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Froid à la méiose des céréales, diagnostics sur la fertilité des grains désormais possibles

Les premiers diagnostics réalisés sont plutôt rassurants. Même s’il manque régulièrement 1 à 2 grains/épi, la majorité des situations ne semblent pas être impactées au-delà. Certains sites exposés au froid sont par contre très concernés avec la moitié des grains manquants.

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Sur le site d’En Crambade (Haute-Garonne), le gel a été observé entre le 19 et le 21 avril, avec 2 jours inférieurs à -2°C sous abri, ce qui représente la station la plus froide du Sud-Ouest et qui extrémise donc les effets du gel. Ce gel est apparu au stade dernière feuille étalée / méiose des blés durs et des blés tendres.

Dans cette situation, il n’est pas rare de voir des gels d’épillets. Une fois les glumes retirées (photo 1), on peut observer 1 ou 2 grains/épi non rempli, que ce soit sur des épis indemnes de gels ou sur des épis en partie gelées.


Photo 1 : diagnostic de deux épis de blé.

Les grains non remplis s’illustrent par la présence de stigmates très développés (soie blanche), qui cherchent à capter du pollen n’ayant pas été produit (ou qui n’est pas fertile) dans le grain. Ce grain n’est donc pas encore fécondé, alors que les autres sont à moitié formés. Ce grain n’est pas comptabilisé dans le diagnostic. Il est possible que la fécondation se réalise de manière plus tardive si du pollen reste présent dans l’environnement pour permettre cette fécondation retardée. Pour cette raison, les diagnostics précoces peuvent nécessiter une contre-visite pour vérifier s’il n’y a pas de mise en place tardive de grains dans ces sites.


Photo 2 : zoom sur un grain non rempli.

Comment réaliser le diagnostic au champ ?

Le froid et le manque de rayonnement autour du stade méiose impactent la viabilité du pollen. Le seuil d’alerte est de 4°C sous abri alors que les températures enregistrées fin avril pour le stade méiose des blés tendres et des blés durs étaient gélives. Les dégâts éventuels (altération du pollen) peuvent être diagnostiqués après floraison, au moment où le grain se forme, soit à partir de maintenant pour la plupart des précocités.

Un examen de l’épi se réalise alors en écartant les glumes des fleurs les plus développées. Pour le diagnostic :
• On observe les 10 épillets centraux. En effet, c’est au centre de l’épi que les grains se mettent en place en priorité. Les autres épillets (en haut et en bas de l’épi) peuvent être plus fréquemment touchés par les stress hydriques ou azotés, ce qui fausse le diagnostic. Les épillets centraux devraient systématiquement contenir des grains, et dès le début du remplissage contenir un grain en formation. Si ces sites sont vides, cela trahit un accident grave lors de la constitution du pollen ou de la fécondation.

• On observe pour chaque épillet les 2 sites latéraux devant contenir chacun 1 grain en formation. Sur l’illustration suivante, on observe les fleurs latérales de niveau 1 et 2.

• Au total, sur les 10 épillets centraux (5 épillets sur chaque face de l’épi), on devrait avoir 20 grains en formation. Si en moyenne, il manque moins d’un grain par épi, on peut considérer qu’il n’y pas eu de problème. Par contre, s’il manque 2 à 4 grains/épis, il faut craindre une perte de rendement de l’ordre de 10 %.

• La démarche est utilisable sur blé dur et blé tendre. Sur orge 2 et 6 rangs, on va observer l’ensemble des fleurs des épillets centraux.


Photo 3 : observation d’un épi.


Aude Bouas, Régis Helias, Matthieu Killmayer, Jean-Luc Verdier (Arvalis – Institut du végétal)

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