Champ dans la steppe kazakhe (Clara – Stock- Adobe)
Durant l’actuelle campagne céréalière 2021-20211, près de 149 Mt d’orges seront produites dans le monde mais 153 Mt seraient consommées et 33,4 Mt de grains seront exportées. Aucun pays producteur n’est en mesure de compenser les faibles productions kazakhe et canadienne d’orges alors que la production mondiale de blé est elle-même déficitaire.
La campagne 2021-2022 s’ajoute aux quatre campagnes céréalières déficitaires en orges observées depuis 2016 : 149 millions de tonnes d’orges (Mt) seront produites dans le monde alors que 153 Mt seraient consommées, selon l’USDA, l’organisme étasunien de statistiques.
Aussi, la planète achèvera la campagne 2021-2022 avec des stocks de report (17 Mt) équivalents à 12 % de ses besoins.
Cette année, le Canada et le Kazakhstan, et dans une moindre mesure la Russie, faillent. La sécheresse a frappé ces pays exportateurs et non pas, comme l’an passé, l’Afrique du nord structurellement importatrice.
Le canada ne récolterait que 7,8 Mt d’orges et le Kazakhstan, 2,5Mt, soit 4Mt de moins que l’an passé. Les 4 Mt d’orges produites en moins au Canada et au Kazakhstan équivalent aux quantités d’orges qui manquent pour équilibrer la campagne mondiale d’orges.
La Russie engrangerait 18 Mt (-2,6 Mt sur un an) mais sa production s’inscrit dans la moyenne des cinq campagnes précédentes et surtout, elle sera en mesure d’exporter 5 Mt cette année.
A contrario, les Etats-Unis ne disposeront que de 2,3 Mt (-1,3 Mt) mais ils n’ont jamais fait partie des pays exportateurs d’orges majeurs de la planète. L’orge produite en moins sera compensée par la consommation d’autres céréales.
Aussi, la situation au Canada et au Kazakhstan raréfie les quantités d’orges disponibles à l’export au niveau mondial. Les deux pays ne vendraient que 2,8 Mt, soit 2 Mt de moins que l’an passé. Et ces prévisions sont probablement appelées à être revues dans les prochaines semaines.
Or le Canada inonde habituellement la planète d’orges (plus de 3 Mt exportées l’an passé) et le Kazakhstan approvisionne ses pays voisins frontaliers (Chine, Iran etc.) en leur vendant jusqu’à 1,7 Mt.
Pour parvenir néanmoins à exporter 33,5 Mt d’orges, les pays exportateurs majeurs de la planète n’ont pas d’autre choix que de puiser dans leurs stocks au cours des prochains mois.
En fait la production mondiale d’orges est déficitaire mais elle est mieux répartie entre les continents. Les pays nord africains entament encore la campagne déficitaire en orges mais dans moindres proportions que l’année passée en particulier.
« Le gouvernement du Maroc a publié ses chiffres définitifs de production de blé et d’orge pour la récolte 2021, dont 5,06 MMT de blé tendre, 2,48 MMT de blé dur et 2,78 MMT d’orge », souligne l’USDA dans une brève.
La production d’orge marocaine est ainsi supérieure de plus de 2 Mt. Le royaume chirifien n’achèterait ainsi que 300 000 t d’orges au cours de la campagne, soit près de 700 000 t de moins qu’en 2019-2020. L’Algérie et la Tunisie seront aussi moins présentes sur les marchés alors que les prix de la céréale battent des records.
Mais dans le reste du monde, la demande d’orges est inflexible : 33,5 Mt de grains seront importées, comme l’an passé à 500 000 tonnes prés.
La Chine pourrait importer 9,6 Mt et l’Arabie saoudite 7,5 Mt. Ces deux pays achèteront de nouveau plus de la moitié des quantités d’orges vendues dans le monde.
Par ailleurs, l’empire du milieu boycotte encore l’orge australienne ce qui réduit le nombre de pays auprès desquels il importera la céréale.
Cette année, le maïs sera la céréale « tampon ». Plusieurs millions de tonnes seront utilisées pour compenser une partie des quantités d’orges et de blé qui manquent. Sans cela, les déficits mondiaux de ces céréales estimés seraient d’ores et déjà bien supérieurs à leurs niveaux attendus.
Dans ce contexte, l’Union européenne n’aura aucune difficulté pour exporter 7,3 Mt d’orges vers les pays tiers. Cette prévision établie par l’USDA s’appuie sur une production européenne des vingt-sept pays membres de 54,6 Mt.
Près de la moitié de l’orge européenne exportée sera française (3,3 Mt). En ajoutant les 2,8 Mt qui seront expédiées au sein de l’Union européenne, notre pays vendrait plus de la moitié de sa production. A cela s’ajouterait l’équivalent d’1,4 Mt de malt.
Selon FranceAgriMer et le service de la statistique du ministère de l’agriculture, 11,7 Mt d’orges ont été récoltées en France, soit 500 000 t de plus qu’escompté en juillet dernier. Malgré la baisse des surfaces emblavée, la récolte est même meilleure qu’en 2020 car les rendements moyens (68 q/ha) sont supérieurs de 23 % à leur niveau de l’an passé.