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En mars 2017, à quelques semaines du premier tour de scrutin pour l’élection de la Présidence de la République française, j’écrivais – au sein d’une tribune publiée ici même, par l’équipe éditoriale de Wikiagri dont je salue l’engagement constant à fournir une information indépendante, que le renouveau de l’agriculture française passe par un projet de société, expliqué puis accepté par tout un peuple.
A cette occasion, je soulignais que ce projet de société doit mettre un terme à l’incompressible processus de massification de nos organisations politiques, économiques et sociales et de métropolisation de nos territoires. Des villes qui avancent, des campagnes qui se réensauvagent, ça n’est pas l’affaire de quelques-uns. C’est un choix de société, la mise en cause puissante de notre civilisation. Je fais partie de ceux qui ne l’acceptent pas et qui ont décidé d’entrer en résistance.
D’abord moqué, puis surtout tenu à distance des hauts lieux du débat public, je fus finalement, avec le plus faible taux d’exposition médiatique, le premier des petits candidats en nombre de suffrages exprimés. Plus important encore, le premier de tous les candidats en termes de maîtrise de l’argent public avec seulement 250 000 euros investis dans la campagne électorale contre près de 100 millions d’euros pour tous les autres candidats.
Les Français m’ont découvert bien trop tardivement pour être en situation de transformer, au cours de l’élection présidentielle, le formidable élan de sympathie et d’intérêt qu’ils m’ont pourtant témoigné avec vigueur, par la suite, tout au long de la campagne électorale législative puis de la trêve estivale.
Toutefois le message politique a fini par passer : on ne reconstruit pas un pays en abandonnant sur les bas-côtés 60 % de notre géographie et plus de la moitié de la population. Tant est si bien qu’après une rentrée parlementaire exceptionnelle en septembre 2017, au cours de laquelle j’amplifiais l’échos reçu par le projet politique qui nous a rassemblé, avec quelque 430 000 compatriotes, soit au sein de l’hémicycle parlementaire, soit sur quelques plateaux médiatiques de référence, je me retrouvais confronté à une violente campagne de diffamation publique.
Non, je n’ai jamais ni de près ni de loin commis la moindre agression à l’égard d’une femme ou d’un homme. Oui, je respecte profondément chaque être. Mais force est de constater que lorsque l’on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage… Défendre la place des territoires et l’expression populaire dans la République est certainement considéré comme trop subversif par le nouvel ordre imposé. Et c’est ainsi que l’on parvint, presque, à me faire taire d’octobre à décembre. Je dis presque ! Car, et c’est une source d’espoir, la jeunesse de notre pays ne s’en laisse toujours pas compter. Et c’est elle, cette jeunesse française, qui m’a offert au cours de ce dernier trimestre les plus belles agoras, loin des artifices de l’information en continu. Je veux en cette fin d’année 2017 lui rendre un vibrant hommage.
Des universités de La Sorbonne à Assas et Dauphine à Paris, de l’université de Cergy à l’EDHEC à Lille, ou encore l’EM à Lyon, partout je pus dialoguer sereinement avec des milliers d’étudiants, libres d’esprit mais ostensiblement inquiets de l’avenir du pays, et surtout de leur avenir en ce pays. Cette inquiétude est encore plus patente vu de l’étranger. En déplacement en Amérique Latine en novembre puis au Canada en décembre, partout, j’ai rencontré des milliers de compatriotes exilés, pour certains plus âgés fuyant une société de la surveillance et de la délation, pour d’autres cherchant simplement à pouvoir bâtir leur vie, c’est-à-dire une carrière et une famille, vous entendez bien, une carrière et une famille…
Jeunesse française, vous ne vous laisserez pas corrompre ! Continuez de refuser le silence. Et vous prendrez, entre vos mains, le pouvoir de guider la République.
Le 22 décembre dernier, la Safer, révélant la vente de 900 hectares de terres agricoles auvergnates à des Chinois, dénonçait enfin publiquement l’accaparement des terres par des groupes financiers au détriment du modèle français d’agriculture familiale et demandait une action gouvernementale. Dont acte. En tant que parlementaire, je suivrai avec grande attention l’action du ministère de l’Agriculture en la matière.
D’ores et déjà, je veux dire qu’à moins d’un changement radical du logiciel gouvernemental, il n’y a pratiquement aucune chance que des amendements marginaux aux lois en vigueur, notamment sur les conditions de transmission des propriétés, puissent avoir le moindre impact structurel sur une tendance de fond engagée depuis des années. Pourquoi ? Parce que face à la pression spéculative qui s’exerce désormais de toute part sur le foncier français, après avoir fini d’absorber goulument toute la valeur de notre patrimoine immobilier, seule une réponse systémique, et donc politique, permettra de changer la donne.
Il ne s’agit plus de savoir qui achète ou se débarrasse de nos terres agricoles et de notre patrimoine rural ! Ici les financiers chinois, là Butagaz à l’occasion du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes, ou encore, dans une toute autre configuration, la si caritative fondation des Apprentis d’Auteuil qui ferme le seul centre d’apprentissage de tout le Haut Béarn, laissant sur le carreau près de 80 emplois et une capacité à former 150 jeunes par an. Non, il s’agit de comprendre pour quoi faire ! Voilà la grande question que nous allons tous devoir résoudre en 2018.
Que voulons-nous pour nos communes et nos villages ? Que voulons-nous pour nos villes et nos quartiers ? J’avais proposé lors de la campagne présidentielle un grand plan de redressement de nos campagnes et territoires de France. Celui-ci reposait, d’une part, sur la restauration d’une démocratie de proximité, essentiellement communale et territoriale, et en tous cas, à hauteur des hommes et des femmes qui y vivent. D’autre part, sur le réinvestissement des quelques milliards d’euros excédentaires que la France verse chaque année au budget de l’Union européenne. Et que constate-t-on aujourd’hui ? La plus grande concentration budgétaire jamais connue aux mains des préfets !
La République se désagrège d’autant plus que l’Etat prétend tout régir. La République, nous ne le rappellerons jamais assez, c’est un gouvernement bien sûr, un Etat sans conteste, mais aussi des territoires et un peuple souverain qui doit pouvoir s’exprimer librement et agir en pleine conscience de ses droits et de ses devoirs. Or le droit le plus essentiel des paysans en France depuis la fondation de notre pays, c’est de pouvoir travailler la terre, produire sa contribution à l’autonomie alimentaire du pays et en vivre dignement. Depuis que ce droit n’est plus garanti, ce sont non seulement nos territoires ruraux qui tombent les uns après les autres, mais ce sont aussi nos villes de taille moyenne qui s’affaissent, perdant tour à tour leurs services publics les plus essentiels, des maternités aux gendarmeries.
Paysans de corps ou de cœur, vous tous qui, par votre simple bon sens, constatez avec effroi l’engrenage infernal, unissons nos forces ! Préparons-nous à mener le combat partout où l’intégrité territoriale est atteinte. Et nous forcerons l’histoire à changer de camp. Pour que le temps des paysans, celui des campagnes et du monde rural revienne, avant qu’il ne soit trop tard, résistons !
Jean Lassalle
conseiller municipal de Lourdios-Ichère
député des Pyrénées-Atlantiques
président du parti politique Résistons !

En savoir plus : http://jeanlassalle2017.fr (site internet de la campagne présidentielle de Jean Lassalle) ; https://www.facebook.com/lassalle.jean (page Facebook de Jean Lassalle pour suivre son actualité parlementaire et politique au quotidien) ; @jeanlassalle (compte Twitter de Jean Lassalle) ; http://resistons-france.fr (site internet du mouvement Résistons ! créé par Jean Lassalle) ; https://wikiagri.fr/articles/le-renouveau-de-lagriculture-francaise-passe-par-un-projet-de-societe/12960 (précédent’e tribune signée Jean Lassalle sur WikiAgri).
Ci-dessous, quelques interventions (vidéos) récentes de Jean Lassalle à l’Assemblée Nationale en lien avec les enjeux abordés dans cette tribune (les vidéos intégrées sont visibles si vous êtes connectés à Facebook, sinon vous avez les liens où les retrouver) :
https://www.facebook.com/lassalle.jean/videos/10156719604927067
https://www.facebook.com/lassalle.jean/videos/10156719599297067
https://www.facebook.com/lassalle.jean/videos/10156879864302067
La photo ci-dessous est issue du compte Twitter de Jean Lassalle.