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Production de lait en 2020, la Pologne dans la cour des grands

Le potentiel de développement de la filière laitière européenne se situe en France et en Pologne. En produisant 14 millions de tonnes en 2020, les éleveurs polonais feront jeu égal avec leurs collègues néerlandais.

A l’est, tous les regards sont rivés sur la Pologne en pleine restructuration. En 2020, la collecte de lait atteindrait 12 Mt. Sa production augmentera et la part du lait autoconsommé sera réduite d’un million de tonnes supplémentaires par rapport à son niveau de 2014. Mais elle représentera encore 15 % de la production totale de lait.

L’augmentation de la consommation intérieure, inférieure de près de 80 kg par habitant par rapport à la moyenne européenne, absorbera une partie de la quantité de lait produite en plus. Sinon, la Pologne, déjà excédentaire (31 % de la production vendue actuellement), compte bien exporter davantage de produits laitiers. Les marges de progrès sont importantes. La production moyenne par vache est de 6.000 kg par an, en progression toutefois de 3 % par an.

La restructuration de l’élevage laitier passera par la disparition des plus petits troupeaux (on en dénombre 150.000 en 2013 de moins de 5 vaches) et par l’agrandissement des effectifs de vaches dans les plus grandes exploitations. Seul le nombre de fermes de plus de 50 et de 100 VL croît  (souvent des anciennes fermes collectives). L’exportation de produits laitiers, qui représente actuellement 31 % de la production (1 milliard d’euros d’excédents) croîtra encore mais la hausse de la consommation intérieure, inférieure de près de100 kilos par habitant à la moyenne européenne, absorbera une partie l’augmentation de la production de produits laitiers escomptée.

Sinon, pas de changement de classement à l’horizon de 2020. L’Allemagne resterait le premier producteur européen de lait collecté (34,4 millions de tonnes, + 10 % par rapport à 2014) devant la France (28 Mt, + 11 %). La Pologne serait en cinquième position mais en termes de production, elle ferait quasiment jeu égal avec les Pays-Bas en ajoutant la part de lait autoconsommé (environ 2 Mt).

160 Mt en 2020 de lait

Si tout se passe bien d’ici 2020, avec une sortie de crise rapide, l’Union européenne pourrait collecter 160 Mt de lait en 2020, soit une progression de 9 % par rapport à 2014. Mais la production stagnerait dans les autres pays de l’est et déclinerait dans les pays balkaniques et méditerranéens (- 2 %). Telles sont les prévisions auxquelles se livre l’Institut de l’élevage dans son dernier dossier intitulé Lait en Europe du Nord, forces, faiblesses et potentiels en 2020.

La hausse la plus forte de la production de lait collecté est attendue en Irlande. Elle serait de 30% au cours des cinq prochaines années contre 8% en Grande Bretagne et 10 % en Allemagne. En 2020, les quantités de lait irlandais collectées seraient alors supérieures de près de 50 % à leur niveau de 2008.

En fait, le seuil de rentabilité de la production de lait en Irlande (250 €/t) rend les éleveurs quasiment invulnérables face aux crises. D’où leur appétit pour produire toujours plus! Mais en volume, l’augmentation de la production la plus forte sera allemande en 2020 (+ 8Mt par rapport à 2008). En Grande-Bretagne, l’avenir de la production de lait, à ce jour déficitaire,  est conditionnée par la parité de la livre sterling par rapport à l’euro.

Sinon, l’essor de la production de lait est conditionné par l’évolution de la réglementation environnementale, surtout dans les pays où l’élevage laitier est dense.

Tour d’horizon environnemental

Aux Pays-Bas, les seules réelles contraintes pouvant freiner le développement de la production laitière néerlandaise sont environnementales : fin de la dérogation  d’épandre 250 kg d’azote organique par hectare et nouvelle  réglementation des épandages de phosphates, ce qui accentuera la pression foncière et conduira les producteurs à investir dans des installations « propres ».

 Au Danemark, les éleveurs projettent de produire un million de tonnes de lait en plus d’ici 2020 en augmentant les effectifs de leurs troupeaux et les rendements de leurs vaches (10 000 litres visés). Ils espèrent être soumis à des règles environnementales moins contraignantes. Mais l’endettement massif de la fin des années 2000 pourrait les conduire à revoir leurs ambitions à la baisse.

En Irlande, une politique de réduction des émissions GES pourrait limiter l’expansion de la production de lait. Les émissions de d’oxydes d’azote de l’ile sont liées à 98 % à l’agriculture. Et en Allemagne la prise en compte des substrats des méthaniseurs dans les plans d’épandages, la fin de la défiscalisation de la production de biogaz et de nouvelles normes bien être animal pénaliseront les élevages.

La France et la Pologne ne sont pas globalement confrontées à de tels problèmes. Elles disposent même d’un potentiel de croissance de leur production de lait le plus important des autres pays de l’Union, bien au-delà de 2020.

Préserver la valeur ajoutée

En plus, les éleveurs français n’abordent pas les années 2014-2020 en position de faiblesse. Ils sont aussi compétitifs que leurs voisins allemands même si  leurs charges sont déséquilibrées (coût alimentaire faible mais frais de mécanisation élevés).

En fait, la production de fourrages grossiers génère des charges de mécanisation  élevées. La rémunération des éleveurs répartie sur un volume plus faible de lait produit par UTH que dans le reste de l’Europe occidentale renchérit aussi le coût de production de lait.

D’ici 2020, les nombreuses zones AOP constituent de réels atouts pour valoriser les produits laitiers français, à l’abri de la concurrence mondiale. Encore faut-il que leur valeur ajoutée profite aux éleveurs. Or à ce jour, il n’en est rien. Elle est consacrée, selon l’Institut de l’élevage, à la rémunération des salariés employés dans les entreprises de transformation. Par ailleurs, le coût de la collecte et la part du secteur privé plus étendue pèsent sur le prix du lait payé aux éleveurs. Résultat, ce dernier était quasiment équivalent en Allemagne du nord et dans le grand ouest de la France entre 2007 et 2012.

 

Notre photo ci-dessous montre un élevage (visiblement paisible) en Pologne, et est issue de Fotolia. Lien direct : https://fr.fotolia.com/id/90362232.

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