Les nouvelles méthodes d’ingénierie génétique accélèrent l’obtention de nouvelles variétés d’espèces végétales. Mais soumises à la directive 2001/18, ces plantes sont assimilées à des Ogm. Aussi, il est impossible de tester ces nouvelles variétés dans les champs.
Osez ! C’est le cri d’alarme lancé par l’Association française des biotechnologies végétales (Afbv) qui tenait son 6e colloque ce 27 septembre. Ses membres relèvent à leur niveau le défi alimentaire de la planète, consistant à nourrir plus 9 à 10 milliards d’hommes en 2050. Ils ont en effet les moyens de mettre au point des espèces plus productives car plus résistantes aux maladies qui les affectent.
« La résistance à l’oïdium chez le blé a pu être obtenue par la mutation simultanée de trois gènes en utilisant une méthode d’édition génomique (Talen, précusseur de Crispr Cas 9) », souligne l’Afbv. Pour le colza, l’augmentation des rendements passe par la mutation du gène responsable de l’éclatement de la silique et pour l’orge, en rendant la germination sur pied impossible.
Ces nouvelles méthodes d’ingénierie provoquent des mutations ciblées du patrimoine génétique des plantes identiques à celles observées, aléatoirement, dans la nature. Elles inactivent des gènes ou en modifient le fonctionnement pour conférer aux plantes des nouvelles caractéristiques. Au final, elles lèvent les barrières naturelles de la sélection naturelle (durée du cycle végétatif, compatibilité sexuelle, par exemple) en les accélérant.
Toutefois, les chercheurs adeptes de ces nouvelles méthodes d’ingénierie génétique n’ont pas les moyens de poursuivre leurs recherches à leur terme.
Leurs expérimentations conduites en laboratoire sont sous le joug de la directive 2001/18 traitant des Ogm. Or sa transposition en France empêche les chercheurs de tester ces variétés dans des champs expérimentaux.
L’Allemagne et la Suède ont su faire évoluer le cadre de leur réglementation en matière de recherche génétique pour développer les nouvelles variétés dans les mêmes conditions que les plantes issues de la sélection conventionnelle.
Mais compte tenu des positions des gouvernements français successifs sur les Ogm, les chercheurs de l’Afbv redoutent de nouveau l’isolement de la France en restreignant le recours aux nouveaux outils d’édition génomique à la recherche fondamentale conduite en laboratoires.
En fait, les nouvelles méthodes d’ingénierie génétique conduisent à redéfinir ce qu’est un Ogm. La définition retenue en Allemagne convient tout à fait à l’Afbv : « Seules les plantes contenant une nouvelle combinaison de matériel génétique par insertion d’Adn (plus de 20 bases) tombent dans le champ de la directive 2001/18. Les autres, autrement dit celles obtenues par d’autres méthodes doivent pouvoir être développées dans les mêmes conditions que les plantes issues de la sélection végétale conventionnelle. »
Mais pour lever toute contestation, pourquoi ne pas laisser « l’agence européenne Efsa déterminer elle-même, en fonction des progrès de la connaissance scientifique, quelles doivent être ses recommandations en matière d’études réglementaires ? », s’interroge l’Afbv. Plutôt que de s’en remettre au législateur européen et français ?
En savoir plus : http://www.biotechnologies-vegetales.com (site de l’AFBV).
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