culture de chia

Chia de France, une filière agricole à haute valeur nutritive

Le semencier Panam officialisera sa nouvelle filière « chia de France » le 27 juin à la Cité Universitaire de Paris. Depuis plusieurs mois, l’entreprise a conçu une nouvelle variété cultivable dans tout l’Hexagone. Originaires d’Amérique du Sud, les graines de chia sont appréciées pour leur teneur exceptionnelle en acides gras essentiels. Cette filière sous contrat répond donc à un enjeu de santé publique majeur.

Chaque année, 20 000 tonnes de chia sont consommées en Europe, et presque 1000 en France. L’alicament ultra tendance a de solides arguments : riche en vitamines, protéines, fibres et minéraux, la petite graine sud-américaine est un concentré exceptionnel d’acides gras essentiels : dix grammes de chia couvrent les besoins journaliers en Omega3. La PME toulousaine Panam a mis au point une variété cultivable sous nos latitudes, sous le nom d’Oruro. Le projet est arrivé naturellement dans l’histoire de l’entreprise, compte-tenu de l’implantation de la société en Amérique latine : « Nous avons développé notre activité au Chili et basé notre recherche sur cette zone du globe à forte variabilité génétique. Notre activité est surtout axée sur l’innovation et la recherche de plantes nouvelles. Par exemple, nous avons beaucoup travaillé sur la valeur nutritive du maïs et sa teneur en huile. Le chia nous a donc intéressé, et c’était particulièrement émouvant d’améliorer cette plante ancestrale surnommé la reine des graines », explique Frédéric Poujaud, directeur général de la société.

Effectivement, les origines se perdent dans la nuit des temps… Le Chia constituait la base alimentaire des civilisations pré-colombiennes, et les Aztèques offraient les plus belles graines à leurs divinités. Au XVe siècle, les Espagnols ont détruit toutes les cultures, si bien que la plante a totalement disparu des mémoires. Elle a été redécouverte par hasard par des botanistes dans les années 1990, puis il a fallu dix ans pour obtenir une variété précoce cultivable en Europe, aujourd’hui protégée par l’INOV. La principale difficulté a été de casser la sensibilité de cette plante tropicale aux photopériodes (la durée des jours varient beaucoup plus en Europe…).

Une culture de printemps facile

Au final, le chia Oruro est une culture de printemps assez simple (attention tout de même au gel), semée en mai et récoltée en septembre. « Au cours des premiers essais, nous n’avons pas identifié de maladie fongique, ni de ravageur. Il suffit d’ajouter un peu d’azote, mais généralement les résidus des cultures précédentes suffisent à nourrir la plante. C’est une excellente alternative pour élargir les rotations. La seule difficulté est le choix de l’implantation, et la concurrence avec l’herbe », résume le directeur.

Pour affiner les itinéraires techniques, une centaine de producteurs (essentiellement bio) cultivent la variété dans toute la France, sur une grande diversité de sols. Les rendements attendus oscillent pour l’instant entre 10 à 15 quintaux, mais Panam promet qu’ils pourront être améliorés. Le semencier a obtenu l’accord de commercialisation européen pour la récolte 2017 qui devrait représenter 100 à 150 tonnes. « Par prudence, nous avons conseillé aux agriculteurs de planter seulement deux à trois hectares en phase de test. Mais nous voulons rapidement doubler ou tripler le nombre d’agriculteurs afin d’agrandir significativement les surfaces. Le rythme de croissance dépendra aussi de la réaction des consommateurs… », nuance Frédéric Poujaud.

Difficile d’évaluer pour l’instant la rentabilité de cette culture sous contrat. « Aujourd’hui, les prix du chia en zone tropicale sont très spéculatifs et varient entre 1 à 15 dollars le kg. L’objectif de la filière française est d’établir un prix rémunérateur et constant pour le producteur », insiste le directeur. A définir, donc… Dans le cadre de cette nouvelle filière, les semences seront fournies gratuitement aux producteurs, puis retenues à la récolte.

Quant au cahier des charges de la filière, il garantira la traçabilité et la qualité au consommateur de chia en penchant vers le bio.

Une filière importante en termes de santé publique

Avec cette nouvelle production, Panam espère déclencher une prise de conscience collective : « Ce ne sera pas une filière comme les autres. Elle apportera un complément alimentaire absolument nécessaire. Avec le lin, le chia est le seul végétal capable de couvrir les besoins en Omega-3 de l’ensemble des consommateurs. C’est un enjeu de santé publique. Le but est d’informer les consommateurs que nos carences en acides gras essentiels atteignent 70% en moyenne. Pourtant, c’est le carburant de nos systèmes neurologiques et si on en manque, cela peut générer de nombreuses maladies comme l’Alzheimer ou des comportements dépressifs », alerte le directeur.

Un étiquetage pour valoriser la teneur en Omega3

Le lancement de « chia de France » aura lieu le 27 juin en présence de représentants de l’INRA, du CNRS et de l’Inserm, de producteurs engagés mais aussi de restaurateurs. A moyen terme, l’entreprise imagine un logo informant les consommateurs de la teneur en Omega3 des produits. Cet étiquetage sera aussi proposé à des entreprises agro-alimentaires qui intégreraient du chia dans leur plat, sous forme de graines ou d’huile (de sérieux contacts sont déjà établis avec plusieurs grands groupes). Autres secteurs visés : la parapharmacie et la cosmétique.
 

En savoir plus : http://www.panam.fr/fr (site internet de Panam, société semencière franco-chilienne).

Ci-dessous, la culture de chia, puis la plante, les graines, et enfin la récolte.

 

Article Précédent
Article Suivant