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Neige et froid sur céréales, des impacts variables selon l’espèce et le stade

Avec l’arrivée des basses températures et de la neige, de nombreuses questions se posent sur les éventuelles conséquences sur les cultures. Plusieurs paramètres doivent être pris en compte.

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La particularité de ce début de mois est l’arrivée d’une vague de froid et de neige sur des cultures majoritairement au stade tallage mais avec quelques rares parcelles ayant déjà atteint le stade épi 1 cm (blés durs et blé tendre précoces semés en octobre).

Les conditions d’arrivée du froid sont déterminantes dans la résistance au gel. Cette année, les sols ressuyés et l’arrivée progressive du froid depuis une semaine permettant un endurcissement des plantes seraient « plutôt favorables » pour les cultures en place. De même, la présence de neige agirait comme une protection en limitant les températures basses au niveau du couvert végétal.

Cependant, la sensibilité au froid hivernal est très variable selon l’espèce, la variété et le stade de la culture.

Les blés durs plus sensibles au froid que les orges ou les blés tendres

Toutes les espèces ne sont pas également sensibles au froid. Les cultures les plus sensibles sont les avoines d’hiver, les orges de printemps semées en automne et les blés durs. Ensuite, viennent les orges d’hiver et les blés alternatifs. Enfin, les espèces les moins à risque sont le blé tendre d’hiver, le triticale et le seigle (figure 1).


Figure 1 : niveaux de résistance au froid et variabilité génétique chez différentes espèces
(source : Gate, 1995)

Au sein de chaque espèce, il existe des gradients de tolérance au froid. Ainsi, les variétés de céréales à paille sont évaluées pour leur résistance au froid par le CTPS. La plupart des blés durs cultivés dans la région sont plutôt sensibles au froid (Miradoux, Isildur, Liberdur, Babylone, Pescadou, Sculptur) ; en revanche, Fabulis montre une bonne tolérance.

Des risques différents selon les stades des blés

Les blés durs encore au tallage : des gels de feuilles ou des pieds possibles

Les températures basses (de l’ordre de -15°C prévues dans la région) peuvent entraîner des gels de feuille, voire la destruction de plantes. Cependant, la destruction d’une partie des plantes ne condamne pas la culture. Il est possible d’observer des redémarrages de dernière feuille après le dégel. De plus, les céréales ont de fortes capacités de compensation, à travers le tallage, la fertilité épi et le PMG.

Les blés à épi 1 cm : gel d’épi du maître-brin possible

Les rares blés qui ont atteint le stade épi 1 cm sont bien plus sensibles aux températures froides. A partir de ce stade, l’épi s’élève au-dessus de la surface du sol, ce qui le rend plus vulnérable à une chute brutale et ponctuelle de la température. On considère généralement à partir de ce stade le seuil de – 4°C sous abri (environ – 7°C en plaine) comme un seuil d’alerte : ce n’est cependant pas un seuil de dégâts systématiques. La neige, très présente, permet d’atténuer la chute des températures.

Les températures inférieures à – 4°C peuvent entraîner un gel de l’épi du maître-brin qui devient blanchâtre puis brunit au bout d’une semaine. Dans ces conditions, la dominance apicale est levée, la tige primaire arrête sa croissance et ce sont les talles secondaires qui prennent le relais et pourront compenser partiellement la disparition des tiges principales.

Il est important de remarquer que toutes les talles d’une plante ne sont pas synchronisées ; lorsque le maître-brin atteint le stade épi 1 cm, les apex des talles primaires et a fortiori secondaires sont beaucoup moins avancés (épi non décollé) et donc, moins vulnérables.

Attendre avant de décider

Il conviendra de bien observer les blés dans les 8-10 jours après cet épisode froid : redémarrage de plantes, état des épis à l’intérieur des tiges. L’année 2012 a montré que des parcelles ayant subi du gel d’épi à ce stade ont une forte capacité de compensation par la suite.

Aude BOUAS, Régis HELIAS, Matthieu KILLMAYER, Jean Luc VERDIER (ARVALIS – Institut du végétal)

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