Marie Le Guelvout est la soeur de Jean-Pierre, que les téléspectateurs connaissent pour l’avoir vu dans la saison 5 de l’émission de M6 L’Amour est dans le pré. Jean-Pierre Le Guelvout a mis fin à ses jours depuis, et la situation a inspiré cette lettre envoyée par sa soeur au ministre de l’Agriculture.
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Je me permets de venir vers vous suite au suicide de mon frère Jean-Pierre Le Guelvout le 15 décembre dernier. Il était agriculteur à Moréac dans le Morbihan.
Jean-Pierre s’est installé en activité laitière (473 000 litres de quota avec son frère André, sur la ferme familiale ,depuis 1993. Ils cultivaient également des céréales, des légumes pois et haricots sur 115 hectares de terres labourables. Il élevait également de la volaille industrielle dans un atelier de 660 m2 et faisait un petit peu d’activité de travaux d’entreprise agricole pour obtenir un complément de revenu, car il adorait le matériel et le travail des champs.
Pour mémoire, ils ont débuté leur activité avec seulement une trentaine d’hectares en 1993 et 20 000 litres de quotas laitiers sans salles de traite. Jean Pierre trayait au pot et amenait son lait au pot dans le tank à lait.
C’était un garçon passionné par son métier et d’une générosité comme il n en existe malheureusement peu aujourd hui ; il aidait les autres agriculteurs avant de s’aider lui-même… L’élan du cœur qui s est créé aujourd’hui autour de moi, sa sœur, me le démontre au quotidien.
Depuis la fin des quotas laitiers, soit environ deux ans, comme beaucoup d’agriculteurs, leur revenu n’a cessé de diminuer avec un cours de la tonne de lait passée de 350 euros la tonne rémunérée à seulement 250 euros et un coût de production dans leur cas à 340 euros… Tout le monde comprendra que l’on ne peut pas durer bien longtemps ainsi.
Il s est donc normalement passé qu’ils ont épuisé toutes leurs ressources : épargne disponible , y compris l’épargne reçue en héritage, suppression des autorisations de découvert bancaire, refus de refinancement des crédits par leur deux banques.
Le découragement a commencé à s’installer chez eux, l’isolement, la honte de parler de leurs problèmes.
La culture paysanne c’est d’être très fort, ne rien montrer de ses faiblesses.
Et voilà le 15 décembre dernier, Jean-Pierre ne voyant plus d’issues a choisi de mettre fin à sa vie avec l’arme à feu de son frère chasseur : une balle en plein cœur…
Hélas, derrière lui, il y a son frère André, lui aussi passionné par son métier mais discret, très discret : il refuse d être affiché, de se mettre en avant devant la presse et je le respecte pour cela…
Son plus grand souhait est de pouvoir continuer son métier jusqu’ à sa retraite ; il va avoir 52 ans le 9 février prochain.
Alors aujourd’hui, si moi ,sa sœur, Marie, je viens vers vous, c’est pour que vous nous veniez en aide pour qu’André puisse finir sa carrière dans la paix.
Alors je souhaiterais vous rencontrer afin d’échanger simplement, sereinement sur la façon dont André pourrait y arriver.
Dans l’attente de vous lire,
Cordialement.
Marie Le Guelvout
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Notre illustration : copie d’écran de l’annonce du suicide de Jean-Pierre Le Guelvout sur LCI.