Disponible depuis début 2014, Oz, le robot qui désherbe mécaniquement, s’est pour l’instant vendu à huit exemplaires. Ses concepteurs souhaitent le faire évoluer pour répondre à une demande plus large.
Stéphanie et Xavier Outre, maraîchers en Haute-Garonne, ont testé le robot tracteur de Naïo Technologies pendant l’année 2013. Pour Matthias Carrière, l’un des salariés de l’entreprise, le couple est très satisfait de son investissement : « Ils ont l’impression que leur production est meilleure que l’année précédente, malgré une année climatique particulière.«
Ceux qui ont imaginé Oz (nom donné au robot « magicien du désherbage »), Gaëtan Séverac, ingénieur en robotique et docteur en systèmes embarqués et Aymeric Barthès, ingénieur en robotique issu du milieu agricole, avaient un objectif précis : faire contribuer la robotique à la réduction de la pénibilité du travail agricole tout en œuvrant pour réduire l’impact environnemental des opérations techniques : diminution des intrants et du tassement des sols notamment. « Nous sommes dans une démarche de Responsabilité Sociale et Environnementale (Ndlr : RSE), et donc très à l’écoute des besoins des maraîchers. Les outils fonctionnant grâce à l’électricité permettent aussi d’éliminer le bruit, les vibrations et l’impact environnemental« , précise Matthias Carrière.
Oz utilise la technologie de guidage via le repérage laser. Il détecte son environnement avec son laser. Il peut tracter un outil de désherbage mécanique pour des inter-rangs de 50 cm à 1 mètre. « Le robot peut évoluer sur des parcelles comportant plusieurs cultures avec différents écartements. Il s’oriente dans un espace peu stable, dont l’organisation change régulièrement« , ajoute l’ingénieur. Cette idée d’adaptation est prédominante dans la philosophie de l’entreprise : naïo est une plante hawaïenne ayant la faculté de s’adapter à son environnement.
Ces caractéristiques en font une aide précieuse aux exploitations maraîchères diversifiées, moyennes (1,5 à 6 ha) et souvent peu mécanisées : « Nous estimons que l’achat d’un robot, qui coûte au minimum 250 € par mois, est rentable au dessus d’un hectare de surface. Le prix est vraiment adapté à la situation en cas de développement logiciel et des outils que peut tracter le robot.«
En 9 mois, 10 exemplaires d’Oz ont été commercialisés, dont 8 utilisés par des professionnels et 2 utilisés comme engins de démonstration. Parmi les acheteurs, on trouve un distributeur de matériel agricole de la Réunion, qui cherche à « tropicaliser » le robot, autrement dit à l’adapter au climat et au sol typique de l’île de l’océan Indien, afin de le faire travailler dans les plantations de canne à sucre. On trouve également la ferme du lycée agricole de Brive-Voutezac, qui s’oriente peu à peu vers le maraîchage. « Le directeur adjoint cherchait à faire montrer aux élèves un outil novateur en désherbage mécanique« , ajoute Matthias Carriere.
Les plantes pérennes sont également concernées : un producteur en pépinière de noyers bio, dans le Lot, souhaite utiliser le robot pour désherber à la base de ses noyers. Cela nécessite toutefois quelques adaptations sur l’appareil. Selon Matthias Carriere, la demande est importante : « Nous avons un contact dans le vignoble champenois, dont la particularité est l’écartement très faible entre les rangs de vignes. Ce serait plus compliqué dans le sud de la France, où les vignes, espacées de 2,50 m, ne peuvent être détectées par le robot. Et cela demanderait une force de traction plus importante pour l’outil qui serait plus large. »
Pour le moment, l’équipe de 8 salariés de Naïo Technologies consacre son énergie à l’amélioration de la première version d’Oz. L’objectif est de commercialiser 30 robots courant 2015. Autour de cela, les projets, ne manquent pas : « D’ici quelques temps, nous travaillerons à la mise au point d’un prototype plus gros pour les vignes à fort écartement et pour le maraîchage à plus grande échelle. » Pour améliorer la durabilité énergétique des robots, pourquoi ne pas les équiper de panneaux solaires ? Matthias Carrière est optimiste : « Il faudrait une surface de 4 m² pour recharger les batteries. Mais à la vitesse à laquelle la technologie avance, nous allons devoir y penser ! Et pourquoi ne pas recharger le robot sur une base dotée d’un panneau solaire fixe ?«
L’équipe est aujourd’hui fière de proposer un robot unique, autonome dans des environnements hétérogènes. La concurrence est faible : aucune entreprise ne propose des produits capables de s’adapter aux contraintes pédoclimatiques variables. Le marché propose plutôt des robots qui sont conçus pour un type d’environnement qui change peu. Argiles, limons, sables, climats capricieux et espacements originaux : Oz ne se plante jamais.
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