Depuis quelques jours, un curieux tweet circule sur les réseaux sociaux. Il s’agit d’un avis de recherche qui fait état de la « disparition inquiétante » de Stéphane Le Foll. Le ministre de l’Agriculture n’aurait « plus donné signe de vie depuis les débats sur le glyphosate et sur les néonicotinoïdes », note le mystérieux tweet. S’agit-il d’une blague de mauvais goût, ou plutôt l’expression, très partagée dans le monde agricole, de n’avoir qu’un ministre « à mi-temps », voire un ministre totalement absent lors des décisions essentielles pour le futur de l’agriculture ? Voici notre enquête.
Disparition inquiétante du @Min_Agriculture @SLeFoll. Intérim assuré par @RoyalSegolene. MERCI de diffuser ! pic.twitter.com/1cLdiruI6m
— A&E (@AEGRW) 10 mars 2016
Sur le dossier des insecticides de la famille des néonicotinoïdes, le gouvernement a clairement indiqué qu’il avait le même positionnement que celui exprimé par le Sénat le 22 janvier 2016 : un refus net et catégorique de toute interdiction. Cette position a été rappelée par Stéphane Le Foll à l’occasion du dernier point d’étape du plan apiculture durable. « L’interdiction laisse penser que nous règlerions les problèmes apicoles, ce qui est faux. Nous ne disposons pas aujourd’hui d’alternatives pour tout, le risque serait de revenir à une pratique d’épandage en pulvérisation foliaire qui serait plus problématique », a alors déclaré Stéphane Le Foll, avec raison.
Officiellement, le gouvernement propose plutôt de déterminer, à travers un arrêté, les conditions d’utilisation des néonics en prenant en compte les conclusions de l’avis du 7 janvier 2016 de l’Anses, l’agence française de sécurité alimentaire, mais aussi l’impact économique et agronomique pour chaque restriction, notamment au regard des alternatives de protection des cultures disponibles. Il s’agit de pouvoir garder des solutions compatibles avec l’agro-écologie, comme les rotations de cultures, ou encore la réalisation de zones mellifères autour de cultures traitées.
L’amendement à la Loi sur la Biodiversité, modifié par la sénatrice LR Sophie Primas, et qui a donc été adopté au Sénat le 22 janvier dernier, est conforme à la ligne directrice du gouvernement. C’est ce qu’a d’ailleurs rappelé Stéphane Le Foll lors de son intervention au Sommet du Végétal, qui s’est tenu à Reims les 27 et 28 janvier. A cette occasion, il a promis d’agir en concertation avec les filières agricoles concernées, et ceci à travers la création d’un groupe de travail sur ce sujet.
Sauf que lors de la réunion de la Commission durable de l’Assemblée nationale, qui s’est tenue le mardi 8 mars, les députés socialistes Delphine Batho et Gérard Bapt ont proposé un amendement d’interdiction totale de tous les néonics à partir du 1er janvier 2017. Représentant le gouvernement à cette séance, la secrétaire d’Etat à la biodiversité, Barbara Pompili, est intervenue. Non pas pour réaffirmer la position officielle du gouvernement, mais pour encourager les députés à « être responsables et ambitieux ». « Seule l’interdiction de ces usages permettrait de protéger les pollinisateurs (…). Face à tous ces éléments, nous devons prendre nos responsabilités (…). Je ne peux qu’être favorable sur le principe à ces amendements », a-t-elle déclaré. Autrement dit, la secrétaire d’Etat – sans aucun doute en service commandé par sa ministre de tutelle, Ségolène Royal, qui a fait de l’interdiction de ces produits son cheval de bataille – a rendu caduques toutes les promesses de Stéphane Le Foll et du Premier ministre Manuel Valls… En effet, entre minuit et une heure du matin, le mercredi 9 mars, les 25 membres de la commission encore présents se sont prononcés à main levée avec 13 voix pour l’interdiction totale, et 12 voix contre. Amendement voté à une voix près. Merci donc à Mme Pompili de n’avoir pas suivi les consignes données lors de la réunion interministérielle qui a eu lieu le lundi 7 mars en fin de journée …
L’assourdissant silence de Stéphane Le Foll ne concerne hélas pas seulement le dossier sensible des néonicotinoïdes. En effet, dans celui du glyphosate, dont la proposition de prolongation d’autorisation d’usage a été discutée par la Commission européenne et les Pays-membres le 8 mars dernier, seule la voix d’un ministre a été entendue : celle de la militante anti-glyphosate Ségolène Royal, qui assure visiblement l’intérim en l’absence de son collègue Le Foll.
Dès le 4 mars – c’est-à-dire à trois jours de la réunion du comité d’experts des Etats-membres –, Ségolène Royal a en effet clairement affirmé son intention. « On dira non », a-t-elle indiqué à la presse, ajoutant qu’ « en ce qui concerne le glyphosate, il faut vraiment que l’UE et la Commission s’alignent sur la position la plus protectrice de l’environnement et de la santé ». Une position qui n’est pourtant en rien conforme aux conclusions de l’Anses, qui dans son avis le plus récent (12 février 2016), conteste la classification par le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC) comme « cancérigène probable ». « Le niveau de preuve de cancérogénicité chez l’animal et chez l’homme est considéré comme relativement limité et ne permet pas de proposer un classement 1A ou 1B (cancérogène avéré ou présumé pour l’être humain) », note l’Anses, dont les conclusions sont conformes à celles de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) et du Bundesinstitut für Risikobewertung (Bfr) allemand. Qu’importe, à Paris, « on dira non », « on dira non », « on dira non ».
Et sans surprise, c’est encore le ministère de l’Environnement qui a commenté la non décision de la Commission dans un communiqué de presse en date du 9 mars 2016. « Comme je l’ai demandeÌ avec la SueÌ€de, la Commission europeÌenne retire [sic] sa proposition visant aÌ€ approuver le renouvellement de l’autorisation de la mise sur le marcheÌ du glyphosate pour 15 ans », se félicite Ségolène Royal, qui continue à se référer à la position du CIRC, et cela sans la moindre mention de l’avis de l’Anses. Alors que c’est elle qui a saisi l’agence sur cette question ! Un comble…
Bref, le dossier est clairement piloté par le ministère de l’Environnement, tandis que du côté du ministère de l’Agriculture, c’est le silence radio. Lorsque Ségolène parle, Stéphane, lui, se tait.
Gil Rivière-Wekstein
Rédacteur de Agriculture & Environnement
Pour lire ou relire les éditoriaux de Gil Rivière-Wekstein : www.agriculture-environnement.fr
on peut cultivé sans glyphosate, on revient a la charrue, je dilue la matière organique, j’augmente la quantité d engrais, je multiplies par 2 le nombre d’heures de travail a l’hectare et ma consommation de GNR et je disparais du monde agricole car avec 10 euros de l’hectare de glyphosate j’économise 40 litres de GNR hectare et 40 heures de travail hectare…
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il na meme plus besoin d exister les journalistes sont suffisamment bêtes pur faire courir un bruit
pauvre France on ne peut meme pas être deux u trois jours tranquille