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La faute au système ? Très bien, alors changeons de système ! C’est ce qu’a réalisé Mikhail Shlyapnikov, agriculteur russe qui a fait fonctionner son marché local avec une cryptomonnaie (monnaie numérique) en lieu et place du rouble afin de redoubler les échanges, et de contourner les banquiers.
La création d’un modèle économique local pour son village et les alentours immédiats est la grande trouvaille de Mikhail Shlyapnikov, propriétaire d’une petite ferme à 150 kilomètres à l’ouest de Moscou.
L’histoire commence en 2014. La crise économique frappe les agriculteurs, qui manquent d’argent. Pas d’aide gouvernementale, et les banques profitaient de l’aubaine pour prêter à des taux exorbitants… Sur son village de Kolionovo, Mikhail Shlyapnikov crée alors le kolion, monnaie ayant pour vocation d’être utilisée uniquement localement, mais permettant de poursuivre l’activité économique, notamment en payant les salariés. Mais rapidement Moscou réagit, et cette nouvelle monnaie papier est interdite dès 2015.
D’où l’idée de la créer sous forme numérique ! Notre fermier russe persévère, recueille des fonds sur internet, le kolion devient une cryptomonnaie. Une fois le premier mois de financement participatif terminé, l’expérience est prolongée et les sommes affluent. En contrepartie, les investisseurs doivent gagner des dividendes : en d’autres termes, les fermiers locaux qui utilisent cette monnaie pour développer leurs activités doivent ensuite, le plus naturellement du monde, rembourser leurs emprunts. Sauf que ceux-ci viennent de partout dans le monde, et que les taux sont maitrisés…
Selon Russian Beyond : « En plus de leur travail principal, les agriculteurs se sont également concentrés sur la réduction des dépenses, et grâce à la crypto-monnaie, ils ont éliminé les intermédiaires. Il est maintenant possible de faire des transactions monétaires instantanées sans recourir aux banques, et d’établir des relations avec les partenaires sur une base plus transparente. « Ce travail influence directement l’attractivité future du projet, car l’augmentation du prix du kolion est basée sur le succès de notre ferme, les propriétaires de nos cryptotokens pourront établir des relations avec leurs partenaires, fournisseurs et acheteurs », a déclaré Shlyapnikov. Ecosystema Kolionovo existe depuis plusieurs années et le village développe des produits écologiques. Théoriquement, ce segment devrait attirer de nouveaux investisseurs car ils bénéficieront d’une décote importante.«
La page Wikipédia en anglais sur le Kolion apprend par ailleurs que « le kolion est fixé de telle sorte que 1 kolion équivaut à 10 kg de pommes de terre et 2 kolions sont fixés à 10 œufs« , et ainsi de suite.
Tout récemment, Décider & Entreprendre informe que Moscou a mis fin à cette expérience locale, mais pose aussi une question intéressante : « Si le constat géopolitique est bien éloigné de ce que nous connaissons, l’exemple reste néanmoins pertinent et mérite que l’on s’y attarde. Un pays européen permettrait-il la création d’un système monétaire alternatif sur lequel il n’aurait aucun contrôle ? Pas sûr…«
Car effectivement la question se pose. Un tel système serait-il transposable, localement, en France ? Notre agriculture connait aujourd’hui une crise depuis plusieurs années, certains secteurs économiques en particulier, mais aussi certaines zones géographiques, notamment avec la redéfinition récente des zones défavorisées par le gouvernement actuel. Une monnaie locale, impliquant toute une solidarité localisée autour de l’activité agricole, pourrait-elle ainsi participer à conserver cette activité ?
Aussi invraisemblable et insolite que cela puisse paraitre, et si s’il s’agissait là d’une idée à creuser ?
Notre illustration ci-dessous, bitcoins et agriculture, est issue de Fotolia, lien direct : https://fr.fotolia.com/id/182425123.