La rapidité visée du préfanage implique de faucher à plat assez haut, entre 7 et 8 cm de hauteur pour réserver une circulation d’air sous le fourrage. Cette hauteur de coupe aura aussi pour avantage de préserver une bonne repousse, d’éviter une perte de tissu racinaire (sachant qu’une plante coupée trop rase n’a plus les moyens d’irriguer ses racines) et d’éviter l’introduction de terre dans le fourrage. Pour une bonne fauche à plat, les ETA peuvent proposer aux agriculteurs des combinés de fauche. Ces matériels ont l’avantage de présenter des débits de chantiers importants et donc une grande réactivité en bonne adéquation avec la réactivité permise par l’autochargeuse. Par ailleurs, le dégagement des roues du tracteur peut être assuré ce qui évite de rouler sur le fourrage et de dégrader la qualité. Selon des essais de plusieurs années menés par Arvalis et le réseau Cuma Ouest, une fauche à plat effectuée au groupe de fauche permet de gagner plus de dix points de matière sèche par rapport à une fauche standard en andain. Ces combinés de fauche permettent de viser une surface de séchage préconisée supérieure à 70% de la surface totale de la parcelle. Les ETA peuvent aussi se démarquer en proposant avec des faucheuses à sections, une fauche à plat « véritable » avec lamier à double section pour encore plus de rapidité de séchage. Sur les combinés de fauche, il faut prévoir de relâcher les conditionneurs éventuellement présents. De nos jours, les conditionneurs sont préconisés uniquement pour les graminées destinées au foin ou à l’enrubannage.
Miser sur la qualité
Après le préfanage, la mise en andain en vue d’une récolte à l’autochargeuse mérite d’être effectuée également avec soin, pour permettre une action efficace des couteaux de l’autochargeuse. Pour cela, les andains doivent idéalement être constitués sans paquets et avec une herbe à la perpendiculaire de l’axe de l’andain. L’idéal serait d’utiliser un andaineur à tapis, une prestation de plus en plus travaillée par les ETA et qui offre de nombreux avantages en matière de respect de qualité du fourrage. Lors du passage de l’autochargeuse, la vitesse de rotation du pick-up doit être ajustée pour éviter un effet de peignage préjudiciable à la bonne coupe de l’herbe surtout lorsque la quantité d’herbe est faible, ce qui est de plus en plus le cas sur les coupes précoces qui visent un fourrage riche en protéines. Un andaineur à tapis de grande longueur peut notamment permettre de regrouper des andains assez gros et d’esquiver ce phénomène.
Malgré toute l’attention portée à la confection de l’andain, l’herbe coupée à l’autochargeuse est coupée en brins généralement plus longs que pour un ensilage d’herbe classique à l’ensileuse. Aujourd’hui, les autochargeuses peuvent être équipées de systèmes de coupes fines, mais rarement en-dessous de 30 mm. Plus le brin est long et plus le besoin en tassage du silo est important pour une bonne conservation. Cependant, avec un débit de chantier plus faible qu’avec une ensileuse, la personne dédiée au tassage dispose de plus de temps pour assurer l’opération dans de bonnes conditions. La longueur des brins plus importante serait par ailleurs un facteur de qualité pour la rumination des vaches laitières. Dans tous les cas, l’ensilage d’herbe peut mériter d’incorporer un conservateur, c’est pourquoi de nombreuses autochargeuses sont équipées d’un incorporateur dédié.

Légende photo : Les matériels les plus gros à trois essieux seront moins agiles pour viser de petites parcelles de zones bocagères, mais permettront d’optimiser le temps sur route. (Crédit : Pöttinger)
Lors du passage de l’autochargeuse, la vitesse de rotation du pick-up doit être ajustée pour éviter un effet de peignage préjudiciable à la bonne coupe des brins d’herbe.(Schuitemaker)
Capacité de la remorque
Le coût total d’un chantier à l’autochargeuse est jugé souvent proche de celui d’un chantier mené à l’ensileuse. Certaines études de coût pointent un léger avantage à l’autochargeuse tandis que d’autres au contraire soulignent des coûts légèrement moindres pour l’ensileuse. Le principal facteur d’écart est le temps passé sur route par l’autochargeuse et donc la distance du chantier. Le coût d’entretien de l’autochargeuse est semble-t-il assez faible pour une remorque autochargeuse. Les pièces d’usure sont principalement constituées des couteaux.
La capacité de la remorque est un critère important dans le choix du matériel, sachant que le temps passé sur route est l’une des principales composantes de la compétitivité du coût de chantier à l’autochargeuse. Différents gabarits d’autochargeuses sont proposés sur le marché. Des modèles à châssis légers sont privilégiés en achat propre par les agriculteurs pour des usages quotidiens comme l’affouragement en vert et les chantiers de foin (systèmes à peignes). Les ETA privilégieront généralement les modèles à rotors et à châssis plus lourds. Ces modèles existent en version deux essieux ou trois essieux. Les matériels les plus gros à trois essieux seront moins agiles pour viser de petites parcelles de zones bocagères, mais permettront d’optimiser le temps sur route avec une capacité de chargement supérieure. Il est possible de positionner des rehausses pour accroître la capacité de la remorque. Le système de compression du fourrage est un autre dispositif permettant d’accroître la capacité. De la configuration de l’autochargeuse, dépend aussi le choix du tracteur auquel elle sera attelée. Il faut prévoir le besoin de puissance de traction auquel s’additionnent des besoins de puissance pour animer les couteaux, ainsi que pour le système de compression du fourrage. La recherche de fortes capacités de remorque peut pénaliser les interventions en conditions humides et le respect des sols, à moins d’adopter des dispositifs de télégonflage ou de châssis télescopique.

Les remorques sont équipées de compresseurs à fourrages et de systèmes de déchargement qui sont des facteurs d’optimisation des chantiers. (Krone)
Après le préfanage, la mise en andain en vue d’une récolte à l’autochargeuse mérite d’être effectuée également avec soin, pour permettre une action efficace des couteaux de l’autochargeuse. (Alexis Dufumier)
Jouer sur la polyvalence
Une autochargeuse de grande capacité est un matériel coûteux qui mérite d’être amorti au maximum par les ETA. Comme son nom l’indique, l’autochargeuse peut servir de remorque lors des périodes d’ensilage de maïs notamment. Par ailleurs, elle permet de récolter de l’herbe préfanée pour un séchage en grange ou même du foin ou de la paille en vrac. La remorque autochargeuse peut également être mise à contribution pour la récolte de cultures intermédiaires telles que les Cives (cultures intermédiaires à vocations énergétique) pour les clients disposant d’un méthaniseur, ou des méteils immatures.
Viser le séchage en grange
Pour amortir une autochargeuse sur une période assez longue, les ETA ont aussi souvent intérêt de viser une clientèle disposant d’un séchoir en grange. En effet, cette typologie d’agriculteurs a besoin de pouvoir récolter l’herbe en vrac et l’autochargeuse est l’équipement obligatoire associé à ce type de gestion du fourrage. La technique permet de raccourcir les délais entre fauche et récolte pour préserver au maximum la qualité. Ce raccourcissement des délais est à prendre en compte dans la mise en œuvre de la prestation. La mise en place d’un chantier complet permettra à l’agriculteur de sécuriser sa qualité avec une organisation optimale par l’entreprise pour une qualité préservée. Les éleveurs qui réalisent le séchage en grange espèrent souvent pouvoir réaliser une coupe de plus par an et pouvoir intervenir ainsi dans des conditions parfois un peu plus humides. Pour répondre à cette demande, il est important que le matériel notamment de traction puisse intervenir dans ces conditions un peu moins optimales.
Auteur: Alexis Dufumier