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Le cas des semences de colza contaminées par des OGM

Au nom de la toleÌrance zeÌro, la deÌtection d’une contamination de semences par des OGM a entraiÌ‚neÌ la destruction de 17000 hectares de colza. Au-delaÌ€ du deÌbat sur des OGM autoriseÌs aÌ€ l’importation mais pas aÌ€ la culture, se pose la question de la date des controÌ‚les. Pourquoi les reÌsultats arrivent-ils apreÌ€s la mise en culture?

Ce sont preÌ€s de 17 000 hectares de colza, chez 850 agriculteurs, qui ont eÌteÌ deÌtruits l’hiver dernier.

En cause ? La preÌsence fortuite d’OGM aÌ€ un taux infeÌrieur aÌ€ 0,005 %, dans trois lots de semences Dekalb. Cette contamination a eÌteÌ deÌcouverte aÌ€ l’automne 2018, suite aÌ€ un controÌ‚le par la DGCCRF (Direction geÌneÌrale de la concurrence, de la consommation et de la reÌpression des fraudes) de lots de semences en provenance d’Argentine.

« La DGCCRF travaille aÌ€ partir d’eÌchan- tillons plus importants que ceux que nous prenons pour nos controÌ‚les internes, qui n’avaient rien deÌceleÌ. Un audit en juillet avait d’ailleurs eÌteÌ conforme, retrace Catherine Lamboley, directrice des opeÌrations chez Bayer CropScience. L’extraction d’ADN a montreÌ des traces d’OGM. MeÌ‚me si la contamination eÌtait aÌ€ un seuil infiniteÌsimal, toutes les cultures devaient eÌ‚tre deÌtruites car la toleÌrance est aÌ€ zeÌro. »

Objectif, preÌvenir plus toÌ‚t

Sont concerneÌs trois lots de semences DK Exception, issus du meÌ‚me lot de production, dans lequel ont eÌteÌ retrouveÌes des traces de canola GT73, un OGM reÌsistant au glyphosate cultiveÌ au Canada et aux EÌtats-unis.

Cet OGM est autoriseÌ aÌ€ la consommation et aÌ€ l’importation en Europe, mais pas aÌ€ la production, d’ouÌ€ l’obligation de destruction des cultures. La surface est bien plus importante que les 8000 hectares initialement annonceÌs.

« Nous n’avons voulu prendre aucun risque en incluant dans le protocole de destruction des parcelles implanteÌes avec des meÌlanges ou pour lesquelles les varieÌteÌs n’eÌtaient pas clairement identifieÌes », preÌcise Catherine Lam- boley.

MeÌ‚me si la destruction sera indemniseÌe, se posent beaucoup de questions pour les agriculteurs concerneÌs: quelles cultures reÌimplan- ter, quelle rotation sur ces parcelles qui ne doivent recevoir ni colza, ni glyphosate pendant deux ans, quid des engagements dans des MAEC ? Bayer accompagne, au cas par cas, les agriculteurs concerneÌs.

Cet incident a ameneÌ la multinationale aÌ€ recentrer sa production de semences de colza sur l’Europe. Jusqu’aÌ€ preÌsent, une partie eÌtait produite en Argentine, pour profiter du deÌcalage de saison et disposer plus toÌ‚t des nouvelles varieÌteÌs. En paralleÌ€le, Bayer plaide pour une eÌvolution de la reÌglementation sur les controÌ‚les des semences. « Il faut travailler sur des seuils de deÌtection europeÌens. Nous voudrions aussi que ces controÌ‚les permettent d’avoir des reÌsultats avant semis pour eÌviter l’impact sur les agriculteurs, deÌfend Catherine Lamboley. Pour ces lots, les preÌleÌ€vements ont eÌteÌ effectueÌs en aouÌ‚t, avec des reÌsultats fin septembre. »

L’origine de la contamination inconnue

La question de l’origine de cette contamination reste en suspens. « Il n’y a aucune cause eÌvidente, reconnaiÌ‚t Catherine Lamboley. D’abord, la culture de cet OGM est interdite en Argentine. De plus, une fois, les semences reÌcolteÌes, elles sont mises en big-bags fermeÌs, puis dans des containers qui arrivent dans un port neÌerlandais avant de rejoindre la France par camion. »

Face aÌ€ l’hypotheÌ€se d’une contamination fortuite lors du trajet, Bayer affirme avoir renforceÌ ses controÌ‚les et ses proceÌdures de nettoyage. « AÌ€ ce stade, nous ne pouvons pas exclure un acte volontaire », ne cache pas Catherine Lamboley.

Redaction : Cécile Julien

 

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