A mi-janvier, la moitié de la campagne 2017/18 a été réalisée, mais comme souvent, le volume de blé tendre français chargé vers les pays tiers n’y est pas. La situation est d’autant plus préoccupante que nos concurrents disposent toujours d’importants volumes à exporter.
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Les exportations de blé français vont devoir sérieusement s’accélérer sur la deuxième moitié de la campagne. Dans son bilan du mois de janvier, FranceAgriMer prévoit des exportations en fin de campagne à 9,3 Mt vers les pays tiers (figure 1). Chiffre qui s’avère optimiste au regard de ce qui a déjà été réalisé sur le début de la campagne.
Figure 1 : Rythme d’exportation du blé tendre français vers les pays tiers, campagne 2017/18 (à fin décembre 2017)
Source : Stratégie Grains et France Export Céréales
Points positifs, le Maroc a ouvert les vannes depuis le mois de décembre et le blé français y arrive en volumes conséquents. Au regard des quantités que le Royaume doit importer par mois, les chargements vers cette destination devraient s’accélérer.
L’autre élément marquant est le chargement de blé français vers l’Arabie Saoudite qui a été rendu possible grâce à une très bonne qualité et notamment un taux de protéines élevé.
Mais le paysage n’est pas tout rose, et la concurrence qui a été très présente lors de la première moitié de campagne n’a pas de raison de tarir sur les prochains mois.
Grâce à une récolte exceptionnelle, la Russie inonde le marché depuis le début de la campagne 2017/18. Avec une prévision export de 35 Mt, le pays représente à lui seul plus de 20 % du blé échangé au niveau mondial… de quoi comprendre pourquoi les prix sont déprimés !
Et au début de l’année 2018, 10 à 15 Mt de blé russe, (soit l’équivalent des exports français vers les pays tiers) sont toujours disponibles et prêts à partir à l’export. Avec des températures qui ont mis du temps à descendre, les russes commencent seulement à diminuer leur cadence de chargement.
En Argentine, la moisson du blé tendre est en cours. Il est en grande partie directement envoyé sur les différents ports du pays, à destination notamment de l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Est. Sur les 11 Mt que le pays aura à exporter, une partie importante devrait partir au Brésil, ce qui laisse 4 à 5 Mt à exporter vers d’autres destinations. L’Argentine revient en force après plusieurs années de maigres exports. De nombreux bateaux argentins sont attendus pour cette seconde partie de campagne surtout dans les ports algériens, mais aussi marocains, sénégalais et ivoiriens.
Les conséquences de ces augmentations en Russie et en Argentine se font clairement ressentir chez les principaux clients du blé français. En Afrique de l’Ouest, le blé russe continue de marquer le pas (figure 2), bien que le blé français ait retrouvé des couleurs et devraient être davantage présent sur la seconde partie de campagne.
Figure 2 : Evolution des volumes de blés russes (en pourcentages de parts de marché) importés par les pays africains sur les trois dernières campagnes
Percée du blé russe chez les clients du blé français en Afrique.
Source : Stratégie Grains et France Export Céréales
Quant à l’Argentine, elle ne devrait pas revenir aux niveaux de la campagne 2011/12, mais devrait être plus présente que ces trois dernières années. Même si les volumes restent plus faibles que la France, ce sont davantage de parts de marché que l’origine française n’aura pas.
Tableau 1 : évolution des exportations de blé tendre argentin entre 2011 et 2018 (en kt)
Source : Stratégie Grains et France Export Céréales
D’après les bureaux de France Export Céréales implantés en Afrique, l’origine française sera bien présente sur la seconde partie de campagne. Les utilisateurs sont pour la plupart d’entre eux satisfaits du retour qualitatif de l’origine française.
Le bureau de Casablanca prévoit des exports français de blé tendre à hauteur de 1,2 Mt, ce qui représenterait 35 % des parts de marché. En Afrique de l’Ouest, il mise sur 2 Mt, dont une bonne partie se ferait comme à l’habitude sur la Côte d’Ivoire, le Cameroun et le Sénégal.
Le bureau du Caire n’envisage pas de bateaux supplémentaires à ce qui a déjà été réalisé en Egypte (60 kt). Enfin en Algérie, au regard des nombreux appels d’offre déjà lancés, le bureau d’Alger estime que les bateaux français pourraient représenter 65 % des approvisionnements du pays, soit 3,7 Mt sur les 5,7 Mt totaux.
Par Antoine Jeandey
Journaliste professionnel depuis 1987. Rédacteur en chef de WikiAgri depuis sa création, en janvier 2012. Par ailleurs élu, adjoint au maire de Chaudon (commune rurale d'Eure-et-Loir, 1700 habitants). Co-auteur (avec Camille Beaurain) de "Tu m'as laissée en vie - Suicide paysan, veuve à 24 ans" paru au Cherche Midi éditeur. 
