Ce 8 mars 2013 est une journée symbolique qui met à l’honneur la femme, les femmes du monde entier.
L’agriculture n’est pas en reste ! Source d’innovation et de richesse, l’agriculture au féminin a permis au fil des années une diversification d’activités, constituant un véritable plus pour l’ensemble des citoyens. Explications par Karen Serres, présidente de la Commission Nationale des Agricultrices à la FNSEA
« Notre combat se situe dans un cadre professionnel pour une égalité de droits
et devoirs entre agricultrices et agriculteurs »
Comment évaluez-vous la place des femmes dans l’agriculture française aujourd’hui ?
Avec plus d'un tiers des agriculteurs de sexe féminin et 41% d’installations, le métier se féminise.
Il y a toujours eu des femmes travaillant sur les exploitations agricoles mais, par le passé, leur travail et leur rôle étaient sous-évalués au point de ne reconnaître que le « chef » de sexe mâle comme « véritable » agriculteur. Ce passé proche et peu glorieux conditionne encore des attitudes et a priori sexistes, semant le doute sur l'égalité de « valeur » entre l'installation d'une épouse d'exploitant et celle d'un fils ou fille d'agriculteur.....
La majorité des agricultrices sont épouses d'agriculteurs avec un parcours différent de leurs homologues masculins : elles ont suivi des formations initiales variées et ont aussi souvent exercé un autre métier avant leur installation en agriculture. Ceci leur offre un regard et une sensibilité différente et complémentaire par rapport aux agriculteurs, plus souvent dans une logique d'installation par filiation directe.
Avec l’évolution de la société et la reconnaissance à sa juste valeur du travail des agricultrices, l'agriculture française s'ouvre à plus de diversité, offrant une riche palette de métiers et de visages. C'est aux côtés des collègues masculins, et à valeur égale, que les femmes pourront pleinement apporter un plus à l'agriculture. Un plus au service de l'ensemble des citoyens.
En tant qu’agricultrice et responsable syndicale, quels sont les combats que vous menez pour les droits des femmes ?
A titre personnel, j'ai une sensibilité pour l'égalité hommes/femmes mais en tant que syndicaliste, présidente de la Commission Nationale des Agricultrices, notre combat se situe dans un cadre professionnel pour une égalité de droits et devoirs entre agricultrices et agriculteurs, ce qui est donc autre chose qu'un combat pour les femmes en tant que tel.
Jusqu'en 2011 la possibilité de constituer des GAEC entre époux était le seul moyen pour le deuxième membre du couple de s'installer en EARL. Nous avons donc de très nombreuses EARL composées de couples installés avant 2011. Le problème est que les EARL sont plafonnées pour les aides PAC, au même titre qu'une exploitation individuelle y compris lors de la présence de deux exploitants dans l'EARL. Nous demandons une reconnaissance de tous les exploitants notamment pour le calcul de plafonnement des aides du deuxième piller de la PAC. Il n'est pas acceptable en 2013 d'imaginer un dispositif de développement rural qui ignore l'humain !
Les congés maternités sont un droit ; nous avons obtenu, suite à des années d'actions syndicales, la même durée de temps de prise en charge pour une agricultrice que pour une femme salariée. Aujourd’hui, nous constatons que de nombreuses agricultrices ne profitent pas pleinement du dispositif. Les méthodes de diffusion de l'information ainsi que l'incitation à ce que chaque agricultrice qui accouche puisse bénéficier pleinement de la totalité du droit qui lui revient est un chantier auquel nous sommes très attachées. En tant que syndicaliste, notre seul objectif est la défense des intérêts des agricultrices et agriculteurs.
La représentativité des agricultrices dans les chambres d'agriculture s'est nettement améliorée depuis les dernières élections avec l'obligation d'une représentativité féminine égale au nombre de votantes sur toutes les listes. Nous pensons que ce qui marche dans une structure peut et doit être étendu aux autres Organisations Professionnelles Agricoles.
En parlant de « journée de la Femme », quelle est justement la journée-type d’une agricultrice ?
Il n'y a pas de journée « type », tout comme il n'y a pas ni agriculteur ni agricultrice « type ». Le métier est si diversifié que nous pouvons parler non pas du métier d’agriculteur mais des métiers de l'agriculture. Cette diversité sera notre force pour aller de l'avant ensemble, agricultrices et agriculteurs !