En 2012, l’Argentine était la 26e économie mondiale par son PIB mais le 5e exportateur mondial de produits agroalimentaires. Les surfaces, la situation géographique et la maîtrise technique sont telles que l’Argentine pourrait nourrir 10 fois ses 41 millions d’habitants. Qui plus est, ses réserves foncières sont importantes.
L’autosuffisance alimentaire est un enjeu majeur pour bien des pays au monde et pas des moindres, notamment les plus peuplés tels que la Chine ou l’Inde. Ce n’est pas la préoccupation de l’Argentine. La population s’établit à 41 millions de personnes, progressant au rythme de 1 % par an depuis 10 ans, sur un territoire grand comme cinq fois la France, tant du point de vue de la superficie totale (2,8 millions de kilomètres carrés) que de la Surface agricole utile (180 millions d’hectares). Sa production agricole pourrait nourrir l’équivalent de 430 millions de personnes, soit dix fois sa population.
Les 180 millions d’hectares de terres agricoles se répartissent entre 145 millions d’hectares de surfaces en herbe et 35 millions ha de terres arables. Celles-ci sont occupées à plus de 90 % par quatre espèces, avec en tête le soja (20 millions d’hectares), devant le maïs (5 millions d’hectares), le blé (4,6 millions d’hectares) et le tournesol (1,8). Le soja est aussi à la base d’une puissante industrie de biocarburants, l’Argentine étant premier exportateur mondial de biodiesel (et le quatrième producteur).
La production de viande bovine est l’autre point fort du pays, qui se plaçait en 2011 au 5e rang mondial de la production (2,4 millions de tonnes équivalent carcasse) et au 4e de l’exportation. L’Argentine est aussi productrice et exportatrice de produits laitiers. Elle occupe de fortes positions en poires et en citrons. Elle est aussi le 5e producteur mondial de vins et assure son autoconsommation en légumes.
Résultat : la balance commerciale agroalimentaire affichait un bénéfice de 29,6 milliards d’euros en 2011 (11,8 milliards d’euros pour la France). L’Argentine exporte vers de nombreux pays à travers le monde. Parmi ses clients importants figurent la Chine, le Brésil et l’Union européenne, pour un cumul de 28 % de la valeur totale de ses exportations. En ce qui concerne les importations, l’Argentine achète principalement du cacao, de la viande et des fruits, quatre pays couvrant les deux tiers de ses besoins (Brésil, Chili, Equateur, Etats-Unis).
Le cône argentin s’étend sur 3800 kilomètres du Nord au Sud et sur 1400 kilomètres d’Ouest en Est dans la partie supérieure du cône, frontalière avec le Chili, la Bolivie, le Paraguay, le Brésil et l’Uruguay. Le tiers Nord du pays connaît un climat semis-tropical tandis que le tiers médian (Pampa) est caractérisé par un climat tempéré. Le Sud, avec la Patagonie et la Terre de Feu (Ushuaïa) s’enfonce dans la froidure australe. A l’Ouest, la cordillère des Andes et ses hautes altitudes (point culminant à 6962 m) marquent la frontière avec le Chili.
En dehors de cette barrière montagneuse, l’Argentine est un pays relativement plat se prêtant à l’agriculture et à la mécanisation. La Pampa, qui couvre 20 % du territoire et en limite de laquelle se situe Buenos-Aires à l’Est, est le cœur de l’Argentine fertile. Elle concentre une part importante des productions de grains et de viande. D’une superficie équivalente à la France, la Pampa bénéficie d’un climat tempéré, peu gélif et relativement arrosé. Sur la côte Est, Buenos-Aires reçoit environ 1000 mm d’eau par an, une pluviométrie qui baisse de 1 mm/km en direction de l’Ouest du pays.
L’Argentine dispose de réserves foncières importantes pour développer encore davantage son agriculture. Elle peut en effet rogner sur les pâturages en direction du Sud et sur la forêt en direction du Nord, mais non sans poser des questions de durabilité, liées au changement d’affectation des sols (déforestation, monoculture de soja). L’exploitation de nouvelles terres est une des motivations à la mise au point de blé Ogm résistant à la sécheresse et à la salinité, un blé Ogm que les argentins espèrent commercialiser d’ici à 2017, ce qui constituerait une première mondiale.
Adopté par le gouvernement en 2011, le Plan stratégique agroalimentaire et agroindustriel prévoit, d’ici à 2020, d’accroître de 50 % la production de grains, de lait et de viande porcine, de 40 % celle de viande bovine et de 142 % celle de vin. Le recensement de 2008 fait état de 276 581 exploitations agricoles. 48 % des agriculteurs ont moins de 44 %. 52 % ont une formation supérieure. L’expertise technique des agriculteurs argentins explique elle aussi la performance du secteur.
Dans leur grande majorité, les agriculteurs argentins s’embarrassent peu d’infrastructures, qu’il s’agisse des bâtiments d’élevage ou des bâtiments de stockage des grains.
« Le climat tempéré et le pâturage des bovins 12 mois sur 12 dispensent les éleveurs de tels investissements, déclare Daniel de Laguarigue, ingénieur agronome français, représentant de Florimond-Desprez en Argentine et président de Semameris, une Pme réalisation de la sélection de semences de maïs et de tournesol pour le marché argentin et de la production de semences d’avoine, de pois et tournesol à contre-saison. Quant aux céréaliers, ils stockent une partie des grains dans des silos-sacs en polyéthylène s’étirant sur 60 mètres de long et 3 de largeur en bord de champ. Ces immobilisations réduites à la partie congrue forcent la compétitivité. Elles procurent également une grande flexibilité aux producteurs, face aux aléas économiques et/ou politiques. Le contrôle opéré par le gouvernement sur les autorisations d’exportation et sur les taxes afférentes exige en effet de grandes facultés d’adaptation de la part des agriculteurs.«
L’irrigation est également très peu développée en Argentine. 90 % du maïs est cultivé en sec.
En savoir plus : https://wikiagri.fr/articles/argentine (retrouvez tous nos articles concernant l’Argentine sur ce lien).
Photo ci-dessous, le gaucho, la pampa et les bovins de race Aberdeen Angus.
Ci-dessous, le stockage des grains en silos-sacs limite les investissements dans les bâtiments : 400 $ pour 200 tonnes.
Ci-dessous : à l’écoute d’un producteur argentin, Daniel de Laguarigue (à droite) est un ingénieur français (Purpan) spécialisé dans le production de semences et un très bon connaisseur de l’agriculture argentine.
Il n'y a pas de commentaires pour le moment. Soyez le premier à participer !
Avec cet article, nous ouvrons une série de reportages en Argentine pour mieux comprendre comment les agriculteurs sont orientés vers la compétitivité. Chaque samedi, pendant six semaines, un article différent sur l’agriculture de ce pays.