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Lin fibre d’hiver, une croissance sans excès depuis le semis

Contrairement à l’an passé, la croissance des lins n’est pas excessive. Il faut toutefois rester vigilant sur le développement des stades, surtout dans les secteurs les plus froids. Il est nécessaire de surveiller leur croissance dans les prochains jours et les conditions climatiques, afin de déclencher ou non une intervention à l’automne.

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Les semis de lins d’hiver se sont majoritairement déroulés dans la première quinzaine d’octobre.

Le début de cycle a été marqué par des températures plus froides enregistrées mi-octobre puis un retour de la douceur dans les derniers jours d’octobre. Les lins d’hiver sont aujourd’hui entre 3 et 6 cm. A la même époque en 2014, les lins d’hiver étaient beaucoup plus développés (photos 1 et 2, prises au nord de Caen dans un contexte identique).


Photo 1 : le 3/11/2015
Lin à 3 cm (Reviers -14)

Photo 2 : le 5/11/2014
Lin à 7 cm (Reviers -14)


Les lins d’hiver sont moins développés que l’an passé comme dans ce cas dans un contexte similaire.


Depuis le semis, les lins ont bénéficié de conditions climatiques moins favorables à leur croissance. Le cumul de températures avoisine les 200°C en base 5 depuis le 01/10 (180 à 230°C) (300°C en 2014 à la même période). Ces températures sont déficitaires de plus de 25°C par rapport aux références sur 20 ans.


Figure 1 : somme des températures en base 5 du 1/10/2015 au 3/11/2015


Figure 2 : écart à la médiane des températures en base 5 du 1/10/2015 au 3/11/2015

Quels enseignements tirer de la campagne 2014-2015 ?

Les semis de fin septembre 2014 avaient bénéficié d’un mois d’octobre très doux avec des lins ayant atteint le stade 10 cm dès la mi-novembre. Ainsi des applications de régulateurs étaient justifiées dès l’automne. Dans le contexte climatique du nord de Caen (températures douces durant l’automne hiver, premier gel à -3,1°C début janvier), ces interventions ont ralenti la croissance des lins sans les bloquer. Dans les secteurs moins océaniques (Eure, sud Calvados), des destructions de parcelles dues au gel ont été constaté en l’absence de protection.

Dans l’essai stratégie de protection du lin d’hiver mené au nord de Caen en 2014-2015, les lins n’ont pas été détruits par le gel même si le témoin non traité mesurait 15 cm à Noël. Les applications à 8 cm de Toprex 0,15 l/ha (10/11/14) ont permis de ralentir la croissance à l’automne. La régulation de croissance automnale a presque été compensée au printemps avec des lins mesurant une hauteur quasi similaire début avril.

Toutefois, un produit chimique appliqué sur le lin perturbe la croissance de la plante et le rendement final est resté impacté. Une seule application de Toprex 0,15 l (Modalité M3) a des résultats inférieurs au témoin non traité (86 % du rendement en paille et 89 % en lin teillé).

Ainsi, en l’absence de gel, les résultats de l’essai protection lin d’hiver 2015 indiquent que la modalité régulation à l’automne a eu un effet négatif sur le rendement final.


Figure 3 : Effet des applications automnales sur la croissance du lin d’hiver à Reviers (Calvados) en 2014-2015

Faut-il maîtriser la croissance des lins sur l’automne 2015 ?

Entre les stades 4 cm et 10 cm, le nombre de fibres élémentaires se détermine. Cette période de différenciation des fibres participe à la mise en place du potentiel de rendement. La phase d’élongation des fibres (au-delà de 10 cm) ne doit pas démarrer avant le printemps au risque d’exposer au gel les cellules turgescentes (remplies d’eau). Si le stade 10 cm est atteint trop tôt, les lins peuvent entrer en croissance active et deviennent plus sensibles au moindre à-coup climatique, particulièrement aux premières gelées.

Au stade 5 cm aujourd’hui, les lins ne sont pas dangereux. Le suivi de la croissance des lins dans les prochains jours est indispensable.

Dans les secteurs à risque de gel plus fort (sud Calvados, Eure), la croissance du lin sur novembre va être déterminante, il faut éviter que les lins entrent en croissance active. Dans ces cas, une régulation automnale peut s’envisager à partir du stade 8 cm si ce stade est atteint avant la mi-novembre.

Dans les secteurs moins exposés, les interventions doivent être limitées aux seuls cas où le lin est dangereux avec une croissance trop importante.

Si le risque est avéré, la croissance pourra être atténuée par un régulateur. La dose d’application préconisée de Toprex est de 0,15 l/ha, elle devra être ajustée en fonction des conditions climatiques annoncées (0,1 à 0,2 l/ha). Cette application d’automne a peu de conséquences sur la reprise de la végétation au printemps. Toutefois, pour être bénéfique, elle ne doit pas être systématisée et doit être réservée uniquement dans les situations à lins trop développés et risque de gel précoce.

Quel raisonnement adopter pour lutter contre les maladies ?

Sur lin fibre d’hiver, des symptômes de courbure de la tige, évoluant en brunissure peuvent être observés dans les parcelles, mais pas systématiquement. Il est difficile de relier ces symptômes à l’attaque d’un champignon en particulier (Kabatiella lini, Septoria lini…). Les difficultés de rouissage constatées en fin de cycle ne sont pas toujours liées à une cause fongique mais peuvent être aussi liées à une cause physiologique (plus marqué sur les types hiver). Les risques d’apparition des maladies sur lins d’hiver sont mal connus mais davantage présents sur les lins oléagineux.

La protection contre les maladies (Score à 0,5 l/ha) n’est pas obligatoire sur les lins fibre d’hiver. Elle peut être raisonnée en fonction de l’historique de la parcelle (observations de symptômes par le passé, présence de lin oléagineux…). Le raisonnement d’une intervention fongicide se fait à l’observation de symptômes sur les plantes. Des symptômes de courbure ou de brunissure peuvent apparaître en bas de tige. Il peut y avoir un arrêt de croissance des linières avec un rétrécissement des racines. Si des symptômes sont présents sur les plantes, alors il est fortement conseillé d’intervenir.


Photo 3 : symptômes de courbures observées sur des jeunes plantes de lin

 

Benjamin POINTEREAU (Arvalis – Institut du végétal)

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