Un an après le scandale des lasagnes à la viande de cheval, les députés européens ont fait part cette semaine à Strasbourg de leur désaccord à l'encontre d'un règlement d'exécution de la Commission européenne établissant les règles d'étiquetage de l'origine de la viande fraîche, par le vote d'une objection au texte.
Pour sa majeure partie, ce règlement est une avancée, qui permet aux autres viandes que le bœuf de bénéficier de l'amélioration de la traçabilité décidée pour les bovins à la suite de la crise de la vache folle.
Mes collègues et moi-même avons néanmoins voulu signifier notre profond désaccord avec la décision prise dans ce règlement de ne pas rendre obligatoire la mention du pays d'origine pour les viandes hachées et les chutes de parage. Cette décision rend en effet impossible, de facto, la mise en place de la traçabilité de la viande dans les plats préparés.
Je dénonce incessamment depuis la rentrée 2013 le double jeu de la Commission européenne sur ce sujet. Alors qu'elle prétend ne pas se prononcer en faveur ou en défaveur de l'étiquetage du pays d'origine de la viande contenue dans les plats préparés, elle s'évertue, indirectement, à l'empêcher. Et ce, au mépris de l'émotion suscitée par le scandale des lasagnes à la viande de cheval.
Pourtant, même la Commission l'admet, 90 % des consommateurs européens souhaitent l'amélioration de l'étiquetage de la viande comme ingrédient. Les producteurs et abatteurs français eux-mêmes, conscients de la possibilité ainsi offerte de mettre en avant leurs hauts standards de qualité, soutiennent une telle proposition.
Pourquoi la Commission européenne se refuse-t-elle à mettre en œuvre une décision si demandée ? Dans le rapport qu'elle a publié sur le sujet fin décembre, elle prend argument du fait que si les consommateurs souhaitent en effet un meilleur étiquetage, ce souhait est bien moins important que le prix qu'ils consentent à payer pour leurs achats. Or, selon la Commission, l'étiquetage de l'origine pays pour la viande utilisée comme ingrédient entraînerait un surcoût pouvant atteindre 50 % du prix de cette viande.
Au-delà du caractère très contestable de cette affirmation – d'autres études, notamment celle de l'UFC-Que-Choisir, arrivent à des conclusions très éloignées de celles de la Commission – et de l'interprétation de l'impact d'une éventuelle hausse sur le comportement des consommateurs, il apparaît clairement que la Commission se borne à une idéologie inadaptée.
Elle s'appuie sur l'opportun soutien de certaines filières agroalimentaires à bas coût pour défendre sa vision du marché commun, où la prime est donnée à la baisse de la qualité et où la baisse des prix se traduit surtout en baisse de salaire.
Refuser l'étiquetage d'origine, ce n'est pas seulement tourner le dos aux attentes des consommateurs, c'est aussi donner au dumping social en Europe des gages de longévité. Refuser l'étiquetage, c'est donner de nouveaux arguments à ceux qui voient dans le marché commun l'organisation d'une guerre de tous contre tous, où la concurrence est l'ennemie de l'emploi et de la qualité des produits.
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Je remercie particulièrement Mme Agnès Le Brun d'avoir accepté de rédiger cette tribune, en vertu de ses propres interventions au titre de député européen sur l'étiquetage des viandes, alors que parallèlement la ville dont elle est maire, Morlaix, souffre des intempéries et des inondations et réclame toute son attention.
Cette tribune, que nous avions prévu de programmer au moment du premier anniversaire du "horsegate", nous a été envoyée bien avant les dernières crues qui ont envahi Morlaix.
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