cover blank wikiagri

Lin fibre, surveiller l’état sanitaire

Les conditions climatiques et l’état physiologique des linières sont propices au développement de l’oïdium. Les stratégies d’intervention vont dépendre de la situation de la parcelle.

–stop–

De nombreuses parcelles ont levé en plusieurs fois et on observe aujourd’hui des différences de stade important entre les lins d’une même parcelle. La chaleur et les lins « faibles », peu poussants favorisent l’installation de la maladie. Ces parcelles sont à surveiller en priorité et nécessitent une attention particulière avec un raisonnement de la lutte contre l’oïdium à adapter au cas par cas. Pour les parcelles homogènes, le raisonnement de la stratégie à adopter est identique aux années précédentes.

Au stade actuel, il faut être très vigilant pour ne pas laisser s’installer la maladie. L’évaluation du risque et la stratégie de lutte se fait à la parcelle :

• Pour les parcelles homogènes
– Aucun symptôme d’oïdium observé sur feuilles et les conditions météorologiques annoncées ne sont pas favorables au développement de la maladie = risque faible → toute intervention est inutile.
– Le climat est orageux et humide et les premières étoiles apparaissent = risque moyen → une intervention préventive est recommandée (Priori Xtra 0,5 l/ha / Nissodium 0,25 l/ha).
– Les symptômes sont visibles sur les feuilles inférieures des lins avec un début d’apparition du feutrage blanc et une forte odeur de moisissure = risque fort.
– → il est primordial d’utiliser un produit curatif à base de prothioconazole tel Joao à 0,2 -0,3 l/ha en fonction de la hauteur du lin et de la vitesse de croissance.

• Pour les parcelles hétérogènes
Beaucoup de parcelles ont présenté des doubles levées. Par conséquent, on trouve aujourd’hui une grande hétérogénéité au sein de ces parcelles avec des lins à 40/50 cm et d’autres à 15/20 cm avec des symptômes présents uniquement sur les lins les plus développés. Il est nécessaire d’intervenir afin de protéger ces parcelles pour conserver un potentiel de rendement maximum. En cas de symptômes d’oïdium, privilégier des spécialités qui ne perturberont pas la croissance des lins : Fortress 0,3 l/ha, Nissodium 0,2 à 0,3 l/ha ou encore Priori Xtra 0,5 l/ha.

L’utilisation de Joao dans les parcelles hétérogènes et avec les températures actuelles n’est pas conseillée, avec pour risque de « bloquer » les plus petits lins et de pénaliser le rendement de la parcelle.

Tableau 1 : Efficacité de quelques fongicides contre l’oïdium du lin

Quelle que soit la parcelle, il convient de réévaluer le risque oïdium juste avant la floraison. Pour rappel, toute intervention post-floraison est inutile, car la maladie n’a plus d’impact sur le rendement ; de plus, l’application de fongicide peut perturber l’installation du rouissage.

Rappel réglementaire

Aviator Xpro est aujourd’hui homologué pour lutter contre l’oïdium du lin fibre. Nous ne le présenterons pas dans nos préconisations car nous n’avons qu’une seule année de recul sur cette spécialité. Nous n’avons pas constaté de problème pour la production de fibre, mais nous n’avons pas d’informations concernant son impact sur la production de graines (production de semences).

Risque septoriose faible

Les conditions sèches de l’hiver et du printemps sont défavorables au développement de la septoriose, contrairement à 2016. La septoriose s’incube en début de cycle (levée et 10 cm) et avec des conditions climatiques favorables (forte humidité, températures douces et des pluies régulières). Ce sont les pluies régulières du printemps qui font monter la maladie étage par étage, par effet splash sur les feuilles. Les symptômes s’expriment souvent en fin de cycle au moment de la floraison avec l’apparition de brunissure sur les tiges, des taches noires et rondes sur les feuilles.

Sur lin de printemps, le risque septoriose étant très faible, une intervention avec du Score est inutile. En cas de présence de symptôme, l’intervention permettra de stopper le développement de la maladie mais ne sera pas curative. De plus, son action sur l’oïdium est très faible.
 

Delphine Cast, Benoit Normand, Benjamin Pointereau (Arvalis – Institut du végétal)

Article Précédent
Article Suivant