Le Copa-Cogeca, représentant européen des agriculteurs et des coopératives, a accepté de s’asseoir à la même table que des associations en faveur des grands prédateurs, pour discuter. Un choix mal compris, qu’explique Emmanuel Coste, vice-président de la FNO, et représentant le Copa-Cogeca sur le sujet ovin. Interview.
Lors de la récente assemblée générale d’éleveurs et montagne tenue à Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence), une rumeur s’est propagée selon laquelle vous auriez signé un « manifesto » avec des associations favorables au loup, avec dans son contenu le maintien des grands prédateurs. Qu’en est-il exactement ?
E.C. : A ce stade, nous n’avons rien signé. Nous étions trois organisations à cette réunion à contester une partie non négligeable de la rédaction proposée dans ce manifesto (que l’on appelle désormais « processus de préparation pour une plateforme européenne« ) : le Copa-Cogeca pour les agriculteurs, la FACE (Ndlr : fédération européenne des chasseurs) pour les chasseurs, et ELO pour les propriétaires. Trois à travailler ensemble pour défendre notre intérêt et convaincre la Commission européenne des problèmes actuels. De fait, rendez-vous est pris pour le 10 juin prochain. Si le nouveau texte proposé comporte les changements demandés, nous pourrions l’accepter. Mais en l’état actuel des choses, des points de désaccord subsistent et nous empêchent de signer le manifesto.
Reprenons depuis le commencement, comment se fait-il que le Copa-Cogeca se soit retrouvé dans ces réunions ?
E.C. : Nous pensons qu’il existe plusieurs façons de remettre en cause les statuts d’espèces strictement protégées des grands prédateurs. Et l’une d’entre elles consiste à participer aux décisions. Cette discussion doit conduire à faire valoir notre point de vue, c’est important qu’il y ait un éleveur ovin qui y participe pour cela, pour mieux faire sentir aux interlocuteurs les vrais problèmes subis par les agriculteurs. C’est la seule différence que nous avons avec les anti-loups, la méthode, mais pour arriver au même résultat souhaité. Si nous sommes absents des sphères décisionnelles, alors les décisions en question pourraient facilement nous échapper. En revanche, en étant présents, nous pouvons soit empêcher, soit montrer officiellement notre désaccord, soit faire pencher en notre faveur. Sans nous, l’activité économique des montagnes pourrait ne pas être mentionnée.
Qu’il y a-t-il dans ce fameux manifesto ? Quels sont les points de désaccord ?
E.C. : Déjà, il faut citer les présents. D’un côté, il y a le Copa-Cogeca, la FACE ou encore ELO représentant les propriétaires. De l’autre, des associations comme WWF. Evidemment, ça ne paraissait pas facile. C’est la DG Environnement de la Commission européenne qui est à l’origine de ce rassemblement. Ce memento n’a pas de valeur juridique réelle, mais il peut servir de point d’appui pour la suite. Nos points de désaccord concernent la colonisation des territoires par les grands prédateurs. Leur présence sur nos territoires, et la prédation maximum sur nos troupeaux. Du fait de sa présence à ce manifesto, le Copa-Cogeca sera également invité à discuter de la législation sur la nature dans le cadre de nouvelles négociations, appelées Fitness Check. C’est là que l’on parlera de la directive habitat.
Comment gérez-vous les désaccords ?
E.C. : Au niveau du Copa-Cogeca, il existe la volonté de rester à la table. Les Britanniques ou les Nordiques ne supportent pas les emportements à la française consistant à se lever de table pour refaire l’histoire dehors avec les journalistes. Même des Finlandais, particulièrement opposés aux grands prédateurs, restent pour négocier. Alors c’est ce que nous faisons, nous négocions, nous discutons.
Le fait que vous ayez participé à cette réunion des 9-12 avril vous vaut des critiques, vous ne seriez plus dans votre rôle de défense des intérêts des éleveurs…
E.C. : Moi, je suis en Auvergne, à la limite de la Lozère. Je n’ai pas encore le loup chez moi, mais il suffit qu’il traverse l’Allier (et il en a fait d’autres) et il sera là. Donc, oui, je suis concerné. Par ailleurs, je me permets de rappeler les dures tractations qui ont été menées pour obtenir que les aides soient couplées à l’animal. Ou encore un autre combat que nous menons, sur les landes et les sous bois, pour que les élevages y pâturant soient pris en compte. C’est une défense du pastoralisme. Je suis un éleveur au service des éleveurs, et de personne d’autre.
Donc, quand vous allez à Bruxelles…
E.C. : (interrompant la question) C’est pour défendre les éleveurs. Je le répète, la seule différence que j’ai avec les anti-loups qui me font aujourd’hui des reproches, c’est de ne pas tout quitter avant d’avoir tenté de discuter. Il n’y a pas qu’une manière de parvenir à nos fins, sinon le résultat aurait été obtenu depuis longtemps. Il faut tout tenter, à différents niveaux. Avec le Copa-Cogeca, on essaye. Une autre initiative, celle menée par Pierre Morel A L’Huissier (Ndlr : lien en fin d’article), que je connais, me parait également très intéressante. Et ainsi de suite. Plus nous serons nombreux à aller dans le même sens, à différents niveaux de décision, plus nous aurons une chance d’aboutir.
En savoir plus : https://wikiagri.fr/articles/enquete-europeenne-sur-le-loup-comment-participer/1078 (l’action menée par le député de Lozère Pierre Morel A L’Huissier).
Notre photo : Emmanuel Coste (au centre) a participé à la manifestation ovine du dernier Salon de l’Agriculture à Paris.
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le député Pierre Morel essaie de faire changer la directive Habitat…..
Les syndicats et autres peuvent participer au manifesto à condition de respecter les principes fondamentaux:
1 on ne remettra pas en cause Directive Habitats
2 la gestion sera déterminée, fondée, sur la base de preuves tangibles scientifiques (a voir en autre les preuves de la manipulation ou les arguments utilisé pour faire passer l’idéologie de la pensée unique)
3 Les grands carnivores sont une partie intégrante des paysages multifonctionnels ( « des réserves naturelles de faune sauvage limitées ne sont pas suffisantes pour les grands carnivores. c’est la totalité du paysage qui doit être incluse dans les plans de gestion. » ils sont donc amenés à couvrir toutes les surfaces de pâturages, laissant la place a l’élevage intensif confiné et régenté par l’industrie alimentaire animale. « le but la création de secteurs de priorité majeure, où la conservation des grands carnivores est l’objectif principal. Dans cette zone sont inclus les secteurs où doivent être établies de fortes restrictions à l’élevage, en accord avec les réalités locales, afin que l’élevage ne perturbe pas les carnivores. /…/ » )
4 On trouvera des solutions grâce au dialogue (le petit éleveur extensif attend plus que des solutions par le dialogue qui ont fait leurs preuve depuis plus de 20 ans. A voir les diffamations et incitation a la haine diffusée par un des participants )
5 Tenir compte des lignes directives de la LCIE ( On connait le parti pris de cet organisme qui est prêt a sacrifier tout ce qui généra les prédateurs allant jusqu’à la spoliation de nos terres pour les ensauvager.)