ». Dans notre groupe CETA, « ce sont les collègues agriculteurs qui posent un diagnostic sur notre façon de travailler. Par exemple, avec d’autres éleveurs, nous sommes allés chez un collègue, Jean-Christophe Lesaige, pour l’observer lors de la traite de 6h00. Nous avons pris des notes, des photos et lui avons posé des questions sur ces façons de faire. Puis avec nos regards extérieurs (même moi qui ne suis pas dans la même production), nous lui avons fait part en salle de toutes nos remarques sur ces pratiques, les bonnes comme les mauvaises. Nous en avons discuté pour envisager les changements utiles, du plus facile au plus difficile à mettre en œuvre sur cette exploitation qui produit du lait.  Ce travail en collectif lui a permis de commencer à mettre en œuvre des solutions sur l’exploitation pour améliorer mon efficacité au travail et celle des salariés. » Et Vincent Grégoire de continuer : « L’observateur extérieur aide à prendre du recul dans son travail, à réfléchir autrement. Ça nous met dans une dynamique. C’est aussi remettre l’humain au cœur de la performance de l’exploitation. »

Maryline Philippart, agricultrice dans le nord de l’Ille-et-Vilaine, a décidé de vendre sa ferme.

« Je suis à la fois déçue et soulagée de cette décision. » En 2011, elle s’installe en EARL avec son père qui part en retraite fin 2013. Maryline Philippart continue seule, mais se retrouve rapidement confrontée à des problèmes : la lourdeur du travail physique difficile à assumer seule, un manque de trésorerie et de capacité d’investissement pour modifier l’outil de production, des investissements incontournables à venir pour développer la capacité de stockage des effluents. « Etre seule pour tout gérer, les orientations stratégiques, le pilotage, la réalisation des tâches, a fini par être trop dur à porter. Cela me laissait aussi trop peu de disponibilité pour développer une vie de famille. J’ai donc pris la décision de vendre l’exploitation. Au début, j’ai pris cette décision pour moi, je n’en ai pas parlé pendant 3 mois. Je craignais la réaction de mes parents ; ils ont été déçus, mais ils ont accepté le fait que ça ne pouvait plus continuer ainsi. » En 2015, Maryline Philippart poursuit l’activité de la ferme, en parallèle de sa mise en vente pour l’installation future d’un jeune, du recueil de propositions avant de procéder aux estimations et aux négociations. « Je ne sais pas exactement à quel moment je vais vendre ; ce n’est pas une bonne année, avec les incertitudes qui pèsent sur les éleveurs en ce moment. Mais au final, je suis soulagée d’avoir pris cette décision, d’être libérée des responsabilités et des papiers, même si il reste encore la vente à gérer. »

Isabelle Dilard est chef d’exploitation en lait et cultures en Seine-Maritime.

Isabelle Dilard est adhérente des groupes d’agricultrices de ce département normande. Après 14 ans comme secrétaire commerciale, elle s’est reconvertie et s’est beaucoup investie dans le développement personnel. Elle vante désormais sans relâche les bénéfices de ces techniques. « Avec le travail que j’ai fait sur moi, en formation, dans les groupes féminins, j’ai affronté différemment la crise laitière de 2009, tout comme celle de cette année. Cela ne change pas la dureté de la crise, mais j’affronte la situation autrement. J’ai fait des choix, anticipé, développé d’autres activités. Si on est dans le mal-être, on est moins productif car le temps passé à ruminer n’aide pas à se projeter dans l’avenir ».

 

En savoir plus : www.trame.org (site de Trame, où l’on peut retrouver d’autres témoignages en matière du bien-être de l’agriculteur, sur la santé du troupeau et du sol, et sur les nouvelles technologies en élevage).

Ci-dessous, Vincent Grégoire…

… Et Maryline Philippart.

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