Les jaunisses virales de la betterave sont des maladies qui font parties des plus graves pour la culture betteravière. Elles peuvent entraîner des pertes de rendements majeurs, de l’ordre de 50 % d’une parcelle. Ils existent quatre grandes jaunisses, dont deux des plus connues : la modérée ou beet mild yellowing virus (BMYV) et la grave ou beet yellows virus (BYV). La première est engendrée par les polérovirus et la seconde par des clostérovirus. Virus de la jaunisse occidentale (BWYV) et beet chlorosis (BChV) complètent le quatuor.
Ces maladies sont générées par des phytovirus inoculés par des pucerons porteurs, une trentaine d’espèces, dont les célèbres puceron vert du pêcher (myzus persicae) et puceron noir de la fève (aphis fabae).
Ces virus sont présents partout ou la betterave sucrière est cultivée avec des dégâts très importants dans les zones à climat océanique. Myzus persicae est plus souvent présent dans le Nord-Est de la France mais aussi dans le Sud, aphis fabae dans le Nord et en Champagne Ardenne.
Généralement, les champs légèrement infectés verront apparaitre des zones ou foyers vert clair à jaune, tandis que les parcelles les plus sévèrement touchées vont totalement s’éclaircir. Le limbe des feuilles de betterave est généralement coloré d’un jaune très vif. Ces feuilles vont finir par s’épaissir puis casser. Dans le cas de la jaunisse grave, les extrémités des feuillages vont rougir.
D’abord, le climat : en cas d’hiver doux et de printemps chaud, les pucerons se développent bien plus rapidement. Ils se nourrissent donc plus nombreux et plus rapidement. En piquant des plantes contaminées, ils absorbent le virus et le transmettre lors d’un contact suivant avec une plante saine. Une seule piqûre suffit.
La maladie épouse la période de présence des pucerons : dès qu’ils sont détectées, la betterave est en danger. Il faut savoir que la maladie peut également se propager dans les silos.
Les jaunisses ne peuvent être soignées une fois le champ infecté. C’est sur les pucerons porteurs et transmetteurs des viroses qu’il faut agir en éliminant leur possibilité des refuges à proximité des parcelles comme les plantes chénopodes ou tout autre hôte primaire idéal à la reproduction du puceron et notamment le colza. Les résidus et repousses de la précédente récolte de betteraves doivent être éliminés.
Cette lutte peut être organisée de manière agronomique en utilisant les ennemis naturels du puceron comme les larves de coccinelles, de chrysopes et de syrphes.
De façon prophylactique, plusieurs insecticides peuvent débarrasser les betteraves des pucerons envahisseurs. Mais leur utilisation doit être mesurée et effectuée relativement tôt pour enrayer au plus vite les risques d’infestations majeures. Il est également possible d’utiliser en amont des graines traitées, moyen qui s’avère très efficace.
Mais attention : depuis le 1er septembre 2018, il est désormais interdit d’utiliser imidaclopride et thiaméthoxame, deux substances qui étaient précédemment homologués pour le traitement des semences.
Comme vu plus haut, le jaunissement des feuilles est l’un des premiers éléments pour constater l’infection d’une parcelle via une jaunisse. Attention, le jaunissement n’est pas systématiquement synonyme de jaunisse. Il peut également être lié à des carences ou excès de manganèse, magnésium ou bore.
Pour avoir une confirmation, il est nécessaire de solliciter un diagnostic via un laboratoire agréé.
Cette étape du jaunissement est bien souvent trop tardive pour intervenir. Il est surtout nécessaire d’observer l’apparition des pucerons (généralement sous les feuilles) et leur développement.