Les produits alimentaires fabriqués en Chine n’ont pas la cote. Tant que les Chinois se méfieront de leur qualité, ils s’en détourneront. Les scandales sanitaires à répétition restent en mémoire. Résultat, les stocks importants de produits laitiers ne sont pas prêts de se résorber et la consommation de viande diminue.
Le lait en poudre de chèvre connaît un véritable engouement en Chine ! Une ferme de 500 000 chèvres vient d’être construite. Le lait de chèvre est dorénavant la solution de rechange des consommateurs chinois pour nourrir leurs enfants en bas âge puisque le lait de vache suscite défiance. Les scandales de poudre de lait à la mélanine sont encore dans toutes les mémoires ! Résultat, alors que la production de lait de chèvre ne représente que 2 % de la production totale de lait, sa consommation équivaut à 7 % du marché chinois.
Cette anecdote est extraite de « Chine_Abcis, La lettre de veille et d’analyse de l’économie de l’élevage en Chine » (n°17) publiée par l’Institut de l’élevage. Elle dresse un panorama des filières animales en Chine quelque peu insolite : le consommateur « lambda » y occupe une place centrale. Ses goûts font ou défont les filières et les marchés, aussi bien sur le marché intérieur qu’à l’international. Avec 1,3 milliard de bouches à nourrir, l’effet est garanti.
Les Chinois ont faim de viande et de produits laitiers mais le « made in China » n’est pas appétissant. Alors, ils renoncent à en consommer. Ou plus précisément, ils s’en détournent, autant que ce peut, pour porter leur dévolu sur des produits importés de meilleure qualité.
Conscient de la situation, le gouvernement chinois s’attache à restaurer l’image des produits agricoles et alimentaires fabriqués en Chine auprès des consommateurs. La sécurité alimentaire de l’Empire du milieu n’est plus une question de production et de coûts de production mais une question de confiance et de santé publique. La compétitivité des filières animales par les prix n’est plus vraiment une priorité.
Les difficultés de la filière volailles sont éloquentes. Les défis à relever sont ceux de l’élevage en Chine pour les années à venir: dépendance technologique, respect des normes sanitaires, protection de l’environnement et autonomie alimentaire.
La consommation et la production de poulets est en repli de près de 1,6 million de tonnes par rapport à son sommet de 2015 (11,6 millions de tonnes contre 12.83 millions de tonnes) et pourtant elle reste excédentaire. Les Chinois ne savent plus où s’approvisionner pour se procurer de la viande saine. Les conditions de production, d’abattage, de transformation et de transport ne garantissent pas toujours au consommateur un approvisionnement de qualité. Aussi, de nombreuses volailles sont encore csouvent achetées vives pour être abattues à domicile!
Par ailleurs, de fortes doses d’antibiotiques ont été retrouvées dans les viandes employées dans les chaines de restauration rapide.
Alors, la préférence des consommateurs chinois se porte sur les poulets issus de d’élevage traditionnels ou sur des animaux importés d’Amérique du Sud ou de Pologne (les Etats-Unis et l’Europe sont bannis depuis l’émergence de la grippe aviaire). Ces achats représentent de faibles volumes (des prévisions établies à 480 000 tonnes pour 2017) comparés à la production intérieure de poulets mais leur progression au cours de ces derniers mois est spectaculaire.
C’est ce comportement rationnel qui déséquilibre le marché intérieur chinois, avec des importations de volailles préférées à une offre abondante qui ne répond pas aux critères de qualité requis.
En lait, même cas de figure. Les mesures prises pour limiter la croissance de la production sont efficaces mais le gouvernement ne parvient pas à faire baisser les stocks. La faiblesse des prix ne convainc pas les consommateurs d’acheter plus de lait car ils doutent, là encore, que la qualité des produits ne soit pas au rendez-vous !
Résultat, les Chinois achètent de la poudre ou du beurre importés de qualité irréprochable. Les volumes livrés ont rebondi en 2015, ce qui ralentit d’autant le déstockage sur le marché intérieur. Sur les 7 premiers mois de 2016, les importations ont augmenté de 23 % pour les poudres grasses par rapport à 2015.
La modernisation des élevages est une solution aux problèmes de santé et de salubrité. Mais en concentrant un nombre très important d’animaux, se posent des problèmes de gestion des effluents et de protection de l’environnement.
Par ailleurs, la restructuration de la filière laitière et l’arrêt d’activité des petits élevages ne se traduisent pas par des gains de compétitivité. Le coût de production du litre de lait dans les grandes fermes est élevé puisque l’alimentation est importée à des prix très volatils et onéreux.
Aussi, pour accroitre la production de grains (soja, céréales), le gouvernement chinois a décidé de financer la recherche génétique afin de mettre au point des plantes Ogm spécifiques. Ce programme a pour ambition de rendre l’agriculture moins dépendante des technologies importées afin de renforcer la sécurité alimentaire. A ce jour, la filière avicole importe ses « grands parents » reproducteurs pour produire des poussins.
En fait, les moyens de production de la ferme Chine sont saturés. La terre agricole manque et la pression urbaine croît sans cesse.
En production porcine, la déconcentration s’impose. L’élevage est interdit dans certains districts peuplés et favorisé dans d’autres (Mongolie intérieure par exemple). La production de biogaz est une solution au recyclage des effluents.
Mais cette restructuration conduira à une stabilisation de la production de porcs d’ici 2020 alors que la consommation de viande croît…
Ci-dessous, transport de porcs dans le Sitchuan (archives).