Le phoma est une maladie cryptogamique particulièrement dommageable pour les cultures de colza, provoquée par un champignon, le leptosphaeria maculans. Cette maladie est apparue sur le colza au milieu des années 1960. Des épisodes sévères d’attaque ont été recensés depuis lors.
En cas d’attaque de phoma, les pertes de rendement peuvent atteindre plusieurs quintaux par hectare. Les pertes peuvent être supérieures à 50 % dans certains cas.
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Les symptômes du phoma sont assez facilement reconnaissables. Ils se manifestent par des tâches blanchâtres ou grises cendrées de forme arrondie sur les feuilles, les macules, présentant des piqûres par des points noirs caractéristiques, les pycnides.
Les attaques des feuilles et de la tige sont sans conséquence directe sur le rendement. En revanche, lorsque le phoma attaque le collet des pieds du colza, des nécroses grises à noires apparaissent. Elles peuvent causer un dessèchement prématuré de la plante et la cassure du pivot à la floraison, entraînant des pertes de rendement très conséquentes.
L’observation sera effectuée sur la parcelle de l’automne à l’hiver, selon 3 placettes d’observation sur 10 plantes. Le seuil de nuisibilité se situe à 6 feuilles à rosette.
Le Leptosphaeria maculans se conserve pendant plusieurs années sur les pailles des cultures contaminées. Les fructifications du champignon libèrent des spores à l’automne, dans la parcelle et d’une parcelle à l’autre. Les spores sont responsables des contaminations des feuilles du colza et peuvent progresser dans la tige et le collet.
Plusieurs facteurs favoriser le développement du phoma dans une parcelle. Une hygrométrie importante et des températures douces, autour de 15°C, en automne et en hiver, créent un environnement propice au développement de la maladie. Des rotations courtes, des semis tardifs présentent également un risque, ainsi que des apports de matière organique dans la parcelle.
Plusieurs solutions s’offrent à l’agriculteur pour protéger ses cultures du phoma. La lutte est surtout d’ordre préventif et agronomique, la lutte fongicide étant difficile à réaliser et peu efficace sur le colza.
En prévention, l’action la plus efficace consiste dans la sélection de variétés peu sensibles et n’offrant pas de résistance au phoma : on distingue ainsi les colzas TPS (très peu sensibles) et PS (peu sensibles), à préférer aux variétés S (sensibles).
Différentes variétés sont disponibles sur le marché pour les colzas PS et TPS, classées de I à IV. Les variétés groupe I, sans résistance spécifique, sont à utiliser de préférence. Les variétés groupe II sont également intéressantes, car elles offrent une résistance spécifique. Il sera donc possible également de mélanger plusieurs variétés de colza groupe I et II dans la parcelle, ou d’alterner celles-ci.
L’agriculteur veillera à broyer et à enfouir les résidus des cultures de colza, afin d’éviter la contamination des parcelles. Il sera d’autre part attentif à limiter les apports d’engrais organique en été sur la parcelle. Les semis précoces seront préférés, en évitant de semer trop densément, avec moins de 40 graines par m2, afin d’éviter l’excès de végétation et d’humidité. Il s’agira enfin d’éviter les rotations avec des crucifères.
La lutte phytosanitaire reste quant à elle peu efficace. L’action curative est justifiée en cas de pression élevée de leptosphaeria maculans dans la parcelle, avec un ou deux passages pour traiter la culture. Toutefois, il faudra se montrer particulièrement réactif pour intervenir au bon moment, en cas d’attaque de phoma dans la parcelle ou dans les parcelles voisines.