Voraces,
les limaces attaquent graines et jeunes plantes. En plus de pratiques agronomiques adaptées, le recours à des produits molluscides peut être nécessaire en cas de fortes populations dénombrées.
Les
limaces sont un véritable fléau pour les agriculteurs. Lentes (elles parcourent 5 mètres par heure) mais voraces (une limace consomme l’équivalent de 50 % de son poids en 24 heures), les limaces causent d’importants dégâts sur les graines et plantules, des dégâts pouvant être tellement importants qu’il faille resemer certaines parcelles.
Les dégâts les plus pénalisants ont lieu en en début de cycle. Les attaques de limaces sont d’autant plus nuisibles qu’elles interviennent précocement. Une simple morsure peut suffire à endommager le germe et à empêcher la plantule de se développer. Sur les jeunes plantules, les feuilles trouées auront une moins bonne photosynthèse, ce qui pénalisera leur développement et pourra dégrader la qualité des futures récoltes.
Le colza et les tournesols sont les plus touchés, mais maïs, céréales et pommes de terre ne sont pas épargnés.
Le colza est particulièrement sensible aux dégâts de limace car si son bourgeon terminal est abimé, la plante ne repartira pas. Or, en une nuit une limace peut manger 3 à 4 plantules de colza. La germination et le début de la croissance, jusqu’à 4-5 feuilles en céréales, sont les stades les plus sensibles. Une bonne vigueur de départ limitera la durée de cette phase.
Il y a deux sortes de limaces qui s’attaquent aux cultures : les limaces grises, les plus fréquentes, et les limaces noires, les plus difficiles à détruire. Ces limaces noires, ou terricoles, vivent plus enfouies dans la terre et sont donc plus difficiles à repérer. Il y en une seule génération par an. Contrairement aux limaces grises, qui se renouvellent à raison de 2 générations par an au printemps et à l’automne. Face à elles, il faut privilégier un semis précoce de colza pour que le stade sensible soit passé à l’éclosion des limaces d’automne.
Selon la météo
Les conditions climatiques ont une grande influence sur la présence ou non des limaces. On déplore des dégâts plus nombreux en cas de météo humide et douce. Malgré un automne 2018, très sec, qui a vu un marché en régression de 65%, on note une tendance générale à l’augmentation des populations de limaces grises du fait des hivers doux et humides, de la simplification du travail du sol et de la généralisation des couverts.
Même si ça n’a pas été le cas cet hiver, des températures rigoureuses n’éliminent pas tout danger car, si les adultes meurent en deçà de – 3,5°C, il faut – 10°C pour détruire les œufs. Même chose pour les épisodes de canicule, il faut plus de 12 heures à 32°C pour anéantir les limaces, mais pas leurs œufs.
Comptage obligatoire
La pression limaces varie selon la
météo agricole mais aussi selon des facteurs propres à chaque parcelle : sol, précédent, travail du sol… Pour savoir s’il est nécessaire de protéger ses semis par un apport d’anti-limaces, il est nécessaire d’évaluer les populations. Pour cela, il est recommandé de commencer les piégeages 2 à 3 semaines avant les semis.
On peut utiliser
un piège à limaces de type INRA ou en confectionner un avec un morceau de carton ondulé recouvert d’une feuille de plastique. Pour une surveillance efficace, il est recommandé d’installer 4 pièges de 50 x 50 cm, espacés d’au moins 5 mètres et de les relever au moins deux fois par semaine.
Même s’il y a une grande variabilité des pertes pour un même nombre de limaces, les instituts techniques fixent les seuils d’intervention, pour le colza, à plus de 5 limaces au m2 avant le semis et dès 1 limace à partir du semis et, pour les céréales, à partir de 10 limaces au m2 avant le semis, à partir de 5 après.
Si le risque est fort, il faudra intervenir avant ou au semis, puis au stade 3-4 feuilles si plus de 30 % de plantes sont attaquées, car les produits de traitement sont peu rémanents.
Deux matières actives sont homologuées en France : le métaldéhyde et le phosphate ferrique. Elles sont apportées sous forme de granulés mêlant de la matière active à des farines pour favoriser l’ingestion. L’apport peut se faire au semis avec un micro-granulateur ou en mélange de semence. Les granulés pourront être épandus après semis si besoin.
Cécile Julien
Une récente étude basée sur des caméras infrarouges filmant le sol d’un champ au dessus d’apats constitués de larves et nymphes de ravageurs à permis de mettre en évidence le rôle des prédateurs naturels nocturnes connus comme les petits et gros carabes mais aussi, et c’est une découverte et une surprise de taille : des opilions et des limaces. Celles-ci semblent friandes de tous les petits insectes peu mobiles comme les larves descendant au sol pour se nymphoser (bruches, pyrales,..) ce sont donc, une fois les plantations déjà développées bien entendu, des auxiliaires à ne pas négliger. Dans tous les cas des bords de champs laissés un peu sauvages sont une source de biodiversité utile aux plantations, du bon sens corroboré par cette découverte, sachant que les carabes sont aussi des prédateurs des limaces et escargots.